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>le 1er mai 2005 à Paris

2 mai 2005, 11:49

Les manifestations parisiennes hier du 1er mai ont été fort décevantes, que ce soit par l’affluence, que par un certains nombrese de comportements devenus banals, mais qui n’en sont pas moins choquants.
Tout d’abord, j’ai démarré à 12 h avec le défilé des Libertaires (CNT, AL) partant de la place des fêtes pour rejoindre la place de la République. Faible affluence (300 à 400 personnes), aucune pêche pour entonner les slogans ou les chansons, une sono de merde hurlant à la punk des slogans inaudibles, des badauds, comme d’habitude nombreux sur le parcours (la rue de Belleville - faubourg du temple, ancienne "descente de la grande courtille, cette année déçus d’un spectacle un peu lamentable. Pour couronner le tout, pas moins de 8 policiers en civils des deux sexes (avec talkie-walkie, oreillettes et tout et tout), liitéralement "conduisant" le cortège, en toute décontraction, se mêlant allègrement au défilé, plaisantant avec les uns et les autres... cool quoi ! Je n’ignore pas que ce type de défilé fait l’objet d’une déclaration en préfecture, et que certes, des policiers sont présents, avec lesquels la personne représentant légal des organisateurs est bien obligé d’entretenir un minimum de dialogue et de contact... Mais là ce n’était plus un minimum, c’était des communications incessantes, les policiers paradant devant et dans le cortège, sans que personne ne soit venu les inviter à un plus de discrétion. Deux ou trois militant(e)s de la CNT, genre attaché de presse affairés parlaient "en professionnel", à ces "professionnels" auxquels ils obéïssaient en tout point sans jamais rien rechigner. M’enhardissant dans cette atmosphère d’"entente cordiale", je me risquai alors à engager plusieurs "brin de causette" avec ces fonctionnaires, et là pas problème : j’appris que certains d’entre eux "suivaient la CNT depuis des années", qu’ils les aimaient bien (les flics en direction de la CNT), parce qu’ils étaient sérieux, et quand il y avait des débordements, "ce n’était pas de leur faute" etc. On pouvait même blaguer : "rassurez-moi, vous n’êtes pas syndiqué à la section police de la CNT ?" demandai-je à une des policières, et la fliquette s’esclafant avec délice, il faisait beau, c’était vraiment très "funny".
Bref, si l’on a tout simlement en tête les récentes gardes à vue que ces mêmes braves fonctionnaires infligent avec le même "professionnalisme" à tout manifestant un peu récalcitrant, un peu de "distance" serait tout de même à recommander, ne serait-ce que pour sauver les apparences...

Arrivé à République, je quittai ces libertaires un peu trop bien encadrés par les flics en civil (pareil début boulevard Voltaire, où les "gros bras" du SO CNT venaient seulement d’arriver (préalablement les camarades étaient "protégés" on l’a vu), rebolote, discussion franche et chaleureuse entre les deux ou trois cheffaillons des "gros bras", et nos fonctionnaires en poste depuis la place des fêtes, mais aussi avec le Commissaire chargé de la sécurité de la voie publique à Paris (code radio TNZ1), haut fonctionnaire à la fois smart et sportif qui supervise les dispositifs de sécurité de toutes les grosses manifs à Paris. On prévoit tout, le temps qu’il faut patienter à piétiner sur la place avant de partir afin de laisser passer les cortèges CGT et syndicats officiels comme UNSA, SUD, FSU etc. ; et de bloquer tous ces infâmes marxistes léninistes kurdes, turcs, sri-lankais.. (qui, pour la petite histoire, réunissait presque les 9000 personnes qu’officiellement la Préfecture de Police à recenser hier , et représentait 10 fois le cortège "libertaire" à l’heure de sa plus grande affluence !" qui étaient condamner à fermer la marche et arriver en dernier, alors que c’étaient les rares cortèges qui comptaient de nombreux enfants ! En outre, ce sont les cortèges qui risqueraient le plus une provocation policière (une fois que tous les SO "blancs" ne sont déjà plus là). Mais bon le cortège "libertaire" respecta scrupuleusement les consignes briefées par M. le Commissaire et ses adjoints.
J’ai donc laissé là le "cortège tampon", pour remonter et trainer un peu dans les cortèges CGT, notamment ceux des UD 93 et 94. c’était comme d’hab’ : pas mal de vieux prolos retraités ou préretraités, des employés communaux en attente de "journées de récup", quelques "apparatchiks" (peu nombreux cette année, il devait sans doute y avoir bien d’autres urgentes obligations politiques en ce dimanche de premier mai ensoleillé), avec comme d’ah’ aussi les meilleurs sonos, avec quelques excellentes bande-son (classiques de la "Chorale ouvrière de Paris", du latino, "el passajo del Ebro" par les choeurs de l’armée rouge, quelques chants de la déportation (dont 1 en yiddish), Yves montand de la grande époque, et beaucoup moins de Ferrat qu’ordinairement), les meilleures buvettes ambulantes du paris manifestant (punch, mojito, whisky de marque, pastis en tout genre, bières et boissons non alcoolisée variées... le tout parfaitement frais et toujours à moins de 2 euros pour des rasades généreuses... bref on sait encore s’arsouiller sympa à la CGT, et c’est sans doute l’une de ses meilleures traditions). Par contre les autres cortèges syndicaux étaient sinistres : une FSU clairsemée (c’est les vacances) avec quelques lycéens franchement "petits bourgeois" qui s’emmerdaient fermes, les UNSA que l’on aurait pu confondre avec un pélerinage de pentecôte (petit sac à dos, bouteille d’eau et sandwich, le "bob" griffé UNSA pour éviter les coups de soleil, il ne leur manquait que le bâton de pélerin (mais c’est trop dangereux, cà pourrait être une "arme par destination" !), les "solidaires"-LCR/AL certes plus gueulards, mais désespérément peu nombreux.
Je remontai encore le cortège, et, devant le "carré des personnalités", ceinturé d’un SO tenant à la main (1 à l’intérieur 1 à l’extérieur) une corde blanche matérialisant ce fameux "carré magique", se tenait le cortège de tête celui "pour Florence et Hussein" : une centaine de personne avec des petites pancartes avec les visages des précités (essentiellement constituée de personnel de Libération m’a-t-on dit, journal qui de toute façon assurait la "logistique" de ce cortège. devant eux une dizaine de policiers en civil, dont le commissaire de la sécurité de la voie publique (qui en avait fini avec les libertaires) et certains de la manif CNT du midi. Arrivé à hauteur du métro Charonnes, le cortège "Florence et Hussein" s’est immobilisé au moins dix minutes, silencieux, comme semblant se recueillir. Et sur la partie sud ouest du boulevard Voltaire, presque à l’angle de la rue de Charonne, oh surprise, un groupe d’environ 25 personnes, avec beaucoup de jeunes gens parmi eux, diffusait sa littérature, en l’occurence celle du POE (parti ouvrier européen de Lyndon larouch et jacques Cheminade - officine mi-sectaire, mi-policière ) ; puis devant le cortège "Aubenas-Hannoun" se mit à entonner, dans une belle chorale a capella, l’hymne à la joie (devenu "hymne européen" comme chacun sait) mais avec des paroles "politiques" en français, au demeurant parfaitement incompréhensibles dans le brouhaha, et avec une sorte de ferveur et un accent fortement "anglo-saxon", évoquant par moment un chant évangéliste d’Amérique du nord !
Et les pro-Florence, en tête d’un cortège syndical de 1er mai, de ls écouter religieusement, puis de les applaudir ! Même les flics en semblaient médusés (Notre commissaire connaissait parfaitement la petite escouade, se moquant d’eux, allant même intimider deux adolescentes du groupe avec des ballons bleus et blancs, leur demandant si "jacques cheminade était là", "si leurs parents étaient là", sachant qu’elles étaient de jeunes mineurs etc. J’apostrophai des responsables du SO CGT présent , leur expliquant (sans doute à tort) que si ces zozos restaient longtemps, cela ne manquerait pas d’entrainer des incidents, et que d’autre part il était tout de même un peu scandaleux, que des anticommunistes aussi hystériques que le POE viennent faire de la provocation au métro Charonnes un jour de défilé de la CGT. Il faut nettement préciser que le cortège pour Florence et Hussein, peut-être à son insu, fût parfaitement complice du show du POE (malheureusement pour eux, il n’y avait aucune caméra de TV). Cependant, après le redémarrage du cortège Aubenas, le carré des personnalités s’immobilisa à au moins 100 m. du POE, et attendît que celui-ci se dispersa, pour enfin traverser le carrefour Charonnes (je n’ai pas vu le détail, mais je pense que le groupe POE a dû être gentiment mais fermement invité à le faire par les flics et par le SO CGT). Il n’en reste pas moins que ce petit incident est tout de même symptômatique de l’état d’esprit général du défilé.
Enfin arrivée à la place de la Nation. Le dispositf de police devait être levé à 18h30 (avec la circulation rétablie), ce fût fait et tout le monde obtempéra sans rechigner, à part quelques centaines de manifestants kurdes et Turcs, qui dansèrent sur le place, apportant quand même comme une touche de vie et d’énergie, dans ce défilé, qui fût rarement aussi "traine-savates" que cette édition 2005. Les 2 escadrons de gendarmerie mobile à l’affût partirent peu après direction république, en les suivant j’arrivai à la fameuse "mayday parade" (du point au clou de son spectacle, un happening s’étant déroulé à 17-18 h au sacré-coeur de Montmartre, afin d’amuser les touristes avec de pseudo provocations pseudo anticléricales - ces jeunes "artistes" "précaires" et subventionnés n’iront jamais jusqu’aux excès de Michel Mourre , Serge Berna et de quelques lettristes, allant interrompre la messe de pâques du 9 avril 1950 à Notre-Dame de Paris, en y alllant proclamer la mort de dieu... on a les situationnistes qu’on peut - ). Là c’est le bluff d’un concert gratuit (de qualité au demeurant) organisé par la Ville de Paris, abusivement présenté comme une "manifestation de chomeurs et de précaires en lutte" : certes on permet à des représentants des grévistes de la faim sans papiers du 9ème collectif de venir s’exprimer deux minutes ; les chanteurs lancent quelques vannes ("merci au medef et à la CFDT pour ce concert"), de jeunes mannequins (sans doute précaires et au chomage) portant des petites pancartes avec des slogans négristo-boutanguiens défilent 2 ou 3 minutes sur le podium, des duettistes guitaristes font reprendre en choeur au public la chanson de la publicité "belle des champs".... Mais la masse du public - petits bourgeois du secteur, en général assez jeunes + les éternels badauds de la place de la république un chaud soir de mai - n’en a strictement rien à foutre, et se réjouit du concert gratuit (un groupe dont je n’ai pas saisi le nom, entre 20h et 21 heures, étaient cependant vraiment excellent, de très bons professionnels, venus faire un très bon show). pendant ce temps, quelques bouffons de la "coordination des intermittents et précaires en lutte", quand ils ne sont pas affairés à faire fonctionner (mal) la buvette, distribuent des tracts que personne ne lit, ni même ne range dans sa poche (dès que le badaud s’est aperçu que ce n’était pas un "flyer" pour une "teuf"), tentative pathétique pour maintenir un semblant de "militantisme" dans une manifestation qui en était aux antipodes (dans le genre SOS racisme des années 80 savaient tout de même mieux faire). Alors que l’un des principaux "attraits" d’une manifestation syndicale ou politique est que le "manifestant" est à la fois acteur et spectateur de la manifestation, où les individus collectivement et individuellement "participent" et "agissent", "font" la manifestation (par leurs cris, leurs chants, leurs banderoles, leurs chars, leurs pancartes, drapeaux etc., ici le pseudo-manifestant est réduit au rôle de simple "spectateur", consommateur d’animations que des "professionnels" (précaires et intermittents bien sûr) lui "offrent" (avec le concours de la mairie de paris, de la drac, des fonds européens etc. c’est aussi pour cela que le titre est en anglais "may day parade"). Et les petits apparatchiks d’AC et CIP de feindre d’être les organisateurs d’une si pitoyable et si misérable "mobilisation" inexistante, affichant même la ridicule prétention à "réinventer" la manifestation (cf. blog samizdat, évidemment partenaire intéressé à cette pantalonnade).
Bref je suis rentré à pied vers ma banlieue, avant que le "vin ne devienne trop mauvais", et alors qu’il y a quelques chances, que la "boite à gifles" ait tout de même été sortie, à l’endroit des "petites têtes à claques" maquereaux politiques du balloche municipal.
Un manifestant du 1er mai parisien
NB Notons tout de même quelques présences plus réjouissantes : une très forte délégation de la communauté togolaise de Paris contre le putsch d’Eyadema junior, un cortège peu fourni mais extrêment digne et percutant du "collectif ne laissons pas faire" pour la libération des prisonniers politiques d’action directe "otages de l’Etat français depuis 6 666 jours, des cortèges de sans papiers toujours combattifs, et des "indigènes" internationaux en révolte, souriants et provocants.