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> La mesure la plus scélérate, le contrat de deux ans...

9 juin 2005, 17:12

Si on comprend bien, c’est comme un CDD de 2 ans, un hybride des contrats de chantier (BTP) ou de mission (travailleurs détachés) qui sont d’ailleurs en train d’être généralisés dans plusieurs secteurs professionnels. A titre exemple, le DRH de ST Microelectronics est très fier d’avoir présenté comme solution des contrats temporaires de longue durée, en alternative à un plan de suppression de postes...
C’est aussi une sorte de CDD qui ne bénéficierait pas de la prime de précarité (fin de contrat à durée déterminée).
Et, n’est-on pas en droit de se demander également si ette période d’essai exhorbitante, extravagante d’un soi-disant CDI ne remet pas en cause l’équilibre du contrat de travail car, la période d’essai n’est-elle pas considérée, dans l’état actuel du code du travail, comme une possibilité de se quitter sans conséquences conséquentes (je crois que le salarié retrouve ses droits à Assedic et l’employeur n’a pas d’indemnité à payer - de licenciement ou de précaruté) ? Si cette période s’allonge jusqu’à deux ans, à qui bénéficie-t-elle réllement ?
Sur le fond, je ne suis pas forcément contre une flexibilité des contrats de travail si le marché de l’offre et de la demande sont en accord. Je ne sais pas si c’est vrai encore aujourd’hui (je ne le pense pas), mais il y a une dizaine d’années, on pouvait vivre en étant intermittent ou intérimaires, dans les enquêtes d’opinion par exemple. Ce n’est pas très intéressant, mais il y avait toujours du boulot dont on pouvait vivre correctement.
Au contraire, si les seules solutions de travail proposées reviennent en fait à d’alterner les périodes de chômage et les contrats précaires selon le seul besoin de l’employeur, nous retombons dans les règles et une ambiance de travail dignes de celles du siècle passé...
Aujourd’hui, si c’est pour faire en permanence des politiques de rustine, qui coûtent cher à tout le monde, pourquoi ne pas engager un véritable débat public, de fond, destiné à coller à la fois à la réalité du marché du travail et à celle du travailleur ?
Gérard Filoche a raison lorsqu’il dit que le contrat de travail est de toute façon déséquilibré, dès le départ, entre l’employeur et l’employé, car il y a le pouvoir disciplnaire, de commandement, en faveur du premier, tout simplement... (voir conférences sonores sur bibliothèque sonore.org et sur Des sous et des hommes), et la politique gouvernentale annoncée par Villepin souligne encore plus ce déséquilibre.
Mais toutes ces politiques idiotes ont aussi un avantage, c’est qu’elles obligents à chercher d’autres pistes, chacun de nous étant libre d’établir son bonheur, du moins un minimum d’équilibre dans ses propres choix de vie : travail, argent, famille, amour, etc.
Face à l’absurdité, nous ne pouvons que trouver d’autres solutions, par nous-mêmes, en "hackant" le système lui-même, mais aussi en s’en détournant à sa manière, pour proposer autre chose.
La Mouche du Coche