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L’UNION FAIT-IL TOUJOURS LA FORCE ? A propos de l’union d’AL et de la CGA

30 juillet 2019, 15:45, par Vroum

Et pour finir le tract federal diffusé avant et pendant l élection présidentielle de 2002 :

Abstention révolutionnaire !
Tract de la campagne fédérale abstentionniste de la Fédération anarchiste pour l’élection présidentielle de 2002

Les abstentionnistes ont toujours été voués aux gémonies. Quand ils ne sont pas accusés de « faire le jeu de la droite », ils sont désignés comme les responsables des scores extrémistes.

Les abstentionnistes devraient faire l’objet de plus de considération de la part de nos politiciens. En effet, ils représentent une partie de la population autrement plus importante que celle de chaque courant politique participant à la mascarade. Les abstentionnistes ont toujours servi d’exutoire à la colère du « syndicat des perdants » en matière électorale.

Ce discours est aussi tenu par les partis de la gauche « plurielle » ou de l’extrême gauche d’une part parce qu’ils sont des défenseurs du système parlementariste et bourgeois, et d’autre part parce qu’ils n’ignorent pas qu’un courant du Mouvement ouvrier rejette l’électoralisme comme moyen de parvenir à une société de paix, libre, égalitaire et solidaire. Ce courant c’est l’anarchisme. Aussi, quand les politiciens fustigent les abstentionnistes , c’est surtout aux anarchistes qu’ils adressent leurs plus vifs reproches !

Quelques précisions...

Les abstentionnistes d’aujourd’hui peuvent être classés en trois catégories distinctes :

Ceux qui sont désignés sous le vocable de « pêcheurs à la ligne » par les politiciens et qui ne font aucune propagande pour l’abstention. De ce fait ils ne désirent entraîner personne derrière eux et ne se sentent pas concernés par la vie politique.

Ceux qui, déçus des partis de gauche depuis 1981, se sont éloignés soit définitivement, soit provisoirement des urnes. Cependant, ils n’ont pas pour autant repris à leur compte la dimension révolutionnaire du discours sur le refus de vote, sur l’abstention engagée et sur la nécessaire mobilisation dans les luttes.

Les anarchistes ont opté pour le choix de l’anti-électoralisme afin de ne pas tomber dans les rets du pouvoir. Ce choix, loin d’entretenir l’immobilisme, conduit celles et ceux qui refusent le vote comme instrument de transformation sociétaire à s’inscrire totalement au sein du Mouvement social pour changer la société actuelle.

Partout les hommes d’État, les hommes d’argent, les hommes de répression ont toujours assouvi leur soif de pouvoir sur les masses par le truchement des urnes. Ce moyen légal, contre- révolutionnaire, est défendu par l’ensemble des idéologies qui se réclament peu ou prou de l’Étatisme. Pourtant vous pouvez constater que les isoloirs n’ont accouché que d’illusions... Très souvent même le vote a légitimé les pires canailles : Pinochet le massacreur d’Allende, Mussolini et ses centuries fascistes, Hitler et son N.S.D.A.P., Pétain et ses pleins pouvoirs, le F.I.S. et son intégrisme... La liste est longue... Les élections n’ont jamais barré la route au fascisme. Pas plus, d’ailleurs, que la politique politicienne ne propose une alternative crédible et efficace à cette société de sinistrose, inégalitaire et anti-humaniste. En réalité, ce ne sont pas tant les idées de Le Pen qui interpellent les bonnes consciences de nos politiciens, mais plutôt les scores que les fascistes atteignent... Ces scores se sont toujours nourris des politiques suivies : le seuil de tolérance des socialistes, les odeurs à Chirac, les rodomontades à Pasqua, les circulaires à Chevènement, les reculades de la gauche, les coups de gueule de la droite... les affaires et les scandales financiers de tous bords !

Complètement discrédité, enfoncé dans des scandales, financiers ou autres, le personnel politique ne pense qu’à défendre ses intérêts particuliers, individuels ou de clan. La politique et l’électoralisme n’intègrent aucune dimension de morale. Et quand il est question de morale, il s’agit d’une morale de comportement... Une éthique des rapports individuels et collectifs, basée sur la Sincérité, la Justice, la Solidarité et l’Egalité : toutes choses qui s’écrivent avec une majuscule et que la classe politique ignore superbement.

L’abstentionnisme comme alternative...

C’est dans ce cadre que l’abstentionnisme prend une dimension alternative. Son corollaire, l’action directe donne des résultats plus probants que le « chèque en blanc » attribué aux politiciens... En opérant le choix politique de ne pas voter, les anarchistes mettent en évidence l’inutilité du « vote ». En effet, les anarchistes ne peuvent entretenir l’illusion des changements qui sont proposés pour plus tard... après... La misère et les inégalités, solidement installées dans notre pays, ne sont que la résultante de la passivité de larges couches de la population qui choisissent de voter plutôt que de lutter. Cette passivité est savamment entretenue par la classe politique, toutes tendances confondues, dont les intérêts se nourrissent de la démission électorale...

Pendant que certains votent...

Et pendant ce temps, Ernest-Antoine Seillière, le 15 janvier 2002 à Lyon, a fait entériner son programme très libéral par 2000 patrons officialisant ainsi l’entrée du patronat dans l’arène présidentielle. A un C.N.P.F. du compromis social a succédé un M.E.D.E.F. du combat politique. Quelques jours seulement après que Michelin ait annoncé la progression de ses bénéfices en même temps que 7000 suppressions d’emplois, la gauche plurielle, P.C.F. en tête, a rappelé Jospin à ses devoirs d’homme du "camp du progrès" et a exigé de lui que la loi donne un coup d’arrêt à ces « licenciements boursiers ». La politique, en l’occurrence la cohésion de la majorité gouvernementale, a vite repris le dessus et tout est rentré dans l’ordre... Les patrons ont pu poursuivre leurs mauvais coups en toute impunité. Jospin, dans le rôle dangereux du pompier chargé d’éteindre tous les incendies ? même quand ils éclataient dans le privé (Michelin, Danone, Moulinex) - a bradé l’héritage d’une gauche convertie a l’idée de compromis social. Au plan européen, la social-démocratie française et son homologue allemande ont, le 20 janvier 2002 à Berlin, mis la dernière main à un texte d’orientation commun intitulé : « Bâtir ensemble l’avenir de l’Union européenne ». Une récente réunion, à St Jacques de Compostelle, des ministres de l’Intérieur et de leurs homologues de la Justice des 15 de la C.E.E., a permis la mise en place du mandat d’arrêt européen... le ministre ibérique de la justice a déclaré : « Un pas important a été franchi vers l’Europe des libertés, de la sécurité et de la justice ». En fait il s’agit là de mesures communautaires tendant à réguler les flux migratoires, de blinder la porte sud de l’Europe. Une future police commune des frontières est envisagée à moyen terme.

En conclusion... Pendant que vous votez , ils profitent ! Pendant que les travailleurs et les exploités délaissent le terrain des luttes sociales pour devenir de dociles électeurs, les politiciens et leur alliés capitalistes préparent des lendemains qui déchantent... Les patrons s’emploient à faire progresser leurs marges bénéficiaires, au besoin en licenciant tous ceux qu’ils jugent "non rentables" et les édiles européens bâtissent des murailles pour protéger leurs prébendes... Loin de promouvoir la démocratie, la classe politique la réprime constamment. Les mobilisations contre la mondialisation, contre les politiques sécuritaires, contre les O.G.M., le nucléaire et les risques industriels, les luttes aux côtés des Sans Papiers se retrouvent le plus souvent en butte aux condamnations de l’injustice bourgeoise. L’illusion électorale retarde la prise de conscience qui ne peut naître que de la pratique de l’action revendicative et collective. Loin des urnes, c’est en agissant au sein des luttes sociales que nous favoriserons le développement d’une véritable démocratie.

Fédération anarchiste