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> Ciel d’orages à ATTAC

2 septembre 2005, 23:19

In « L Altermonde Diplomatique » - septembre 2005 -

« Août 2005 : Jacques martèle la démocratie à Poitiers »
par Calixte Europe.

Depuis que la contestation s’affirme et s’affiche à justes raisons de l’absence de démocratie à l’intérieur d’Attac National,( à ne pas confondre avec les Comités Locaux qui chacun forment une association de fait ou de type 1901 ligotée par une charte mise au point sous la surveillance tatillonne de l’inévitable Bernard Cassen ), Jacques Nikonoff le président encore en place ne parle plus de démocratie dans ses discours.

Le despotisme éclairé qui règne à Attac National fait de plus en plus mauvais genre, particulièrement lorsqu’on se targue de donner des leçons d’ « éducation populaire » et que l’on approuvait bruyamment la démocratie partout ailleurs « dans le monde » car on n’est pas altermondialiste pour rien.

Après bien des déclarations, après bien des écrits, après une action remarquable et remarquée contre le TCE, Attac , qui est toujours depuis sa création sous la houlette de son « Grand Démocrate Suprême » (1*), tenait son université d’été à Poitiers ces derniers jours d’août. Sa réputation justifiée d’association d’intellos et de bac+5 tendance Bobos n’ayant pas de problèmes de revenus(2*) fait dire aux militants d’origines plus modestes et plus engagés, que ses dirigeants sont plus « Altermondains » qu’Altermondialistes. Peut être est-ce là l’une des causes parmi d’autre du net tassement de la fréquentation de cette « université ».

A Poitiers cependant, la question que tout le monde s’est posée sans plus de discrétion est simple : va t’ « il » encore une fois réussir à imposer son choix au C.A. et conserver ainsi de fait la direction de l’association en faisant réélir Jacques Nikonoff, ou va t’il être écarté sans ménagement ?
Cette dernière hypothèse permettrait l’avénelment d’un nouveau et puissant souffle pour Attac, aujourd’hui impossible.

Les méthodes de direction contestables du tandem, parfaitement soutenu par une secrétaire générale entièrement dévouée à leur cause, sont probablement le fruit d’une déformation professionnelle. (3*) A l’origine sans doute également la culture de la génération à laquelle ils appartiennent qui n’a connu que ce type de management : quand on est président, on décide de tout. Sauf qu’Attac est tout, sauf une entreprise privée, et qu’elle se doit d’appliquer strictement le principe d’exemplarité pour pouvoir être crédible, et citée en exemple. Nous en sommes loin.

Des pratiques autoritaires et parfaitement décalées dans une association qui affiche, recommande et promeut la démocratie ont fini par lasser et faire naître une fronde devenue majoritaire qui fait maintenant rage parmi les membres du C.A . Cette majorité qui semble se dessiner pour qu’une véritable alternative soit possible au « choix du patron », s’est organisée solidement en prenant Cassen sur son propre terrain, l’utilisation des statuts. Comme la prochaine A.G. aura lieu cette fin d’année, et que le renouvellement n’a lieu que tous les trois ans ( ! le croiriez vous !?! ) les manœuvres vont bon train.

Ouvrons ici une parenthèse sur les statuts d’Attac.
Concoctés avec minutie pour éviter toute récupération de l’association lors de sa création, ses statuts léonins ne permettent pas aux adhérents de faire valoir leur point de vue ! Doublement verrouillés de l’intérieur, ils permettent à ceux qui sont obligatoirement membres du C.A. en tant que membres fondateurs d’être élus quelles que soient les circonstances et de conserver une majorité permanente à la direction de l’association. Le centralisme démocratique est battu à plates coutures en terme d’efficacité par ce système incroyable. Jusque là , Cassen avait toujours réussi à imposer « son consensus » faisant désigner par les membres « permanents » le futur élu de son choix à la tête de l’association. Sur ce sujet qui détermine ni plus ni moins que l’ orientation de l’association la coupe a fini de se remplir et il semble bien que l’ère Cassen touche à sa fin : « Enfin » disent certains de plus en plus nombreux devant les promesses toujours renouvelées d’ « améliorations de la démocratie » et du fonctionnement de l’association qui ne viennent jamais.
Cette année par exemple , la « nouvelle dynamique pour Attac » lancée à son de trompe en 2004 et destinée à montrer aux adhérents qu’ils avaient bien été entendus a été enterrée sans bruit sur un constat d’échec par la commission qui s’en occupait, pendant que l’Europe mobilisait à grands cris…

Ce style de direction si particulier qu’il fait aujourd’hui d’Attac le meilleur contrexemple de ses plus belles déclarations est aujourd’hui fort justement remis en cause.
Les statuts sur lesquels l’équipe en place s’est arqueboutée sous tous les prétextes, y compris les plus fallacieux, semblent maintenant « faire l’unanimité quant à leur nécessaire révision »( selon Bernard Cassen lui même ! ), tant ils sont indéfendables d’un simple point de vue moral !
Une démonstration de ce qu’ils permettent a été faite de manière ostentatoire le jour de l’ouverture de l’université d’été à Poitiers où certains adhérents n’en ont pas cru leurs oreilles en entendant dès l’ouverture ces propos de leur président :
« Concernant un article paru ce matin dans la presse sur la probable candidature de Bové en 2007, je tiens à dire qu’Attac ne présentera et ne soutiendra aucun candidat. »
Imaginez comme les adhérents qui sortent d’une campagne victorieuse qu’ils ont décidé à une très vaste majorité ( TCE) peuvent être ravis d’apprendre ce qu’ils devront dire ou faire dans deux ans. Des décisions qui leur appartiennent et qui ne peuvent être déterminées que par leur consultation, comme l’a été la position d’Attac sur le TCE, sont tranchées pour eux par leur direction actuelle ! Non seulement cette dernière fait des déclarations de son propre chef, l’expression est ici particulièrement adaptée, mais c’est à la veille d’être évincée qu’elle cherche à imposer à ses adhérents des décisions qui n’appartiennent qu’à eux et qui seront prises le temps venu et si eux-mêmes décident de se poser la question !
Y aurait il pu y avoir plus lumineuse démonstration de ce qui est reproché à l’actuelle direction : - penser et décider pour ses adhérents au lieu d’appliquer leurs orientations une fois celles ci recueillies. Ce dernier mode de fonctionnement n’est il pas le b.a. ba d’un autre monde possible, mettant ainsi les « lois » à l’abri des « décideurs » de tous poils en leur offrant l’asile de l’aval de tous ?
Tous les systèmes de direction que nous connaissons aujourd’hui fonctionnent sur cet état pervers et sans cesse perverti par celui qui en est investi : la délégation de pouvoir. A Attac qui devrait être l’exemple parmi les exemples, de tels abus sont encore plus criants, et la colère de la honte monte, monte, monte.

La situation pour le prochain renouvellement des sièges est donc inédite, et si « Jacques martèle la démocratie à Poitiers », c’est en interne mais plus dans ses discours, car il est devenu trop facile de rappeler qu’il serait souhaitable de commencer par s’appliquer les grands principes qu’on défend si brillament.

L’équipe qui se présente en face est allée solliciter Jacques Cossart , l’actuel président du Conseil Scientifique d’Attac et ancien très proche et protégé de Cassen. Celui-ci dans sa déclaration n’a cependant pris aucun engagement quand à la modification de ces statuts despotiques et devenus absurdes, et il est possible que certains membres fondateurs, syndicats ou personnes morales alliés pour l’occasion contre l’équipe sortante souhaitent simplement devenir calife à la place du calife. Les adhérents se retrouveraient alors à nouveau spoliés de leurs droits et rien ne changerait vraiment dans le fonctionnement dycotomique d’Attac : une association nationale au C.A. totalement indépendant pour ses décisions, et des Comités Locaux tout aussi indépendants, mais privés de tout contrôle de leur structure nationale. La tête et les jambes version schizophrène en quelque sorte.

Devant cette menace de maintien potentiel d’habitudes aussi délétères, des adhérents et certains Comités Locaux commencent à se lever pour demander les « Etats Généraux des Comités Locaux » avec l’idée fondée que c’est bien à eux qu’appartient légitimement le pouvoir de direction de leur association et qu’il doit leur revenir collectivement. Une pétition circulerait déjà parmi les adhérents pour demander ces Etats Généraux dès septembre et entièrement pris en charge par le budget de l’association. Pire, pour la direction en place, ils demandent également une « assemblée constituante » pour mettre en place les nouveaux statuts de l’association ! Imaginez la tête de ces dirigeants pour lesquels un tel scénario, qui verrait la base édicter les statuts de l’association serait catastrophique. Dans ce cas il n’y aurait plus de place alors pour les « décideurs » qu’ils sont et qu’ils estiment in-dis-pen-sâââbles.

Le « club des fondateurs » d’Attac se réunit dans quelques jours.
Il va y avoir du sport et des tractations, car la détermination de l’équipe en place à conserver ses prérogatives coute que coute est totale. La fin d’année pour l’association nationale va être plus animée encore que pendant la campagne du TCE où ce sont il est vrai davantage les Comités Locaux qui se sont dépensés sans compter et ont emporté une belle victoire qui n’appartient qu’à eux et à leurs militants.
La suite dans quelques jours.
Calixte EUROPE

(1*) : surnom donné à Bernard Cassen par un adhérent début 2005 et qui a fait florès tellement il colle à son attitude de « directeur général ».

2*) : à l’association Attac National. La composition du bureau et du Conseil Scientifique illustre parfaitement cet état de fait.

(3*) :Bernard Cassen est Directeur Général du Monde Diplomatique, Directeur de Politis, mais il est également Professeur émérite à Paris VIII et perçoit des droits d’auteurs pour les livres qu’il a commis. Leur style en est disons, universitaire.

Jacques Nikonoff est administrateur civil de la caisse des dépôts et consignations et bénéficie à ce titre de revenus très confortables. Il est d’ailleurs d’une discrétion de violette sur ce sujet et se défile habilement lorsque cette question génante fini par lui être posée sur le sujet comme dernièrement sur une radio d’audience nationale. Son parcours exceptionnel reste cependant un exemple, car il fut réellement ouvrier au début de sa carrière et a intégré l’ENA à 32 ans.