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13 personnes expulsées d’un foyer Sonacotra pour "voies de fait"

26 septembre 2005, 05:17

(Azimut brutal et AFP 23/09/2005 - 17h08 via infos locales idf yahoo, voilà, wanadoo etc. qui ont fait paraïtre la brève de l’AFP)

La préfecture de Seine-Saint-Denis a annoncé vendredi 23 septembre 2005 dans un communiqué que treize personnes « reconnues coupables de voies de fait à l’encontre du personnel de la Sonacotra » avaient été expulsées d’un foyer de Saint-Denis le jour-même à la demande de l’entreprise gestionnaire, la Sonacotra de trsite réputation.

Ces expulsions du foyer Bachir Souni aurait-été réalisées en « application des 13 arrêts de la Cour d’appel de Paris prononçant l’expulsion des 13 résidents en date du 3 novembre 2004 », précise le communiqué.

« Ces personnes avaient été reconnues coupables de voies de fait à l’encontre du personnel de la Sonacotra et de troubles à l’ordre public, commis à plusieurs reprises en 2003 et 2004, alors qu’elles contestaient le comité de résidents en place et empêchaient physiquement le personnel local de pénétrer dans les lieux », poursuit la préfecture.

Le foyer Bachir Souni, a été inauguré il y a juste deux ans, en septembre 2003 et est conçu pour accueillir un peu plus de 300 personnes, ce qui ne correspond guère aux nouveaux critères que la Sonacotra se targue de mettre en pratique dans es « résidences sociales ».

Selon un porte-parole de la Sonacotra, les personnes expulsées avaient le tort de faire partie d’un comité de résidents « autoproclamé » qui n’aurait pas accepté le comité élu de manière régulière et l’aurait fait savoir, en s’en prenant physiquement à des collaborateurs de la Sonacotra.

Ce comité de résidents explusé n’est pas reconnu comme interlocuteur légitime par la Sonacotra. Il avait été élu à l’occasion d’un « vote informel organisé par les résidents eux-mêmes », selon une responsable associative qui, courageusement, n’a pas voulu être citée.

Mamady Dramé, président de ce comité officieux, a déclaré à l’AFP que les résidents étaient entrés en conflit avec la Sonacotra car elle « voulait imposer des règles de vie inhumaines : les résidents ne devaient plus recevoir personne, ne pouvaient pas partir plus de quelques semaines, ne pouvaient pas recevoir leurs propres fils sans remettre ses papiers à la direction ».

Il a affirmé que les 13 personnes expulsées bénéficiaient du soutien unanime des résidents qui souhaitent leur réintégration « immédiate ».

L’union locale CGT et les associations ont condamné l’expulsion dans un communiqué. Le texte souligne que le tribunal de Bobigny n’avait pas reconnu les « voies de fait » !

Mamady Dramé et Jean Bellanger, membre de l’UL CGT, devaient rencontrer en fin d’après-midi le maire de Saint-Denis Didier Paillard.

M. Bellanger avait prévu de participer à une conférence de presse au foyer à 18h00 le soir-même.

Et nous n’en savons pas plus. Décidément cette société obéit toujours aussi bien à la voix de son maître, même si officiellement, elle n’est plus depuis la signature d’un nouveau contrat d’objectif pour 2005-2010 sous la tutelle du ministère de l’intérieur.

Mais si ce sont Borloo et deux sous-ministre à l’exclusion qui ont paraphé le document, c’est Sarko qui a annoncé qu’il allait la charger de construire des logements d’urgences pour les expulsés « réguliers », c’est-à-dire dûment le tri fait entre le bon immigré et le mauvais sans-papier. 5000 logement en six mois sur des terrains dont personne ne veut, pendant que l’état brade à côté ses immeubles administratifs, expulse au bénéfice des marchands de bien etc. etc.

Dans le nouveau contrat d’objectif qu’elle a signé avec l’état la Sonacotra se voit renouveler sa mission de premier opérateur, bailleur et propriétaire, du logement « très » social en France : hébergement en chambres individuelles ou collectives dans ces nombreux et anciens foyers de travailleurs migrants our les africains et les RMIstes et autres précaires, « résidences sociales » pour les plus chanceux, vieux foyers transformés ou renommés, ou nouvelles structures contruites de novo, rachat et « réhabilitation » des foyers africains des autres opérateurs associatifs en faillite - Soundiata - quand les siens tombent en ruine, aménagement de centres d’accueils d’urgence destiné à être gérés par Emmaüs - l’abbé Pierre se produit à l’occasion avec Michel Pélissier, PDG-préfet de la Sonacotra, pour divers conférence sur la misère du temps et les efforts qu’ils font de concert pour la soulager - ou d’autres grosses institutions rentière de la misère, campements pour « gens du travail » etc. etc.

Des prisons ? Non pas encore, sinon elle pourrait reloger directement ses expulsés (et cela ferait du travail pour Bouygues qui bien entendu est mêlé à l’affaire).

Back to the seventies ? Quand les comités des travailleurs des foyers, appuyés par des étudiants africains, des maoïstes et une poignée d’autonomes ont lutté pendant cinq ans pour un peu de dignité et de liberté face à une direction et un encadrement coloniaux (anciens de l’armée et de l’OAS en particulier) et l’état giscardien.

Une liberté aujourd’hui encore bafouées. La CGT est du bon côté cette fois-ci, mais qu’attendre comme mobillisation alors qu’il est de plus en plus fait appel à cette société (quand les plus socialistes veulent nous reconstruire de nouvelles « villes nouvelles », de nouvelles cités) pour pallier à unecrise du logement dans la région parisienne entretenu par une spéculation protégée ?

A Paris nous sommes toujours sans nouvelles des assignés de la Fontaîne au roi. Doit-on croire que la Sonacotra hésite plus à se livrer à ce genre d’opération parce qu’elles sont plus visibles dans la capitale qu’en banlieue ?

Le Nautilus 20, bibliothèque associative du foyer Annam expulsée, elle, le 4 janvier des locaux qu’elle occupaient depuis deux ans d’exercice quasi-bénévole avec des résidents et sans que lui soit permis de récupérer ses livres et autres affaires a pu, à l’issue d’une sommation par huissier diligenté par le service contentieux de la Sonacotra, retrouver un accès libre à la salle, mais quinze jours après cette événements surprenants (la Sonacotra s’est un peu embrouillée dirait-on ?) reste sans nouvelle de la Sonacotra sur ses intentions (ce qui est inquiétant). Mardi soir s’y déroulera une réunion à partir de 19h sur l’avenir de cet équipement et celui de la liberté de réunion et d’association dans les foyers et autres résidences de fortune.

Renseignements : http://perso.wanadoo.fr/pannam/lenautilus20.html

AZB