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> Accès de corporatisme supranational au Parlement européen

27 janvier 2006, 11:24

Thibaud,

Il peut très bien exister une constitution s’adressant à plusieurs peuples. Bien des états dans le monde sont confrontés à des constitutions s’adressant à la multiplicité des peuples qui les composent.

Egalement, bien que nous disposons d’une constitution nationale, les traités, et l’application de ceux-ci depuis une vingtaine d’année à l’échelle de l’Union Européenne, ont introduit toute une série de règles communes qui enlevent des élements essentiels de souveraineté des états qui composait l’Europe.
La question du TCE doit s’apprécier dans ce cadre, et l’enlevement des attributs ordinaires de souveraineté nationale depuis une vingtaine d’années a participé d’un mouvement qui précede le texte incriminé.
Le TCE en celà est un essai d’homogénéisation des règles préalables construites par traités, et effectivement (mais nous le savions depuis longtemps malgrés les mensonges réitérés de nos ouistrillons locaux, du PS ou de l’UMP) une tentative d’établissement d’une constitution.

Depuis longtemps, le fonctionement de l’Union Européenn par traités cache une hypocrisie profonde qui cherche à camoufler et dissimuler qu’on n’a plus affaire à des traités mais à des règles de fonctionements d’un espace européen qui engagent l’essentiel de la vie des citoyens. L’extraction du champ démocratique (du moins l’indirection décisive de l’expression démocratique sur ces lois de fonctionement européennes est un affront au principe démocratique) de ces règles a fait stupeur dans les populations, quand, celles-ci compilées en un seul bréviaire ont été proposées aux populations.

Nous savons maintenant que des règles de débat équitables et respectueuses des règles de la démocratie dans l’esprit et le concret, et des referendums dans tous les états européens, auraient conduits le TCE à être balayé d’Europe. A part le Luxembourg, même un état comme l’Espagne n’aurait pas voté pour en découvrant qu’on lui avait caché une partie décisive du texte (vous signez en bas de la feuille, et je ne vous montre pas les chapitres qui precedent...)..

Et effectivement, tant dans l’absence de respect de la démocratie comme dans le soutien à un texte qui injurie les grands principes de fonctionements démocratiques construits sur deux cent ans de batailles, le PS, l’UMP et l’UDF sont totalement disqualifiés et il faut rappeler sans cesse dans quoi ils ont trempé, ce qu’ils ont defendu et ce qu’ils continuent de faire.

Les règles de fond du TCE, inclues dans les traités européens précedents, continuent de se mettre en oeuvre avec les ravages que l’on sait dans les populations européennes. D’autres buldozers anti-sociaux, anti-democratiques et destructeurs, sont mis en ligne en permanence à l’échelon européen. Quand le TCE ne passe pas, on le tire enarrière et on le vends à la découpe, par appartements, montrant en celà que l’injure à la démocratie est chevillée au corps de ceux qui dirigent l’UE.
Des essais de remises en selle de la circulaire Bolkenstein, à la soumission à des interets externes à l’UE , anti-européens, sur les brevets, des batailles sur l’OMC où l’UE se retrouve supporter + déterminé de la loi de la jungle obligatoire (qui interdit que les états ou groupes d’états se definissent des règles protectrices de leurs populations) que les autres, etc.

Les partis donc qui soutiennent ouvertement en Europe cette orientation doivent donc être montrés du doigt tant qu’ils n’auront pas rompus clairement avec leur orientation anti-democratique et anti-sociale.

Et je partage donc avec Thibaud, la necessité de mettre à l’indexe, dans les échéances à venir les partis ayant soutenu le TCE et mis en oeuvre les principes sous-tendants celui-ci (traités , etc) jusqu’à ce qu’ils reviennent là dessus, reviennent sur leur tentation anti-democratique.

Un Sarkozy, par exemple, ne peut pas, ne doit pas être élu.

Pour autant, nous ne pouvons pas nous cacher les choses sur la question européenne. Et la réponse démocratique necessaire ne peut s’abstraire de la question de savoir si nous voulons un état européen ou revenir aux états constitutifs de l’UE.
Ce sont deux orientations profondement differentes extremement lourdes de consequence sur l’avenir.
Revenir aux états précedents c’est revenir sur une monaie commune, revenir sur la circulation des personnes en Europe, revenir sur une confrontation et un mélange de plus en plus importants des peuples européens, revenir sur l’integration economique. Pas d’état sans monaie. La plupart des états dans le monde qui ont abandonné leur monaie ont en même temps abandonné leur souveraineté, allant au devant de terribles soubresauts economiques et sociaux.
Revenir donc aux états d’origine c’est immediatement revenir sur l’Euro et le principe d’une BCE.

Par contre , l’autre logique d’opposition au TCE qui désire garder le principe d’une Union Européenne comme état federal (ou une Union de républiques) doit logiquement déterminer une constitution, des règles communes, des lois communes , conserver une monaire commune....

Et donc préciser les articulations démocratiques, les avancées nécessaires de transparence et de contrôles des populations sur les orientations et les lois, les fonctionements concrets appliquanr cette souveraineté.

C’est également proposer des règles fiscales homogènes ne concourant pas au dumping fiscal, des protections sociales ne concourant pas au dumping social, des outils remettant sous contrôle démocratique l’économie (services publics quand celà est necessaire, choix de favoriser tel ou tel secteur économique, etc)...

Il n’est pas possible donc d’être federaliste sans demander un SMIG européen aligné sur le plus haut des états (sinon cet état verra ses smicards avoir une chûte de leurs revenus, en l’occurence les Luxembourgeois), par exemple. Il n’est pas possible de ne pas avoir une fiscalité qui ne soit pas européenne quand les frontières sont ouvertes comme actuellement. L’exemple de l’Irlande pompant artificiellement des capitaux européens par sa faible fiscalité (de l’argent gagné et produit ailleurs, transféré en Irlande grace à la libre circulation de l’argent, avant d’être exfiltré vers un autre continent....) est édifiant et conduit à une Europe champ de bataille où les régions européennes jouent à s’appauvrir les unes les autres pour dépecer les voisines.
Le naufrage du Portugal à ce petit jeu (pour lequel nos ultra-liberaux sont d’une discretion de violette) montre un bon éleve de l’état light mener sa population dans la catastrophe.

L’interet public se met alors au service de l’interet des grands groupes financiers et industriels, la démocratie ploie les genoux, se soumet à des organisations privées planifiées et ne fonctionant pas sur des principes démocratiques . Opposer autre chose à celà, le fond est là, le choix est là.

Il n’y a pas donc d’Europe possible qui ne se fasse sans une avancée démocratique et sociale soumettant l’économie à son empire. Non pour brider les initiatives des uns et des autres pour créer des richesses nouvelles (sociales, environementales, morales, culturelles, matérielles, financières, etc) mais justement pour defendre celles-ci des groupes financiers géants anti-democratiques les bridant.
Le danger vient de ces grands groupes qui se sont abstraits du territoire et ne sentent plus de responsabilités envers celui-ci (qui les a nourrit, fait naître et enrichi) et non d’un risque bureaucratique d’état exclusif.

Le dernier choix que je fais, plutôt que de revenir aux états constitutifs, c’est d’aller de l’avant.
Le corollaire donc à ce choix c’est de batailler pour que les grands principes politiques défendus puissent l’être en Pologne comme France, en Espagne comme à Chypre, en Turquie comme en Roumanie, en Grande-Bretagne comme en Finlande, en Russie comme en Belgique, au Danmark comme en Grèce, de l’Algérie à l’Islande, du Maroc à la Litianie (à dessein je ne respecte pas les frontières diviseuses mises en avant par nos anti-democrates et xenophobes).

Mon attention sur les batailles politiques à venir, qu’elles soient électorales ou autres, se portera donc avec cette dimension européanéiste, afin de trier les mouvements et partis.

Copas