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> Accès de corporatisme supranational au Parlement européen

31 janvier 2006, 23:18

En réponse (trop rapide) au premier texte de Copas, je crois qu’une priorité, pour les majoritaires du 29 mai (et la remarque vaut également pour moi), c’est de ne pas se laisser piéger par le faux débat sur lequel on voudrait les voir se diviser, entre fédéralisme et souverainisme : nous sommes tous fédéralistes, si c’est pour une Europe fondée sur le principe dynamique d’un maximum d’égalité, non pas simplement des sexes, ni devant la loi, ni des chances, mais des libertés, donc des conditions, et souverainistes nous le sommes tous également, si ce que fédère l’Europe, ce sont effectivement des Etats dont la légitimité se tire de leur souveraineté nationale (art. 3 de la Déclaration de 89, en préambule de notre Constitution) et cela dans le respect du droit, au sens où le reconnaît une République.
Ces deux garde-fou nous sont indissociablement nécessaires et ils sont très heureusement complémentaires, sans préjudice d’une évolution, sur le long terme, vers un possible peuple européen : le souverainisme, en ce qu’il nous retient de lâcher la proie pour l’ombre, en comptant éventuellement sur le jour où il n’y aura plus que des inconsistances à unir pour nous contraindre à l’Union dans l’inconsistance, et le fédéralisme, pour ne cesser, nous particulièrement, de là où nous sommes, en France, de défendre et de dynamiser une Europe républicaine et (c’est-à-dire) sociale.
Et non seulement de là où nous sommes : aussi et surtout, et d’abord, là où nous sommes –d’où la nécessité, en retour, de continuer de veiller à ce qu’il nous faut garder, pour cela, de souveraineté : la même qui, de fait et de droit, nous a seule permis de frapper de péremption l’ex-projet de TCE. Une souveraineté dont il est moins question que jamais de concéder aujourd’hui la plus ou moins hypocrite ou désormais cynique remise en cause au nom de traités antérieurs dont nous venons justement de refuser de constitutionnaliser ce qu’on persiste à nous présenter comme l’inéludable, et surtout définitive, synthèse.
Pour ce qui est des possibilités de modification du projet de constitution ouvertes par la caducité du TCE, je ne peux que recommander la lecture du limpide opuscule (75 pages) de Jacques Généreux (rédigé dès avant le vote hollandais) : Sens et conséquences du non Français (au Seuil). Voilà un vrai socialiste qui s’inscrit dans la perspective du fédéralisme et dont le réalisme économique et politique ne contredit en rien la fidélité à ses principes.