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11 mars 2006, 15:55

Le basculement du monde

Par Jean Zin, samedi 11 mars 2006 à 10:16 : : Politique : : 4 lectures

Il serait bien étonnant que le gouvernement ne mette pas un terme à la mobilisation étudiante en retirant le CPE. Même dans ce cas, l’essentiel semble acquis : le retour des mobilisations sociales et la reconstitution de nos solidarités. Fini le temps des défaites, la honte a changé de camp. Un nouveau cycle de luttes est enclenché et il n’y aura pas avant longtemps des circonstances aussi favorables sans doute.

Bien sûr tout pourrait retomber avec un retrait qui s’impose avec évidence. On constate malgré tout que, dans les grandes crises, les pouvoirs s’obstinent souvent à envenimer les choses (les dieux aveuglent ceux qu’ils veulent perdre), ce qui n’est la plupart du temps que le symptôme d’une perte de légitimité de leur autorité. Pour l’instant le gouvernement semble avoir tout fait pour provoquer l’explosion et, s’il ne recule pas, ce sera le signe que les temps sont vraiment mûrs pour une révolution !

Je n’en suis pas du tout sûr encore et le côté répétition de Mai 68 est certainement un obstacle pour résoudre les contradictions du moment, quoiqu’il soit indispensable de retrouver une tradition révolutionnaire. L’essentiel pourtant c’est d’avoir retrouvé l’esprit de résistance, le besoin de se mobiliser pour reconstituer une solidarité sociale perdue et combattre la déshumanisation. Les valeurs s’inversent et les profiteurs seront facilement isolés.

En tout cas la mobilisation étudiante est déjà exemplaire dans sa détermination et ce qui serait décisif c’est que les salariés profitent de ce rapport de force favorable pour s’y engager. C’est le moment ou jamais d’appeler à une mobilisation générale.

Rien de mieux sans doute que des occupations, encore faudrait-il qu’elles ne soient pas trop dispersées pour pouvoir y concentrer des forces assez nombreuses et libérer l’expression en liaison avec une coordination nationale. C’est d’autant moins gagné que la situation internationale peut s’en mêler à court terme, mais c’est déjà un beau début de printemps où la vie reprend soudain ses droits, comme si on pouvait de nouveau être fier d’être un homme et d’être bien vivant. Fini de se laisser faire !