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> Mais la révolte n’est pas précaire : Vous qui dites "jeunes bourgeois" vous n’avez vraiment rien compris

10 avril 2006, 10:42

Nous vivons en effet dans un monde virtuel, je suis pour ma part un facteur, nouveau prolétaire travaillant à la chaîne, dans le cadre de (je cite la Direction de la Poste) "l’industrialisation de la distribution postale." Je ne produis que du service (bien immatériel) , mon travail est du travail à la chaîne : mettre le plus possible de plis dans chaque boîte à lettre ( le couple boîte-lettres représentant le produit fini) Le tapis de la chaîne est la tournée du facteur animé par le moteur du véhicule que je dirige tout en effectuant ma "production". Je suis cependant de plus en plus rentable et exploité, comme l’OS.malgré l’image d’Épinal qui nous colle à la peau, donnant l’impression de stabilité rassurante pour les uns et nostalgique (on dit aussi "ressourçante") pour les autres. Je suis" l’image de marque" trompeuse d’une société en voie de privatisation.
Le concept de classe moyenne renferme plusieurs réalités, qui incluent les professions libérales de même que la paysannerie. Quand j’étais étudiant révolutionnaire pauvre, nous disions que nous ne voulions pas intégrer le monde des cadres (éducation, administration...), auquel nous nous croyions destinés : c’est à dire l’accession au niveau des classes moyennes vivant confortablement, par définition "au service du Capital".
Cette illusion de choix de carrière, dans le cadre de la continuité (la"reproduction de classe", elle, est de tout temps réservée aux détenteurs du Capital ) et de la promotion sociale se poursuit encore aujourd’hui, mais a marqué un coup de frein et connu des courts sursis dans les années 80 ;cette illusion collective a commencé sérieusement à se dissiper, du fait de la crise du capitalisme et l’évolution financiarisée du Libéralisme. La lutte du CPE produit de la lucidité : ce régime économique et politique ne peut plus (les niveaux de rentabilité du Capital ont explosé, rognant de surcroit le niveau de vie et les salaires) et ne veut plus "recycler la masse des jeunes scolarisés dans la société telle que l’ont rêvée leurs parents.
Ce réveil progressif, permet à nouveau de différencier deux jeunes en jeans qui n’auront pas le même destin et libérer l’imagination afin de construire une société ouverte à tous.
Classe moyenne n’est pas une insulte, c’est le rêve de toute social-démocratie, son élargissement est pour celle-ci dépendante des bonnes dispositions du Capital.
Classe moyenne est un concept qui a permis de contenir à peu de frais, l’effet des délocalisations massives, les expérimentations ruineuses pour la société tels que les cadeaux monumentaux au patronat et à la finance, les privatisations, les statistiques du chômage, bref, la destruction progressive et consensuelle du progrès et des acquis sociaux.
Classe moyenne est aussi un rideau de théatre enfin à moitié déchiré, qui perd chaque jour un lambeau de plus, ce qui met aini à nu "la monstrueuse chaîne où tout s’enchaîne..." (J. Prévert) celle du profit et de la guerre de tous contre tous. Voilà ce que l’article d’Oreste m’inspire, et je ne suis pas sûr d’avoir tout compris. JdesP