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> DE LA DÉMOCRATIE

14 juin 2006, 22:12

La démocratie des grands états bourgeois, parcequ’elle laisse de côté ce qui la remet en cause en permanence, c’est à dire le despotisme des groupes economiques dominants, parceque les règles la régissant ne sont pas faites pour permettre une expression libre et égalitaire des courants d’opinion dans une société, parce qu’elle ne concerne pas les principaux lieux de création de richesse, est incomplête.

Tant qu’existeront de puissantes organisations humaines construites sur des hierarchies anti-democratiques au concret, quelles soient capitalistes ou bureaucratiques (elles sont le plus souvent les deux en même temps), il existera essentiellement aliénation des citoyens .

La disparition des organisations anti-democratiques comme les entreprises privées ou d’état (telles qu’elles sont menées et dirigées par la classe dominante ou par des castes autonomes)(*), ne stoppera pas toutes les aliénations qui affaiblissent et font courber échine à nos consciences. Mais le remplacement de ces pyramides inhumaines qui nous habituent à l’inegalité, à la soumission ou à la domination des autres, par des organisations démocratiques, sera un pas essentiel de cette libération necessaire et fera d’une pierre deux coups :

1) Enlever la menace permanente sur la démocratie que font peser les entreprises capitalistes qui ne respectent la démocratie que quand elle va dans le sens de leurs interets, mais qui autrement fomentent coups d’états, régimes autoritaires, menaces militaires exterieures , entreprises de déstabilisation diverses. Ou en temps de paix se payent politiciens, places onctueuses dans l’état, médias sous contrôle, etc.

2) Lever une des principales sources d’alienation qui font que la population, et les individus la constituant, n’ayant pas controle sur leur destin, peuvent avoir des comportements pervers, comme par exemple voter pour des régimes autoritaires qui, imanquablement, les maltraitent, entrer dans des logiques de domination de sexes, de castes, etc.

La démocratie n’est pas en cause, ni le principe démocratique, ni les libertés necessaires à son accomplissement, ce qui est en cause est ce qui la limite et la pervertie.

L’espérance d’une société meilleure ne peut se concevoir sans un contrôle par la population, par les travailleurs, des organisations humaines dont ils font parti. Et ce contrôle ne peut être que démocratique. Si il ne l’est pas (democratique) c’est que d’autres dirigent sans contrôle, c’est que le processus de domination d’une caste ou d’une classe contre les travailleurs est enclenché ou ré-enclanché.

La difference entre les communistes (ou auto-gestionnaires, ou libertaires, ou ce qu’on veut comme terminologie suivant la trajectoire du courant de pensée qui nous anime) et les autres (même animés de bonnes intentions, même animés et promotteurs de conquêtes sociales importantes) est la question de la bataille pour que la démocratie ne reste pas en dehors des principales sources de puissance dans le monde : les entreprises privées et les entreprises d’état.

Une des nourritures essentielles pour que les travailleurs puissent choisir démocratiquement, gérer directement, est la liberté individuelle et collective, la liberté d’expression individuelle et collective, les libertés d’organisation les plus larges, afin que les votes ne soient pas formels ou ne ressemblent pas à des prestations unanimistes rituelles.

Ce sont là les objectifs qui m’animent encore après tant d’années et je sais bien que ce chemin est semé d’embuches et qu’il ne s’agit pas là de croire qu’on a tout ou rien, mais que des sociétés peuvent être très progressistes sans être ce qu’on désire au fond , faire chemin vers cette libération humaine même au travers de détours complexes, mais toujours ne pas laisser en chemin ce vers quoi on veut aller .

Mais toujours toujours apprécier ces experiences et ces combats au travers du concret (qui décide, qui dirige, les travailleurs effectuent-ils un choix libre et éclairé ?) et pas des discours auto-proclamés.

Ce chemin vers la liberté resurgit sans cesse, des cooperatives au fin fond du Pérou
, aux batailles au venezuela pour que les travailleurs prennent une place grandissante dans la direction des grands groupes, des expériences coorpératives dans le monde touchant des dizaines de millions de salariés, des entreprises d’auto-organisation poussées existantes sur le net, des cooperatives de lutte en Argentine, etc...

Et je pourrai très longuement continuer cette liste mais rassembler tout dans un point commun : les libertés individuelles, les libertés d’organisation, la démocratie comme moteur de liberation, contre les visions étriquées de la démocratie bourgeoise, l’agressivité et la logique de domination de la conception bourgeoise des libertés qui se résume à celà : Libertés d’exploiter , libertés de parole des capitalistes mais pas des autres courants de la société, interdictions de la démocratie dans les entreprises, interdictions des libertés de citoyen (concedées à l’exterieur de l’entreprise) quand il est dans l’entreprise.

La démocratie n’est pas l’énemi, les libertés necessaires à son accomplissement ne sont pas l’énemi, ce sont au contraire des leviers indispensables à une société meilleure.

Copas

(*) Je ne peux m’empêcher de signaler combien les grands groupes industriels et financiers sont des grandes bureaucraties planificatrices et pyramidales, et que l’extraordinaire capacité de dirigeants de grands combinats industriels à devenir de "modernes" dirigeants d’’entreprises privées dans les ex-pays de l’Est, est une grande leçon de choses sur la similitude de domination hierarchique interne de ces entreprises.
De même, l’histoire d’amour endiablée entre les grands groupes capitalistes et les dictateurs chinois , pour exploiter les travailleurs chinois et faire pression sur les travailleurs du reste de la planête nous apprend beaucoup sur le fait que "plus rouge que moi tu meurs" ne signifie pas grand chose sans une appreciation claire de ce qui se passe dans la réalité des choses.

Notes de passage :

Sur l’assertion comme quoi ce fut la démocratie allemande au travers de ses electeurs qui porta Hitler au pouvoir :

Le parti nazi n’était pas majoritaire (loin de là) quand Hitler fut nommé chancelier . Le NSDAP (les nazis) avait eu un peu plus de 30% des voix (c’est déjà beaucoup) mais loin de la majorité.

Arrivés au pouvoir, les nazis arrêterent des milliers d’opposants dans l’année 33, liquiderent par une terrible repression les opposants, interdirent le puissant KPD (parti communiste allemand), l’essentiel des libertés fut interdit (presse, meetings, etc) .

Malgrès celà, aux élections fantoches qui suivirent en Mars 33 les nazis n’eurent toujours pas la majorité (43,9%).
Il est donc exessif de dire que la majorité des allemands a voté pour Hitler et que c’est ainsi qu’il est arrivé au pouvoir.

Il est arrivé au pouvoir, a liquidé les libertés essentielles, interdit les oppositions et après seulement a eu plus de 40% des voix (et après ce fut le rouleau compresseur).