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> Le monde est tout foot et les bébés pleurent...

9 juillet 2006, 14:11

Ce matin, je vais faire quelques courses à vélo dans le bled d’à côté. J’arrive au supermarché. Stupeur ! Toutes les caissières ont un bleu blanc rouge sur les joues. C’est à ce moment-là que je prends conscience de l’ampleur du phénomère. Je n’en reviens pas. Et puis à voir toutes ces caissières peinturlurées des couleurs nationales, je me dis qu’elles n’ont pas eu le choix, qu’elles étaient obligées de les mettre, ces couleurs tricolores sur leur peau. J’imagine la caissière qui n’en voulait pas. Elle a dû faire comme ces collègues sous peinde de ce voir licencier sur le champ. Je me demande si c’est bien légal de leur imposer ça. Mais bon, les patrons ont tous les droits.

Des enfants et des adultes ont mis aussi leurs couleurs sur les joues. Dans le rayon des mousseux, c’est une véritable razzia sur le champagne. Quel délire ! C’est pas possible ! Tout ça pour un match de foot ! Dans les rues du bled, des drapeaux ont été accrochés sur l’antenne des voitures ou sur la plage arrière. Certains habitants en ont suspendu à leur fenêtre. Même la poste a brandi le sien. C’est vous dire ! Une désagréable impression m’envahit. Je vois une France nationaliste et chauvine à l’oeuvre. Une france déboussolée qui s’accroche désespérément à son rêve de grandeur comme un pays du tiers-monde. J’ai envie de crier aux gens : " Mais ce n’est que du foot ! Remettons les choses à leur place !" Mais à quoi bon, ils ne m’entendraient pas et j’encourrais même des ennuis à m’opposer ainsi à leur grande messe. "File, file à la maison" me dis-je. Là au moins, tu pourras être à l’abri et ne plus être confronté à ces signes extérieurs d’idolâtrie.

Ce soir, à partir de 19 heures, il n’y aura plus un chat dans les rues de mon village, plus une seule automobile ne passera. Tout le monde sera scotché devant son poste de TV avec la bouteille de champagne dans le frigo. Putain, je vais me sentir bien seul ce soir. J’allumerai moi-aussi la télé pour regarder cette finale. Je n’y échapperai pas. Sûr que ça sera un beau match ! Mais je n’oublierai pas que ce n’est que du foot et que demain la vie reprendra son cours normal sans que rien ne change vraiment.

William