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> La douleur du Liban grandit d’heure en heure, alors que le nombre de morts atteint les 1.300

21 août 2006, 19:33

Voyons donc les chiffres de cette hécatombe en domino.

Iraq : une moyenne quotidienne de 110 morts, soit en tout 3 438 morts en juillet 2006, soit 9% de plus qu’en juin et le double de janvier 2006. La morgue de Bagdad a recensé 1 855 corps en juillet, soit 18% de plus qu’en juin. Blessés en dehors de Bagdad : 3 597 en juillet. Selon les Nations unies, 17 776 Iraquiens sont morts en 2006, soit une moyenne mensuelle de 2 539 victimes.

Ces chiffres sont très approximatifs. Le gouvernement et l’armée US refusent de publier des chiffres sur les pertes humaines iraquiennes. Gaza : 151 personnes, dans leur écrasante majorité des civils désarmés, ont été tuées en juillet par les Israéliens, le plus haut chiffre depuis octobre 2004, lorsque 166 Gazaouis avaient été tués.

Liban : le chiffre de 1 100 victimes libanaises doit être révisé à la hausse, au fur et à mesure qu’on découvre des cadavres dans décombres des maisons détruites. À l’heure où nous écrivons, on est à 1 400.

Face à ces chiffres, ceux des pertes des agresseurs peuvent sembler dérisoires : 2 000 soldats usaméricains en Iraq, 162 « civils » en Israël. Mais au Liban, l’armée israélienne a perdu 430 hommes, ce qui n’est pas banal et a été carrément passé sous silence par la propagande israélienne et proisraélienne. Propagande qui s’est faite tout aussi discrète sur les pertes matérielles : 2 avions, 3 navires de guerre, 5 hélicoptères, 48 véhicules blindés et...130 chars Merkava. Dans cette guerre « asymétrique », la résistance libanaise a tout simplement fait des merveilles avec des moyens plutôt limités. Face à ces chiffres, deux autres résument bien la nature de l’agression israélienne : 433 enfants libanais et 378 femmes libanaises ont été tués par les bombes lâchées du ciel.

Dernière remarque sur la propagande de guerre menée complaisamment par les médias occidentaux : tous les commentateurs, y compris ceux qui se présentent comme bien intentionnés à l’égard du Liban ont dit et répété depuis 6 semaines que l’ »opération » israélienne contre le Liban avait été motivée par « l’enlèvement de deux soldats israéliens en territoire israélien ». C’est faux, archi-faux, pour trois raisons :

Les deux soldats ont été capturés en territoire libanais, sur lequel ils avaient pénétré en dehors de toute légalité. Ils sont donc des prisonniers de guerre et non des otages. Tout comme le caporal Gilad Shalit, qui n’a pas été « kidnappé » alors qu’il mangeait un hamburger dans un MacDo de Tel Aviv, mais a été capturé alors qu’il menait une action de guerre dans un territoire étranger occupé.

L’État-major israélien préparait activement cette guerre contre le Liban depuis au moins un an, mais il ruminait sa vengeance depuis son retrait forcé du Sud-liban de 2000. Elle était prévue pour septembre-octobre 2006.

Le Hezbollah a voulu marquer symboliquement sa solidarité avec la population de Gaza et de Palestine en attaquant un groupe de soldats menant une « incursion » en territoire libanais. Il n’avait sans doute pas prévu une telle réaction, mais s’y était préparé, stratégiquement et tactiquement, depuis au moins l’an 2000. On connaît la suite.

*L’auteur est un auteur-traducteur indépendant, membre du réseau de traducteurs Tlaxcala et de l’Alliance zapatiste de libération sociale. Il préside l’association interculturelle karkashuna. Courriel : karkashuna@yahoo.fr

Source : http://www.azlsbasta.splinder.com