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Non et non !

3 octobre 2006, 12:48

Si on ne peut plus critiquer la religion musulmane sans avoir une fatwa, si une certaine gauche islamo-progressiste ne sait rien faire d’autre que d’excuser ce comportement, alors tout est foutu. Tant qu’à faire, il faudrait (par équité) cesser aussi de critiquer les chrétiens, le pape et abandonner carrément la laïcité et la loi de séparation de l’église et de l’état. Si on laissait pousser la barbe, si on prenait chacun quatre femmes et si elles portaient le voile, alors on aurait finalement la paix !
Je voudrais quand même rappeler le contexte qui est derrière l’affaire Redeker. D’abord, il y a eu les fatwas et les appels aux meurtres de Salman Rushdie et de Taslima Nasreen (Quelle provocation avaient-ils donc fait ?) ; puis il y a eu des troubles lors de la représentation d’une pièce de Voltaire dans l’Ain ; puis l’assassinat du cinéaste Van Gogh ; puis l’affaire des caricatures qui a entraîné la destruction de plusieurs églises dans le monde (certaines dans la banlieue chiite de Beyrouth !) et l’assassinat de centaines de chrétiens (parmi eux, quelques dizaines au Nigéria : certaines des victimes n’étaient même pas capables de situer le Danemark sur une carte !) ; puis le tollé sur les propos du pape. Maintenant, surviennent ces deux affaires ridicules de l’opéra de Mozart et de Robet Redeker. J’ai lu le texte de ce dernier. J’ai deux reproches à lui faire. Premier, contrairement à ses affirmations, l’évangile n’est pas un livre d’amour : je pourrais citer de nombreux passages d’une "violence inouïe". Deuxièmement, Redeker ne situe pas Mohammed dans son contexte historique : le pillage étant à son époque une pratique courante. Les armées qui n’avaient pas de provisions devaient piller pour survivre… mais aussi pour couvrir leurs frais et humilier les peuples vaincus. L’utilisation donc par Redeker du mot « pillard » pour caractériser Mohamed, sans qu’il ait fait cette remarque, fausse le débat. Ceci étant dit, je ne vois pas dans le texte ce qui est condamnable, ce qui n’est pas du même acabit que les critiques des autres religions, auxquelles nous sommes habitués. Il est vrai que l’islam n’a pas la pratique de la critique… Quoi qu’il en soit, j’aimerais crier haut et fort : Je n’accepte pas que l’on condamne à mort quelqu’un à mort pour ses écrits. J’ai toujours combattu la peine de mort, y compris pour les violeurs d’enfants. Comment peut-on accepter qu’un imam du Qatar puisse appeler sur Al Jazzera au meurtre de Redeker. Est-il admissible qu’en France, au XXI siècle, on soit obligé de se cacher des obscurantistes ? Si on avait un gouvernement digne de ce nom, il devrait lancer un mandat d’arrêt contre cet imam.
Pauvre France : après avoir donné les Lumières au monde, elle est aujourd’hui surveillée par les intolérants. Les auteurs d’autrefois devaient soumettre leurs écrits à l’index (la censure religieuse) pour obtenir l’imprimatur, aujourd’hui, les intégristes musulmans voudraient qu’ils se soumettent à leurs fatwas.
Pourtant, je connais beaucoup de musulmans tolérants. Malheureusement, ils ne représentent qu’eux mêmes. Mon grand désespoir est le silence de leurs dignitaires. Ils voudraient avoir le beurre et l’argent du beurre. D’une part, ils veulent rester silencieux quand des terroristes égorgent des otages au nom de l’islam, et d’autre part exiger que les gens vantent leur religion comme pacifique. Rien qu’à voir la trouille de nos dirigeants occidentaux, je peux imaginer combien il leur faut du courage pour condamner les terroristes. Surtout s’ils habitent dans un pays islamique. Mais je ne comprends pas pourquoi ceux d’Europe se taisent. Mais il faudra bien qu’ils choisissent : ou bien ils se prononcent à chaque exaction terroriste, ou bien ils s’exposent à la mauvaise opinion sur leur religion.
Raoul Eugène