Accueil > ... > Forum 94936

> Faut-il brûler Robert Redeker ? Ou "Bagatelle avant un massacre ?"

4 octobre 2006, 00:46

J’ai diffusé sur d’autres réseaux une réflexion que je crois devoir reproduire pour plusieurs intervenants, et en particulier pour Danielle Bleitrach qui a su dire le fait immonde. J’ai nommé mon papier rédigé le deux octobre 2006 "BAGATELLE AVANT UN MASSACRE"...

"FACE AUX INTIMIDATIONS ISLAMISTES QUE DOIT FAIRE LE MONDE LIBRE ?" Tel était le titre , assurément politique, que Robert REDEKER donnait à sa tribune du 19 septembre 2006 dans le Figaro. C’est donc principalement sur le terrain politique qu’il convient de lui répondre ; sans se laisser aveugler par le questionnement concernant la liberté de pensée reconnue à tous.
DE QUOI S’AGISSAIT-IL ? Un pamphlet sans nuance étalant réelement sa haine de l’Islam et de tous les musulmans, qui a suscité en réplique des menaces elles aussi bien réelles. Le même pamphlet stigmatisait aussi l’aveuglement et la lacheté de tous ceux qui ne partagent pas les mêmes thèses. R REDEKER nous demandait hier de partager ses haines et ceux qui le soutiennent aujourd’hui amplifient sa démarche en dénoncant l’inconséquence de ceux qui voient dans cette affaire autre chose et plus qu’une atteinte inqualifiable à la liberté d’expression.
TOUS LES INGREDIENTS SONT REUNIS D’UNE GIGANTESQUE MANIPULATION : Les conséquences de nos positionnements individuels ou collectifs pourraient aller bien au-delà de la défense d’un sngulier philosophe, associé à la revue "les Temps Modernes" fondée par Jean Paul SARTRE, qui n’est plus là pour approuver ou désavouer une ligne éditoriale dirigée désormais par Claude LANZMANN et ses collaborateurs, dont Robert REDEKER est une des plûmes les plus sulfureuses dans le temps troublé que nous vivons depuis quelques années.* Nous pouvons déclarer que les menaces dont il est l’objet SONT INACCEPTABLES, sans oublier de rappeler qu’elles ont été immédiatement condamnées aussi par toutes les autorités musulmanes de notre pays.* LA VRAIE QUESTION EST AILLEURS : Est-il possible de le protéger sans le soutenir ? Cette problématique est implicitement incluse dans la tribune elle-même de Robert REDEKER stigmatisant la démission du "monde libre" face aux "intimidations islamistes". Pour lui, le monde est déja coupé en deux et la guerre est commencée dans laquelle chacun"doit faire" ce que sa peur devrait lui insirer.LE PROTEGER SANS LE SOUTENIR ? C’EST NON SEULEMENT POSSIBLE MAIS INDISPENSABLE ! * La protection c’est le rôle de la force publique. * Mais le soutien c’est une interpellation de l’intelligence de chacun d’entre nous.
LE SOUTIEN QUI S’AFFICHE DEJA : Ce soutien sous des formes diverses implique, que cela nous plaise ou non, de reconnaître le caractère "licite" de propos qui, appréciés au regard de nos lois et pononcés par une autre bouche, constitueraient un délit authentique et sanctionnable. Il faut d’abord avoir lu l’écrit du philosophe, que l’on ne peut déja plus trouver sur le site internet du Figaro qui l’en a courageusement retiré ! Aprés lecture s’impose une évidence : CE NE SONT QUE DES "MOTS". Des mots que certains voudraient banaliser et , sans même porter appréciation sur leur contenu, affirmer que ces "mots" mériteraient le soutien de leur auteur , au nom de la liberté d’expression...Est-ce si simple ?
NOUS SOMMES DANS L’ETERNEL DEBAT QUI SEMBLAIT CLAIR AU TEMPS DE VOLTAIRE : Au temps de ce philosophe, l’humanisme naissant et la liberté absolue d’expression semblait constituer les fondements d’une civilisation fondée sur la raison, privilégiant le débat sur la censure et la rencontre sur la stigmatisation. Une "Foi" humaniste non dépourvue d’utopie considérair que la parole libre saurait mener l’humanité vers des lendemains plus fraternels. Mais REDEKER n’est pas CALAS et cette référence à la liberté absolue, non seulement de pensée mais aussi d’expression, posture facile d’intellectuel, nous inviterait clairement à occulter les enseignements de l’histoire, ceux de faits anciens ou récents : * VOLTAIRE n’ignorait pas que dans les temps anciens le monde avait été ensanglanté par d’authentiques appels au Djihad armé et par d’authentiques prêches pour des croisades sanglantes qui devaient durer plusieurs siècles ; il n’ignorait pas non plus que plus proches de son époque l’Europe s’était déchirée de guerres de religions, TOUTES ATTISEES ET PORTEES PAR DES"MOTS" MIS AU SERVICE DE L’INTOLERANCE ; mais VOLTAIRE avait foi en la sagesse possible de l’humanité future. * Les faits plus récents du siècle écoulé et de sa tragédie totalitaire ont montré que les "mots" pouvaient aboutir à l’extermination de millions d’êtres,pour le seul motif de ce qu’ils étaient. Ce sont les "mots" qui ont préparé l’adhésion ou la tolérance envers le pire. Fallait-il défendre, au nom de la liberté d’expression "Bagatelle pour un massacre" de Louis Ferdinand CELINE ? Ou fallait-il rompre avec le "privilège d’expression" reconnu à certains intellectuels qui, sans porter les armes eux-mêmes , se réjouissent par avance de l’utilisation sanglante de leurs thèses ? LE SIECLE ECOULE APPRIS QUE LES "MOTS" TUENT AUSSI SUREMENT QUE LES ARMES, MAIS NOUS PREFERONS OUBLIER QUE LA LIBERTE PEUT ELLE-MEME CONTRIBUER AU PIRE.
NOUS SOMMES A LA VEILLE D’UN AUTRE BASCULEMENT HISTORIQUE ANNONCE QUI EST LE THEME MEME DE LA TRIBUNE DE ROBERT REDEKER :"LE CHOC DES CIVILISATIONS". Ce choc est voulu par ertains ; dans une frange marginale d’un Islam perverti ; dans une part hélas dominante d’un occident tout puissant qui a désigné déja sans nuance "l’axe du mal" qu’il convient d’anéantir dans une guerre sans merci et sans limite. Tous ceux qui connaissent les écrits de Robert REDEKER savent qu’il se positionne sans ambiguité dans le camp de ceux qui veulent légitimer le "choc des civilisations" et toute forme de "guerre préventive". Pour ce philosophe, la menace ressentie et la supériorité militaire de l’occident autorisent à faire l’économie d’une réflexion prospective qui rechercherait un autre dessein pour l’occident qu’un affrontement éternel avec l’Islam. L’idée même de vivre ensemble et de considérer les injustices faites à certains lui est étrangère ; comme si les crimes annoncés nécessaires représentaient un projet de civilisation ! LA TRIBUNE DU FIGARO N’EST PAS UN TEXTE PHILOSOPHIQUE,C’EST UN ACTE POLITIQUE ET UN ACTE DE GUERRE. Dans une ancienne tribune proposée au"Monde" il avait qualifé déja l’Islam de "régression barbarisante" et cette outrance simplificatrice lui avait valu de ne pouvoir intégrer comme il le souhaitait le Collège International de Philosophie. Dans le Figaro du 28 novembre 2005 il transposait dans les banlieues enflammées le siège du "nihilisme" qu’il convenait de combattre sans merci ; pour lui l’axe du mal traverse nos villes et nous sommes nombreux a être complices de ce péril islamiste dont la perception semble entretenue par une paranoïa qui domine sa pensée autrefois féconde.
EN QUOI CELA NOUS CONCERNE T-IL ? * Qu’un philosophe laisse parler sa passion plus que sa raison pose en soi un problème qui le concernerait seul s’il n’était aussi enseignant de notre école laïque et républicaine. * Mais qu’il tente d’induire après une provocation assumée, une "solidarité obligée" en signant sa tribune es-qualité de professeur de philosohe enseignant dans un établissement désigné de la ville de Saint ORENS proche de Toulouse, est une implication inqualifiable de ceux- là même dont il prétend désormais attendre un soutien ?. On comprend la gêne de la FSU et de l’UNSA-Education, et celle de sa tutelle ministérielle. * En réalité cette attitude est cohérente avec sa tribune dans le FIGARO qui vise autant à stigmatiser l’Islam qu’à dénoncer le laxisme présumé ou l’aveuglement de tous ceux qui refusent de prendre déja les armes pour la croisade a ses yeux souhaitable.* Il semble clair que Robert REDEKER tente ainsi de nous instrumentaliser tous, dans le seul but de donner une crédibilité a ses thèses. * NOTRE LIBERTE QUI VAUT BIEN LA SIENNE, EST DE NE PAS Y CONSENTIR : 1/ Dire NON à REDEKER ce n’est pas porter atteinte à la liberté d’expression, c’est rappeler qu’il n’est pas de liberté sans responsabilité. 2/Dire NON à REDEKER ce n’est pas ignorer le caractère inacceptable des menaces exprimées à son encontre, mais revendiquer de pouvoir les dénoncer par une autre voie que le soutien à son intolérance.
ROBERT REDEKER EST-IL PROTEGE ? En moins de 24 heures le philosophe s’est retrouvé "protégé" et "exfiltré" par un ministre de l’intérer pour lequel cet événement est aussi une aubaine légitimant son discours sécuritaire. On doit espérer pour Robert REDEKER que cette aubaine ne soit pas utilisée jusqu’a sa logique extrème faisant du philosophe la victime expiatoire de ses propres thèses.Il est des "protections" qui pourraient s’avérer plus inquiettantes que rassurantes, tant leur inefficacité servirait la thèse de tous les partisans de l’intolérance et de l’islamophobie. Souhaitons une longue vie à Robert REDEKER qui lui permette de rencontrer demain des hommes et des femmes d’Islam qui lui feront mesurer la profondeurde ses erreurs.
LE MALAISE N’EST PAS ETEINT : Nous sommes nombreux à ressentir l’ambiguité et le danger d’un positionnement que l’on voudrait réduire à un choix binaire, nous entrainant dans la perversion même de la pensée de Robert REDEKER. La Ligue des Droits de l’Homme, LDH, a eu raison de dire à la fois que "L’on ne saurait admettre que quiconque, fut-ce en raison d’ idées nauséabondes, soit l’objet d’intimidations" mais ausi de rajouter "On ne combat pas les idées de M REDEKER en le transformant en victime". L’enjeu est bien de ne pas tomber dans le piège d’un soutien qui serait perçu dans le monde comme le ralliement de la pensée dominante à sa frange la plus intolérante. CETTE PRUDENCE NE SEMBLE PAS AVOIR ETE CELLE DU JOURNAL "Le MONDE" dans son éditorial de ce jour 1-2 octobre 2006 , intitulé "POUR ROBERT REDEKER" ! Ce même journal qui le 11 septembre 2001 éditorialisait sous le titre "Nous sommes tous américains", confondant déja compassion légitime avec adhèsion anticipée a ce que fut la réplique US, nous invite désormais à être "POUR Robert REDEKER". Le "nous" de 2001 n’est plus guère revendiqué depuis qu’il a pu être confirmé que la dangerosité du monde s’était amplifiée sous l’effet d’une politique basée sur le "choc des civilisations". Il nous est demandé maintenant d’être "pour" REDEKER et c’est NON ! Ce titre choisi par le Monde, a peine nuancé dans le contenu de l’éditorial, est sans doute plus qu’une maladresse. Il semble même incompréhensible après la phrase incluse "Qui croît être lu par les seuls habitués du Figaro (aujourd’hui duMONDE, mais cela a échappé à l’auteur !) heurte au même instant des millions de sensibilités dans le monde". Quelle démonstration d’inconséquence !

Sommes nous vraiment "POUR" ROBERT REDEKER ?
Si nous hésitions à répondre NON nous donnerions à sa tribune exactement l’impact souhaité par son auteur, dont les conséquences seraient trés considérables.

JACQUES RICHAUD 2 OCTOBRE 2006