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> "Je mesure mes handicaps : je suis jeune, je suis femme, et en plus, je suis blonde !"

11 octobre 2006, 13:06

Tout d’abord, merci à Francesca de reconnaître implicitement que je n’ai pas inventé les termes et le ton des contributions que j’ai citées. Mais je ne veux pas faire de fixation sur elle. Je constate - sans doute victime de ma mauvaise foi - que vous sautez d’un argument à un autre sans qu’on y lise un fil (rouge ?) politique.

La liste "Bouge l’Europe" n’était pas dépourvue de sens ; c’est la façon dont elle a été montée puis imposée qui a désorienté les communistes et donné prise aux arguments sur la politique spectacle. Mais je reconnais que la démarche était plus ambitieuse dans ce qu’elle donnait à voir que dans ce qu’elle transformait dans la façon dont les communistes conçoive leur parti.

Cela m’amène à nos façons de penser différentes. Comme me le font remarquer des amis proches - nous avons une vraie difficulté à accepter que "nous ne sommes pas tous pareils". Le problème est que "pourquoi ne sommes nous pas tous pareils." qui se traduit parfois par "le parti se renforce en s’épurant" n’est pas une question politique, Elles est du ressort de la gestion de l’intime et du social à minima (l’exemple français des familistères est éloquent). Nous savons maintenant que dans l’engagement au sein d’un parti et dans la volonté de le voir toujours soudé, il y a une part de réponse à nos angoisses les plus intimes. Même le culte de la personalité fonctionne la-dessus ("le petit père des peuples" ou "le meilleur d’entre nous").

La modernité ou l’à propos d’une candidature comme celle de Clémentine Autain contraint à penser le parti (ou le rassemblement) non plus comme le sanatorium de notre ego ou celui d’une classe sociale dominée mais comme un outil de transformation de la société. Et cet outil, moins il est pur, plus il est fonctionnel. Il se renforce en se nourrissant de tout ce qui, au service de transformation de la société, n’est pas lui.

Accepter nos sensibilités différentes serait rendre le plus grand service au peuple de ce pays. Tu as raison, les militants ne suivront pas comme un seul homme tel ou telle. Ils décideront d’être des militants actifs de la campagne des présidentielles puis des législatives parce que leur diversité est prise en compte et qu’elle sera devenue - comme en mai 2005 - une force féconde.

Cette diversité ne permet pas à José Bové, Marie-George Buffet ou Olivier Besancenot d’être la ou le candidat unitaire : ils sont d’abord les porte-paroles de courants importants qui traversent les forces anti-libérales. Et le meilleur service qu’ils puissent nous rendre et de continuer à l’être. J’ai un souvenir ému de MGB et JB s’échangeant des textes avant de se rendre au meeting parisien d’Emmanuelli. Cette capacité à discuter et à s’écouter est riche d’avenir. A l’inverse, le repli et l’anathème - tout rassurants qu’il soient sur le plan psycholgique - ne nous permettrait pas de jouer la gagne.

Il n’est pas habituel de creuser ces questions tant est forte la tradition qui consiste à tenter d’effacer l’individuel derrière le collectif. Mais les masquer ne les font pas disparaître. Au contraire, plus on cherche à les enfouir, plus elle sont douloureuses et stérilisantes !

gib