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Sans la liberté de blâmer, pas d’éloges flatteurs !

18 octobre 2006, 15:25

Pour ton information, je suis communiste, marxiste, fils d’un ancien secrétaire fédéral,ancien membre du comité central, ancien élu communiste pendant plus de 40 ans. Etudiant, j’ai été secrétaire de l’UNEF locale, adhérent de l’UEC, de la JC, et du parti. Quand j’ai dû changer de région pour mon premier travail, j’ai été élu (sans être candidat !) délégué au congrès par la conférence fédérale. C’était une "magouille" du secrétaire fédéral (aujourd’hui élu régional) qui espérait en faisant élire "le fils d’un communiste orthodoxe" contrer ceux que l’on appellait alors "les refondateurs". Devant déménager, j’ai dû refuser, mais cet épisode m’avait un peu déçu : le centralisme avait pris le pas sur la démocratie ... Deuxième petite déception : j’ai demandé ma mutation (vers ma nouvelle fédé), mais celle-ci n’a jamais été transmise : le parti n’était déjà plus ce qu’il fut naguère, en 1991 ...
J’ai continué à militer, avec le parti, avec le syndicat, j’ai participé à la création de "Droit au Logement" dans ma ville, j’ai participé avec les copains d’EDF à la remise du courant aux familles privées d’électricité, j’ai milité avec les mouvements de chômeurs, avec les SDF (qui avaient crées leur association : une "soupe populaire"), ...
Alors ça me fait bien rire de me faire traiter d’anticommuniste : c’est l’hopital qui se fout de la charité !
Le Parti, c’est, encore aujourd’hui, plein de militants formidables. Mais il y a aussi au parti des "carriéristes" qui ont perdu l’esprit militant et solidaire qui faisait les 28% du parti en 1947. Si le parti est tombé à moins de 5% des voix, c’est qu’il a déçu les aspirations populaires :

 le "communisme municipal" est un échec : il a participé activement à la création de grands ensembles invivables, de "clapiers urbains", où sont relégués les plus pauvres. Ce sont ces quartiers qui explosent aujourd’hui sous le poids de la misère, du racisme, et de l’exploitation capitaliste "moderne". Les militants communistes ont très largement désertés ces quartiers où ils jouèrent un rôle historiquement très important.

 l’union "de la gauche" est un échec historique : le PS n’est plus depuis longtemps un parti de gauche : c’est un parti social-libéral qui n’a plus du tout pour objectif de "changer la vie". Or, pour préserver quelques mairies, quelques élus, le parti hypothèque les espoirs de changements des communistes en s’alliant avec le PS SANS accord politique, sans programme de gauche, sans volonté de défendre les aspirations populaires. Celà a développé une "pédagogie de la résignation" et contribue à la dépolitisation du peuple de gauche.

 le "centralisme démocratique" est un échec : le centralisme l’emporte sur la démocratie. Le système exploite la délégation de pouvoir à échelons multiples pour filtrer, canaliser, orienter, et en définitve pour contrôler l’expression de la volonté populaire. Et tant que le parti ne changera pas celà, tant que la démocratie directe n’existera pas au parti, le parti sera trop fragile pour résister aux manoeuvres destructrices des uns et des autres. L’un des remèdes possibles serait de renoncer à avoir des permanents "politiques". Bien sûr, on a besoin de permanents. mais leur rôle doit rester technique et administratif. Nos responsables politiques doivent faire parti du monde du travail (et du chômage !). Un permanent, même le meilleur des hommes, finit toujours par se couper de la vie des classes populaires. L’autre serait de supprimer les mécanismes délégataires : liberté des candidatures, qui ne doivent pas être "présentées" par le sommet, mais émerger de la base, et suffrage universel DIRECT à tous les niveaux du Parti. Ce sont de tels progrès qui peuvent enrayer le déclin du parti. Pas moins.

Face à ce constat sévère, le parti n’est pas monolithique : certains prônent une stratégie de repli, et sont prêts à prendre le risque d’envoyer MGB "au casse-pipe" : faire 2-3%. D’autres préconisent un large rassermblement de la gauche anticapitaliste, sous des formes innovantes, afin de restaurer l’espoir. D’autres encore prônent l’alliance à tout prix avec le PS, afin de préserver les postes de "nos" élus. Ceux-là sont pour certains prêts à tout, même à revenir sur le "Congrès de Tour", à se fondre dans une gauche-caviar molle pour obtenir quelques strapontins dans la gestion du capitalisme.

Face à l’urgence de la situation, les attaques de Jips sont dérisoires. La virulence des injures masque mal l’indigence de la réflexion. Et la méthode a des relents staliniens : Kostov, London, Slanski, étaient communistes. Et c’est pour ça qu’ils ont étés victimes de "procès" indignes : parce qu’ils étaient profondément, sincèrement, viscéralement Communistes. JE suis communiste, et c’est pour ça que Jips me fait ce mauvais procès : pour tenter d’escamoter le débat, qui pourtant devient chaque jour de plus en plus URGENT !!!

Mon opinion est que seul un large rassemblement de la gauche (la vraie) peut bouleverser le petit jeu UMPS, et enrayer la montée du néo-fascisme de l’extrême-droite et de la droite extrême. Il faut une révolution politique ! Quand la SFIO a été complètement discréditée, elle a changé de nom. C’est ce qui pend au nez du PS. Il est du devoir des militants communistes d’anticiper ces changements, de proposer une vraie alternative au capitalisme, et de saisir toutes les opportunités de luttes et de rassemblement pour un renouveau des forces communistes.
L’an prochain, il a des présidentielles, et des législatives. L’enjeu, pour la gauche, c’est d’arriver devant le PS au premier tour, pas de présenter une candidature-témoignage inutile de plus.
Et le seul candidat susceptible de rassembler très largement, c’est José BOVE. Je ne l’idéalise pas : il ne répond pas à toutes les attentes du PCF, ni de la LCR. Mais il est sans l’ombre d’un doute LE candidat anti-globalisation le mieux placé.
Alors, on fait quoi ? On laisse la voie libre à Sarkolène et à Ségozy, avec le Pen en embuscade ? Où "on" se décide enfin à tous se rassembler derrière le meilleur candidat possible, et à se jeter dans la bataille de toute notre poids, unis, et solidaires ?
Moi, je ne vois pas l’intérêt pour les classes populaires de pousser le parti vers un nouvel échec.
C’est pourquoi, en marxiste, en comministe, j’appelle solennellement mes camarades communistes, avec ou sans carte, à intervenir largement dans les débats en cours pour une désignation rapide de José BOVE comme le candidat d’union de la gauche anticapitaliste.
Celà exige au parti un effort de lucidité, et à la LCR un effort d’ouverture. Mon espoir, c’est que ces deux partis soit prêts à faire cet effort.

Minga
"Parce que le vrai courage est de faire ce qui est juste"