Accueil > ... > Forum 100436

> Nos enfants

1er novembre 2006, 10:57

OUI ce sont bien "nos enfants". Ce que nous avons fait d’eux est une responsabilité et une douleur colllective qui doit nous interroger plus qu’attiser la recherche d’un éxutoire facile qui nous ferait penser que cela ne peut arriver "qu’aux enfants des autres" ; à la "racaille" stigmatisée par un ministre lui-même incendiaire et qui est aussi la honte de la République.

OUI il faut refuser la stigmatisation d’une "France dangereuse" qui mériterait karcher, lois répressives et centres de détention préventive. Lorsque nos "enfants" seront plus nombreus encore à percevoir le regard de haine que nous portons sur eux, il faut craindre que leur désespoir collectif ne conduise au pire dont nous n’observons que les soubresauts. Les ADULTES qui se désolidarisent de leur jeunesse signent leur irresponsabilité voire leur schizophrénie. OUI il faut saluer l’immense mérite et en premier celui des enseignants, de tous ceux qui portent sur eux un regard parfois plus chaleureux que celui de leurs propre entourage . Il faut soutenir ceux-là qui refusent de devenir demain des auxiliaires de police pour préserver le lien de confiance qui rend un avenir possible et l’accession à une dignité reconnue dés l’enfance.

OUI la jeunesse de ce pays reproduit en l’amplifiant la détresse sociale de tous. Il n’y a qu’un seul peuple dont une large frange adulte est privée de moyens de vivre au présent et une large frange encore jeune se sait déja privée d’avenir . NON dire cela n’est pas tenter de trouver excuse aux délits et crimes qui sont commis , mais poser au contraire l’exigence d’une justice, y compris pénale, qui cesse d’être une justice "de classe", organisant l’impunité des plus grands crimes qui participent à la destruction du lien social et des solidarités et renforcant la pénalisation aussi bien des authentiques délits commis que des actions politiques ou syndicales qui défendent "un autre monde possible". Lorsque la justice elle-même est mise sous tutelle par un représentant du pouvoir exécutif et prétend l’obliger à pénaliser la "non-délation" par les travailleurs sociaux ou les professionnels de santé dans le cadre de la "prévention de la délinquance" , tous les ingrédients sont réunis de ruptures et de colères plus profondes encore. Une part importante du corps judiciaire mesure ce péril, ainsi que les syndicats policiers eux-mêmes qui commencent à comprendre que chaque attaque contre l’un d’entre-eux est instrumentalisée dans un projet politique dont ils n’ont pas envie de devenir solidaire.Lorsque la force elle-même n’est plus au service du Droit, mais au service d’un pouvoir exécutif, sont réunies les conditions d’un pouvoir dont le projet doit être qualifié de totalitaire.

La manière dont nous "traiterons" la suite de cette terrible affaire, avec toute la compassion et le soutien nécessaire à la victime, sera révélatrice aussi de la nature de la société que nous serons capables d’imaginer pour nos enfants. Le ton de la presse qui aboie avec les chiens, hurle avec les loups, et demain marchera au pas avec les milices, peut nous inquietter.

Mais dans d’autres circonstances le peuple de ce pays a su montrer sa maturité plus grande que celle de certains qui prétendent nous représenter. Les vrais "dépositaires" de ce qui fait notre humanité ne sont pas les professionnels de la représentation ou de l’ordre ; ce sont chacun et chacune d’entre nous.

Jacques RICHAUD