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LES INDEPENDANTS

28 juillet 2008, 17:27, par CD

Souveraineté alimentaire et souveraineté populaire.

 Le peuple ce sont aussi les paysans mais pas les firmes !

La souveraineté alimentaire est synonyme de maîtrise du peuple sur ses ressources, du moins sur ces ressources alimentaires. Une telle maîtrise suppose à l’heure de la libéralisation généralisée des échanges une certaine déconnection du marché mondial . Mais la déconnexion proposée par Samir AMIN signifie plus souveraineté nationale que souveraineté alimentaire . Autrement dit il n’est pas sûr que ce soit le peuple qui en profite réellement mais plutôt la bourgeoisie nationale . Pour que la souveraineté alimentaire aboutisse à la souveraineté populaire il importe que le peuple c’est à dire ceux qui ne décident pas et qui ne possèdent pas soit bénéficiaire de l’expropriation du capital tant du capital international que national. Les petits paysans possèdent bien des terres mais il ne s’agit que de terres de taille modeste exploitable par de petites unités humaines, par la famille le plus souvent.

Le capitalisme via les firmes multinationales agro-alimentaires a éradiqué dans de très nombreux pays l’agriculture paysanne pour installer une agriculture insentive. Ce que l’on nomme pudiquement productivisme ce ne sont que les moyens et les méthodes du capitalisme (extension des terres exploitées, sur-motorisation, embauche d’ouvriers agricoles, mais aussiengrais, pesticides et semences sélectionnées ) contre les moyens et méthodes précapitalistes (petites parcelles, outils rudimentaires, travailleurs de la terre indépendants,...). Que des sociétés post-capitalistes aient cru bon de reproduire certaines des méthodes du capitalisme pour accroître la rentabilité des terres à partir de leur collectivisation n’est pas un argument pour empêcher de voir la logique destructrice spécifique capitalisme. D’autant que le post-capitalisme que nous voulons vise à réhabiliter l’agriculture paysanne et la petite propriété terrienne. Pour le dire peut-être avec un brin de provocation, nous défendons la petite-bourgeoisie paysanne comme nous défendons les travailleurs salariés.

 Défendre la petite-bourgoisie paysanne !

Bernard Founou-Tchuigoua (1) remarque : "Toutes les sociétés antérieures au capitalisme étaient des sociétés paysannes et leur agriculture commandée par des logiques certes diverses mais toutes étrangères à celle qui définit le capitalisme (la rentabilité maximale du capital). L’agriculture capitaliste, représentée par une classe de nouveaux paysans riches, voire de latifundiaires modernisés, ou par des domaines exploités par les transnationales de l’agro-business, s’apprête à donner l’assaut à l’agriculture paysanne. Elle en a reçu le feu vert de l’OMC à Doha. Cependant, à l’heure actuelle, le monde agricole et paysan rassemble encore la moitié de l’humanité ; mais sa production est partagée entre deux secteurs dont la nature économique et sociale est parfaitement distincte".

L’auteur poursuit en examinant les phases du capitalisme en lien avec ses capacités ou non d’intégration : "Le capitalisme a toujours combiné à sa dimension constructive (l’accumulation du capital et le progrès des forces productives) des dimensions destructives, réduisant l’être humain à n’être plus que porteur d’une force de travail, elle-même traitée comme une marchandise, détruisant à long terme certaines des bases naturelles de la reproduction, de la production et de la vie, détruisant des fragments des sociétés antérieures et parfois des peuples entiers - comme les Indiens d’Amérique du Nord. Le capitalisme a toujours simultanément « intégré » (les travailleurs qu’il soumettait aux formes diverses de l’exploitation du capital en expansion -par « l’emploi » en termes immédiats) et exclu (ceux qui, ayant perdu les positions qu’ils occupaient dans les systèmes antérieurs n’ont pas été intégrés dans le nouveau). Mais dans sa phase ascendante et de ce fait historiquement progressiste, il intégrait plus qu’il n’excluait. Ce n’est plus le cas, comme on peut le voir précisément et d’une manière dramatique dans la nouvelle question agraire. Car en effet si, comme l’impose désormais l’Organisation Mondiale du Commerce depuis la conférence de Doha (Novembre 2001), on « intégrait l’agriculture » à l’ensemble des règles générales de la « compétition », assimilant les produits agricoles et alimentaires à des « marchandises comme les autres », quelles en seront les conséquences certaines, dans les conditions d’inégalité gigantesque entre l’agro-business d’une part et la production paysanne de l’autre".

 Le capitalisme invite au génocide des populations rurales du Sud

Nous sommes donc parvenus au point où pour ouvrir un champ nouveau à l’expansion du capital (« la modernisation de la production agricole »), il faudrait détruire -en termes humains- des sociétés entières. Vingt millions de producteurs efficaces nouveaux (cinquante millions d’êtres humains avec leurs familles) d’un coté, cinq milliards d’exclus de l’autre. La dimension créatrice de l’opération ne représente plus qu’une goutte d’eau face à l’océan des destructions qu’elle exige. J’en conclu que le capitalisme est entré dans sa phase sénile descendante ; la logique qui commande ce système n’étant plus en mesure d’assurer la simple survie de la moitié de l’humanité. Le capitalisme devient barbarie, invite directement au génocide. Il est nécessaire plus que jamais de lui substituer d’autres logiques de développement, d’une rationalité supérieure.

Christian DELARUE

Agriculture capitaliste ou paysanne, un enjeu de société

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article228