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Arrêté à Moscou l’organisateur de la gay pride et des députés européens...

28 mai 2007, 10:42

« L’homophobie ne concerne
qu’une minorité en Russie »

Guillaume Roche,
Saint-Nazaire-les-Eymes (38).

Le 27 mai dernier, la tentative d’organiser
une première Gay Pride à Moscou a tourné
court. Interdite par les autorités de Moscou,
la manifestation s’est soldée par une cen-
taine d’arrestations tandis que des skinheads agres-
saient des dizaines de militants aux cris de « Mos-
cou n’est pas Sodome ! ». Leader de l’organisation
de défense des droits des homosexuels en Russie
GayRussia, Nicolaï Alekseev n’est pas découragé
pour autant.

Interview.

Pouvez-vous expliquer l’origine de votre enga-
gement ?

Nicolaï Alekseev. Mon mémoire de doctorat
traitait de « la discrimination sur la base de l’orien-
tation sexuelle dans le cadre du droit ». Malheu-
reusement, la problématique a été rejetée par le co-
mité scientifique de la faculté d’État de Moscou,
qui m’a expulsé. Ne voulant pas en rester là, j’ai
porté l’affaire devant la Cour européenne des droits
de l’homme à Strasbourg.

Comment êtes-vous devenu l’un des principaux
représentants du mouvement gay ?

Nicolaï Alekseev. La communauté gay n’offrait
pas de perspectives, à part le développement de
commerces profitables à une minorité. J’ai donc créé
le site d’informations gayrussia. ru pour une meilleure représentation de notre cause et introduit la Journée
mondiale contre l’homophobie (IDAHO) en Russie.
Une idée française initiée par Louis-Georges Tin.

Quelle est l’histoire de la communauté gay en
Russie ?

Nicolaï Alekseev. Il n’existe pas de témoignages
du temps des tsars, et sous Staline l’homosexualité
a été un motif pour envoyer les opposants au ré-
gime dans les goulags. Malgré tout, il existait déjà
à l’époque soviétique un petit bar homo en plein
centre de Moscou à quelques mètres de la mairie !

Aujourd’hui, les choses ont-elles changé ?

Nicolaï Alekseev. Au début des années quatre-
vingt-dix, les descentes de police dans les clubs et ca-fés gays étaient fréquentes. Puis, le 27mai
1993, les relations homosexuelles ont été
décriminalisées par le président Eltsine qui
souhaitait ancrer la Russie au sein du
Conseil de l’Europe. Actuellement, nous
subissons une politique du « ni, ni » tra-
duisible par « ni amélioration, ni crimina-
lisation ». Les conseillers politiques de
Poutine ne savent pas comment appro-
cher la question de l’homosexualité.

Les violences lors de la Gay Pride
sont-elles une preuve de l’homophobie de
la société russe ?

Nicolaï Alekseev. Les déclarations de
dignitaires religieux et d’ultranationalistes
sont souvent interprétées par les journalistes et so-
ciologues comme une homophobie de notre société,
de fausses conclusions qui ne concernent qu’une mi-
norité de personnes. Les opposants étaient seule-
ment quelques babouchkas (grands-mères – NDLR)
et skinheads de province amenés par bus à Moscou.
On les a même payés entre 10 et 20 euros pour leur
« prestation » lors de la Gay Pride !

Pensez-vous organiser une seconde édition de la
Gay Pride ?

Nicolaï Alekseev. Oui, maintenant que nous sa-
vons de quoi ils sont capables, nous vous promet-
tons, pour l’année prochaine, des actions pacifiques
spectaculaires. Prenez-en note dans votre agenda !

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