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LA GUERRE DES MOTS AURA-T-ELLE LIEU ?*

18 juillet 2007, 14:44

Bonjour Claude dAUvergne

Je ne peux pas te donner "la" référence exacte là maintenant parce qu’il y en a plusieurs mais en fait tu la retrouves partout dans l’oeuvre de Marx .

En effet , nous sommes confrontés au problème de traduction d’une notion typiquement hégélienne et qui est celle "d’Aufhebung" (mouvement de l’esprit dans la dialectique qui aliène et dans un même moment, conserve, le sujet) , traduit d’ailleurs dans la plupart des éditions de Marx par "abollition".

C’est manifestement une erreur conceptuelle, ou plutôt sans parler d’erreur, une insuffisance lexicale et donc conceptuelle qui a fait poser abollir comme traduction d’"aufheben".

Mais traduire c’es trahir, bien souvent...

Alors en effet, ce n’est sans doute ni dépassement ni abollition qu’il aurait fallu traduire ( d"épassement" étant une notion traduction "moderniste" dont la maternité, si je ne m’abuse, revient au PCf dans les 90... sous l’impulsion, notamment, de Sève, pour traduire le concept de "processus" lui même inclu dans la notion d’Aufhebung hégelienne..) peut être plutôt assimilation ou sublimation ?

Je te livre d’ailleurs ce passage de Sève sur la question :

"(...)Penser dépassement au lieu d’abolition du capitalisme, non seulement ce n’est pas, comme se l’imaginent certains, s’éloigner d’une vue authentiquement révolutionnaire, mais c’est revenir enfin à la pensée et au langage même de Marx. Car presque toujours, là où dans la plupart des traductions on lit "abolition", figure sous sa plume un mot - Aufhebung - signifiant à la fois suppression et conservation dans l’élévation à un plan supérieur, ce que n’exprime pas mal le mot "dépassement". Et pourquoi donc Marx parle-t-il de dépasser le capitalisme plutôt que de l’abolir ? Parce que le capitalisme n’est pas qu’exploitation intolérable de l’homme par l’homme, avec quoi il faut certes en finir sans retour ; il est en même temps et inséparablement mode de production des richesses sous lequel se créent, fût-ce en négatif et à travers les pires souffrances, maintes conditions d’une forme sociale supérieure, libérée de toutes les grandes aliénations historiques - par exemple une productivité sans précédent du travail, un développement multilatéral C’est bien pourquoi le Manifeste communiste met en valeur ensemble les aspects formidablement révolutionnaires et dramatiquement rétrogrades du capitalisme. Il faut "abolir" les seconds tout en conservant d’une tout autre façon les premiers : tâche double que dit bien le mot "dépassement", et qui correspond aujourd’hui bien plus encore qu’hier à ce qu’exige un combat anticapitaliste à vocation majoritaire parce que largement créatif"

qu’en dis tu ?

La Louve