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La plainte en diffamation contre le site Bellaciao est rejetée

12 octobre 2007, 14:32

RSF est capable à la fois de complaisance envers un Etat qui ratatine les journalistes plus que tout autre (les USA : plus de la moitié des 75 journalistes déjà tués cette année l’ont été dans des pays occupés par l’Armée US), de critiquer insidieusement les jeunes de banlieue en révolte et les syndicats en lutte, de détester les altermondialistes (que Médias, la revue de Ménard appelle « les rossignols du marxisme recyclés dans Attac ») et de faire semblant de défendre la liberté.

RSF n’a jamais agi concrètement pour soutenir nos journalistes virés par les financiers patrons de presse qui pratiquent des « plans sociaux » lucratifs. Si elle a « soutenu » Bellaciao, c’est platoniquement, sans donner à son geste de retentissement, sans le médiatiser comme elle sait le faire pour d’autres de ses positions. Elle n’a pas déboursé un seul des euros reçus des contribuables (RSF est financée par plusieurs ministères).

Bellaciao blanchi par la Justice, RSF vole au secours d’une victoire qui ne lui doit rien, se targuant de deux communiqués, un au début, un à la fin, aussi efficaces dans cette affaire que bourdonnement de la mouche du coche en haut de la côte.

Par ailleurs, RSF n’aime ni les contestataires, ni les syndicats. Lisons ce qu’elle écrit dans son « Classement mondial de la liberté de la presse 2006 » (www.rsf.org/rubrique.php3?id_rubrique=638 - 43k) : « Par ailleurs, l’automne 2005 a été particulièrement difficile pour les journalistes français. Plusieurs d’entre eux ont été agressés ou menacés lors du conflit syndical né de la privatisation de la SNCM, en Corse, et pendant les violentes manifestations dans les banlieues françaises, en novembre. »

Quand Joseph Prud’homme, le héros comique d’Henry Monnier, fut doté d’un sabre, il fut fou de joie (« Ce sabre est le plus beau jour de ma vie ! »). Il jura aussitôt de s’en servir «  pour protéger et défendre nos institutions, au besoin pour les combattre ».

On a l’impression qu’avec l’outil RSF, Robert Ménard raisonne ainsi. En tout cas, les familles des journalistes tués par l’armée US sont en attente d’une action spectaculaire, d’une campagne d’information de RSF, d’une interpellation de Bush, d’une conférence de presse de Ménard à Washington, bref, de ce genre d’activisme que RSF déploie contre les pays pauvres, surtout s’ils se dressent devant l’Empire.

On accordera, à la décharge de RSF, qu’elle ne s’attaque pas aux journalistes pour les faire taire. Encore que : en avril 2006, une ligne sous ma plume dans un quotidien lui ayant déplu, RSF me menaça publiquement d’un procès. Tant qu’elle ne concrétise pas cette envie, on évitera de la classer dans les rangs des « prédateurs de la liberté de la presse ».

Mais de là à croire qu’elle la défend vraiment …

Maxime Vivas