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Pourquoi Laurent Fabius ? Excellente question.

14 octobre 2007, 12:53

"ET POURQUOI LAURENT FABIUS ?" : Excellente question.

En juin 2003, Laurent Fabius a écrit un article dont voici la conclusion :

"Les Cubains ont un évident et urgent besoin de notre appui. Mais pour cela il faut que cesse l’étrange mansuétude envers Castro. Comme si, par une analyse extraordinairement superficielle, les longs discours, le soleil, la musique, les grandes tapes dans le dos, les gros cigares et l’hostilité des voisins américains servaient de cadre à un régime qui par nature ne pouvait pas être détestable ! Les dictatures ne sont ni de gauche ni de droite, elles sont infâmes. A Cuba aujourd’hui, comme hier au Chili et en Afrique du Sud, pays pour lesquels nous avons lutté, nous devons agir pour la solidarité et les droits de l’homme. La gauche - la vraie - en sortira grandie. L. F.

( Laurent Fabius, Nouvel Obeservateur, Semaine du jeudi 19 juin 2003 - n°2015 - Les débats de l’Obs)

* * * *

Mon très cher Laurent.

Tout d’abord, félicitations pour t’en etre sorti sans encombres d’un des plus beaux scandales de la Veme République Française : celui du sang contaminé.

Félicitations aussi pour tes copains à la tete du Crédit Lyonnais qui viennent aussi d’etre blanchis de tout soupçon de malversations dans un des plus grands scandales de la Veme République Française.

Ah, et félicitations aussi pour tes copains de parti dans l’affaire ELF, qui s’en sortent merveilleusement bien dans un des plus grands scandales de la Veme République Française.

L’élection de Chirac nous faisait craindre pour ton avenir, mais il n’en a rien été. Et tu nous revient, pur, droit, chemise repassée, blanchi. Pour une opération de blanchissement, ce fut une belle opération de blanchissement.

Pendant un temps, j’ai cru que José Bové faisait partie de ta promo, mais apparemment non. Condamné à la prison ferme pour avoir commis le crime d’arracher quelques plantes transgéniques de merde, il n’a manifestement pas assez soigné son relationnel.

Exit José, voici Lolo.

Tout ça pour dire que tu nous manquait. Ta vision du monde, la pertinence de tes analyses que nous avons eu la chance de subir lorsque tu était ministre, plusieurs fois ministre même.

Pour ton "come-back" politique, tu as choisi, comme toujours, d’arpenter une corde raide qui démontre ton sens du risque. Tu es un homme de convictions, Laurent, ne le nie pas. Tu as choisi, au lendemain de l’attaque en règle contre Cuba menée par l’Union Européenne, de nous pondre une petite pique contre Fidel Castro publié par le Nouvel Observateur. Quel courage ! Quelle originalité ! Cherchant désespérément à te donner une image de ce que tu n’es pas et n’a jamais été, tu te lamentes de la "mansuétude" dont Fidel Castro fait l’objet. Sans doute pour essayer de te faire passer pour un courageux politicien qui "ose".

Critiquer Fidel est une chose, et c’est ton droit, mais affirmer que celui-ci fait l’objet d’une mansuétude relève d’un petit délire. Et pour te donner bonne conscience, tu t’attribues indirectement les luttes pour le Chili et contre l’Apartheid en Afrique du Sud. Deux pays en trente ans de métier ? Pas terrible, mon pote.

Cela dit, t’as raté là deux occasions, parmi d’autres, de fermer ta grande gueule.

Concernant l’Apartheid, ta connaissance de l’histoire semble etre à la hauteur de tes connaissances économiques. La première visite effectuée à l’étranger par Nelson Mandela ne fut pas le siège du Parti Socialiste à Paris, mais la Place de la Révolution à La Havane.

Pour le Chili, Salvador Allende vomissait l’Internationale dont tu fais partie. Et l’une des rares avenues débaptisées à la Havane depuis la Révolution Cubaine s’appelle justement Salvador Allende.

Il y a de nombreuses manières d’aller pisser sur la tombe de Salvador Allende. Une d’entre elles est de réclamer LE multipartisme, LA liberté de la presse, LA démocratie à 150 km de Miami.

L’autre est de s’appeler Laurent Fabius et de se dire "socialiste".

Viktor Dedaj

Juin 2003