Accueil > ... > Forum 247553

Contre la dictature de la bourgeoisie et du capitalisme : la démocratie prolétarienne !

18 juin 2008, 16:00, par Copas

Ce que je crains est là (pour le reste c’est plus ou moins OK mais on ne descend pas suffisamment dans l’arene du concret du pouvoir) :

Il ne peut pas y avoir de démocratie réelle sans que la représentation de la classe dominante socialement corresponde politiquement.

Représentation au Parlement oui, mais aussi représentation dans les corps de l’Etat, dans la formation, dans les lieux de pouvoir...

Pour moi le parlement peut rester mais c’est dans le contrôle concret, le pouvoir concret dans chaque entreprise que se joue la Démocratie Prolétarienne , et elle est accomplie quand tout cela se coordonne.

Pour ce qui est de l’état, au sens marxiste du terme, il ne s’investit pas ainsi, et ne peut être remodeler. Par exemple l’état français à une structure bien particulière, un outil despotique qu’on ne peut garder ainsi car arcbouté sur la préservation des intérêts d’une classe (il n’est pas neutre, avec ses corps d’Enarques formatés, ses corps de CRS construits sur la soumission à l’autorité, ses forces armées hors contrôle , ...).

Il y a certainement des morceaux à récupérer et des fonctions à préserver et à réorienter profondément mais sur le fond il n’est pas ce qui va respirer la démocratie prolétarienne.

Si les travailleurs de Renault n’ont pas pouvoir démocratique sur Renault ce n’est pas la peine, fermez le ban , c’est le règne d’une caste aux mœurs bourgeoises et tyranniques (si la bourgeoisie est éradiquée), ou la perpétuation du règne de la bourgeoisie avec des dirigeants d’entreprise aux nouveaux critères de gestion (ressemblant en diable aux anciens).

C’est là dessus que je demande précisions . Pour moi le socialisme n’est pas un changement de majorité, ni une lutte des places dans l’état. Ca c’est toujours le règne du capital et , de temps en temps, le règne d’une nomenclatura prospérant parce que le mouvement révolutionnaire à virer la bourgeoisie mais que les travailleurs n’ont pas pris les rênes, nomenclatura d’ailleurs singeant tous les travers bourgeois.

Le socialisme ce n’est pas un parti qui devient majoritaire, mais des travailleurs qui gèrent leurs entreprises, votent sur qui les dirigent , virent à tout instant les dirigeants si les travailleurs le désirent ainsi, c’est l’institution de droits démocratiques concrets, des libertés collectives et individuelles concrets des travailleurs dans les entreprises (un droit adapté à cela) , etc, pour appuyer la gestion ouvrière et éviter ses dérapages .

La coordination de ces volontés prolétariennes à l’échelle d’une ville, d’un département, d’une région, d’un état, d’un continent et du monde, afin d’aboutir aux réorientations du monde (différences de développement, écologie, grands défis sociaux, sanitaires, culturels, etc) c’est le sens que je donne à la démocratie prolétarienne (ce n’est pas non plus une pyramide, pas plus que le maire, le conseil régional, les députés et le président ne forment forcement une pyramide).

Dans le combat contre la bourgeoisie la voie au socialisme est celle qui va vers ces objectifs. Ces objectifs me semblent les seuls à même de ne pas ré-introduire par une caste la bourgeoisie dans le jeu.

Les attentions portées aux fonctions unificatrices territoriales (afin que Renault par exemple ne maltraite pas ses sous-traitants) et sectorielles des organes de démocratie prolétarienne me semblent essentiels et décisifs pour ne pas faire tourner au fiasco une société socialiste.

Dans le dispositif c’est bien l’état prolétarien qui manque, constitué du pouvoir concret des travailleurs sur la gestion concrète de leurs entreprises concrètes, qui se dote de ses structures de coordination géographiques et sectorielles.

Sans cet aspect, la démocratie prolétarienne n’a pas de chair.

Comment y arriver ?

J’allais dire :en fouillant tout ce qui se fit au Chili d’avant le putsch, en relativisant par rapport au contexte, on trouve une série de formes d’organisations prolétariennes démocratiques intéressantes (comités, JAP, cordons industriels, commandos ruraux, etc) qui ne bénéficièrent pas d’un appui déterminé suffisant de la part de la gauche et l’extrême gauche (pour des raisons différentes) pour se dresser comme sujet rival au pouvoir bourgeois.

Dans le combat de chaque jour, qu’apprends-t-on de la plainte permanente de la base des organisations ouvrières (partis et syndicats) ? On veut controler et plier à notre volonté nos représentants.....

Alors ? Dans le chemin de chaque jour il s’agit bien de recommencer à retisser ce pouvoir prolétarien démocratique réellement rival à l’état (bourgeois) et à la classe bourgeoise.

En France c’est ce qui nous manque , chaque courant a sa boutique syndicale, et des fois plusieurs concurrents entre eux, tous à la démocratie à géométrie très variable, bien sectaires, etc....

Et cette conception vient bien de l’illusion parlementariste et des bonnes vieilles habitudes hierarchistes, ces deux aspect mettent aux orties le socialisme et la nécessité d’avoir au moins les embryons hyper-démocratiques à la base (vers le haut) et ayant vocation à unifier tous les travailleurs, de telle façon de pouvoir enclencher le chemin vers un rival sérieux aux états bourgeois protecteurs des intérêts de la classe bourgeoise.

Même pour faire un mouvement social simple et susceptible de gagner comme le fut récemment le mouvement des cheminots on voit bien ce manque cruel d’organes unifiant tous les travailleurs à la base, ou l’essentiel de ceux-ci, structures stables et démocratiques , coordonnées, sous contrôle étroit de la base.
Ces structures ayant plus ou moins existé (au max des AG) ont plus été conçues comme des commodités passagères mais nullement comme des structures ayant ambition à être stables et à se hisser comme autorités incontestables seule apte à négocier pour tous et toutes.

A partir de ce moment, chaque faction syndicale a continué son petit bonhomme de chemin (avec des arguments qui peuvent être plutôt pas mauvais, mais erronés sur le fond car confinant finalement à l’impuissance née de la division).

Egalement, faire progresser un sujet géographiquement sur les mêmes bases démocratiques pour aider à unifier les travailleurs qui ne sont pas dans des entreprises insuffisamment grosses pour secréter des embryons de démocratie prolétarienne est une question vitale. Se seront également des lieux idéaux pour aglomerer des démarches associatives travaillant dans le champ des oppressions diverses, batailles pour les libertés démocratiques, écologie, luttes pour des revendications unifiantes, etc.

La longue marche de la démocratie prolétarienne commence aussi ainsi, à mon avis.