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Communisme : un combat pour la liberté - retour sur "l’affaire Rouillan"

3 octobre 2008, 11:40

Bjr

Il est évident qu’il ne fallait pas se laisser abuser par les commentaires qui ont immédiatement tenté de faire du débat un débat sur "pour ou contre Action directe", ou même "pour ou contre la lutte armée" et, encore plus con "pour ou contre la mort de Besse"...

Là n’est pas mon propos et vous êtes nombreux/ses à l’avoir compris, heureusement.

Cela étant dit, sur le fond de ce que Jann Marc R a dit il y a quelques jours, j’ai qq proximité sur certain sujets.

Disons que je peux comprendre ce qu’il dit, et que, c’est vrai , lire ce genre de choses me choque infiniment moins que de lire sur une même page que Renault, tiens, fait des bénéfices record et en même temps, licencie 5000 personnes.

Ou d’entendre à la radio que Sarkozy et cie prévoient un fonds de sauvetage des banques européennes de l’ordre de ...300 milliards.

Je suis sidérée QUE TOUTES LES ASSOCIATIONS QUI en France, Prennent de plus en plus le relais de l’Etat de l’action publique, et qui peinent tant à se voir attribuer des fonds en général modiques, ne se réunissent pas pour hurler leur rage de voir comme on les traite et comment on traite les banquiers...Les associations de malades, de prévention, les associations pour les SDF etc...

On n’entend pas Augustin Legrand des Don Quichotte, ni Act Up tiens ?Et Attac, et tous ces gens ils n’ont plus les moyens de l’organiser cette manif ?

On n’a pas LA CAUSE COMMUNE DE RÊVE POUR TOUT FEDERER ?

On devrait tous être dehors depuis 3 jours et non on attend qu’ils nous fassent un deuxième trou de balle (passez moi l’expression) - Internet ça doit servir à s’organiser..

LA vraie obscénité c’est ce qui est entrain de se passer entre les banques, les capitalistes et les Etats. Pas du tout ce qu’ a dit JMR.

Rouillan pour moi, c’est un enfant de chœur a côté de types qui décident froidement , sciemment , en toute connaissance de cause, d’affamer , de tuer, d’emprisonner...

Bien sûr que le crime politique c’est indigne. Mais qu’est ce qu’un crime politique ?

Faire de Rouillan un équivalent de Staline c’est n’importe quoi - Rouillan s’en est pris à des personnes bien spécifiques alors que Staline s’en est pris aux prolos, à son peuple, à ses camarades.

Dire que "on ne peut pas accepter l’hypothèse de l’action violente" quand on serait communiste c’est un vrai non sens - faut planer à 15.000 pour dire ce genre de trucs . J’aimerais bien , je préfèrerais, franchement.

Mais, à celles et ceux qui prennent leurs désirs pour des réalités, je demande : vous espérez quoi ? Vous espérez convaincre rationnellement les capitalistes et ceux qui bénéficient de ses miettes (plus ou moins grosses) , de se convertir au communisme, par la raison ? Et vous trouvez que, en plus, nous communistes, nous avons l’entière latitude, dans une société bourgeoise, de défendre notre point de vue, de "convaincre" par la parole, de participer à notre éducation ?!!

Vous croyez trouver des arguments pour les convaincre d’abandonner 300000 pour que 100 puissent avoir 3000 ?????? Franchement je les attends.

Enfin, avec ce sujet ,nous voilà revenus à l’époque où il a fallu décider d’abord d’accorder ou pas le droit de veto au Roi, puis, de la vie ou de la mort, non de Louis de Bourbon, mais du Roi de France (donc ,de l’Etat).

Enfin, la violence d’Etat , la violence de la police, la violence des gouvernements, de ces hommes et femmes politiques qui se lavent toujours les mains des sales décisions qu’ils prennent, car ils n’auront jamais à les subir eux mêmes, directement, la violence de l’armée, la violence des caméras, des fichiers (EDVIGE bon sang !) la violence des drônes qu’on envoie désormais à la moindre manif ?

La violence qui a tué Malik Oussekine, celle qui a tué les camarades à Charonne en 62, celle qui a permis à Papon de ratonner en toute impunité et d’engraisser le fond de la seine de cadavres humains ?

LA VIOLENCE D’ETAT QUI A TUE CARLO GIULIANI ?

Ca vous fait pas plus chialer qu’"autre chose" ?

La violence qui s’exerce continuellement contre les sans papiers, celle qui s’exerce contre des ouvriers, des employés, quotidiennement, au point qu’ils se pendent dans leurs entrepôts, se jettent par la fenêtre de leur bureau ?!! Et là je ne parle que de la France...

« La sensibilité qui gémit presque exclusivement pour les ennemis de la liberté m’est suspecte. »

C’est pas de moi c’est Robespierre.

Ça commence à bien suffire de chouiner. Certain-e-s ont peut être de bonnes raisons de se faire procureur à charge des légitimes révoltes populaires, de classe, plutôt que de s’attaquer aux crimes permanents de la bourgeoisie.

Arrive un moment de tensions et de contradictions tel que ceux qui caressent encore le chien capitaliste qui les mord sont soit des abrutis soit des vendus, je ne vois pas d’autre solution.

Pour finir, je dirais à une personne qui m’agresse depuis que j’ai écrit cet article que mon combat n’est pas celui d’un relativisme moral inconsistant, et qu’il peut remballer ses analyses à deux balles.

Je suis" marxiste" ( manifestement ce n’est pas le cas de "Gilles") et ma morale, mes valeurs, sont en accord avec la manière dont j’analyse le monde et dont j’espère qu’il changera. Que nous le ferons changer.

Il n’y a aucun relativisme , au contraire, je peux démontrer pourquoi si je dois choisir entre la vie de mes frères de classe et la vie d’une poignée de bourgeois, j’aurais vite choisi, comment cela aura bien été un choix moral, et comment ce choix sera bien.

Et rien de ce que je viens d’écrire ne me qualifie comme stalinienne car je ne crois pas, en effet au substitutisme - l’analyse de Copas me va complètement - ; mon moteur, ça peut vous surprendre, mais c’est d’abord et avant tout "ma gueule de prolo", ma volonté d’être humain qui veut se libérer de ses chaînes, mon intérêt individuel (qui peut rejoindre d’autres intérêts individuels), qui s’exprime et se comprend comme intérêt de classe.

Je n’ai pas l’intention ni la prétention de libérer mes semblables contre leur gré par la force !Par contre, pourquoi autoriserais-je qu’on m’empêche, moi, de me libérer ? Perso, ça "me gonfle" que des individus de ma classe nous trahissent pour maintenir le pouvoir bourgeois ( et donc me forcer à vivre ce que je ressens quotidiennement comme une "castration de masse"), et je ne suis pas convaincue d’avoir toujours le temps ou la patience ou l’envie de leur pardonner, de leur expliquer etc.

Je dirais que malheureusement, dans "lutte des classes" il y a lutte ; si il faut être vigilant à ne pas faire d’amalgames entre "ennemi du peuple" et "camarade qui ne partage pas mon avis", s’il faut être vigilant aux limites que l’on doit tracer à tout système axiologique, s’il faut être vigilant à ne pas faire de la moindre lutte la première des guerres au sens strict, on ne peut pas faire abstraction de ce que recèle implicitement la RÉALITÉ de la lutte des classes.

Mais ça c’est un autre problème...

LL