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Le MRAP ne défend pas le voile islamique, ni les pro-voiles.

31 octobre 2008, 08:06

Le voile islamique comme agression

Il y a le choc des civilisations qui pose Bush contre AL Quada . Là je suis non campiste à priori et ma position dépend de l’analyse de la situatio. Il ya le choc des civilisation revu à la mode Fillon récemment qui portent contre les musulmans. Foin de nuance ! Il y a eu son titre de ministre dans une pochette surprise pour à son niveau dire cela ! Dans cette version élargie, je suis en général du coté des musulmans mais pas parce qu’ils sont musulmans. Parce qu’ils sont sous domination impériale et /ou coloniale. Mais sur la question du voile le choc est inverse. Explication.

Les deux grandes significations du voilage.

Le voile est préconisé par le Coran et ses interprètes aux jeunes femmes et aux femmes adultes pour des motifs de maitrise de la séduction et du désir. On comprend évidemment que pareille imposition s’adresse aux musulmanes même si le voile-emblème ne vient que tardivement du fait de la pratique.

Il s’agit donc bien de significations lourdes et massives, historiques et géographiques, qui prend racine dans une certaine configuration des rapports de genre.

1 - D’abord, "protéger la femme de tout regard impur ou superficiel".

Trois versets coraniques sont généralement invoqués par les adeptes du voile. Le port du voile trouve son fondement en 33,59. "O Prophète, dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de se couvrir de leurs voiles (jilbâb, plu. Jilâbîb = vêtement qui descend jusqu’en bas, tunique) : c’est pour elles le meilleur moyen de se faire connaître et de ne pas se faire offenser". Il y a dans ce verset deux raisons invoquées pour le port du voile : se distinguer des autres femmes et une protection vis à vis de l’extérieur. Ce n’est pas explicitement le voile ici, mais plutôt la tunique ample qui prend tout le corps. Le dictionnaire Mounjed donne comme définition : une chemise ou une tunique ample.

Le verset 24, 31 - "Dis au croyantes de baisser leur regards, d’être chastes, de ne montrer de leur parure que ce qui en apparaît, de rabattre leurs voiles (khimâr, pl. khumur ou akhmira - "ce avec quoi la femme se couvre la tête/ un voile en général" d’après le Mounjed) sur leurs poitrines !" - précise que ce voile doit couvrir la poitrine et ne montrer que "ce qui apparaît de leur parure". (L’expression est assez floue, elle est en général interprétée comme : le visage et les mains. Certains juristes plus rigoristes y perçoivent l’imposition du "Nikâb", voile qui ne laisse entrevoir que les yeux). Le but est de protéger la femme de tout regard impur ou superficiel.

Le verset 24,60 : "Il n’y a pas de fautes à reprocher aux femmes qui ne peuvent plus enfanter et qui ne peuvent plus se marier de déposer leur étoffe (thaoub, plu. thiyâb), à condition de ne pas se montrer dans tous leurs atours ; mais il est préférable pour elles de s’en abstenir - Dieu est celui qui entend et qui sait" est parfois traduit "de déposer leurs voiles" (Denise Masson par ex.) et est parfois utilisé comme un argument en faveur du voile. Mais le terme désigne habituellement une tunique ou un vêtement.

Quant au mot hijâb, il est employé dans le Coran pour définir le voile de séparation entre les hommes et les femmes à partir de la puberté : 33,53 "Quand vous demandez quelqu’objet aux épouses du prophète, faites-le derrière un voile, cela est plus pur pour vos cœurs et pour leurs cœurs" ou 19,17 "Elle plaça un voile entre elle et les siens" mais aussi le voile qui isole Dieu des mortels "il n’a pas été donné à un mortel que Dieu lui parle si ce n’est par inspiration ou derrière un voile ou bien encore en lui envoyant un messager à qui il est révélé, avec sa permission, ce qu’il veut - il est très haut et sage" (42,51) ou les élus des damnés, (7,46) ou les croyants des incroyants (17,45).

2 - Ensuite, drapeau de l’islam

Par déformation il en est venu à désigner, très tardivement (apparition en Egypte vers les années 30), le voile que portaient les femmes musulmanes comme emblème de leur identité religieuse.

Aujourd’hui il n’y a effectivement que des musulmanes à porter constamment le voile du matin au soir. Pas toutes les musulmanes loin de là.

Ce qui me choque profondément

Ce sont ces deux significations. Elles se renforcent l’une et l’autre.

La première prends les hommes pour des rapaces, incapables de se maitriser. Cela me choque d’emblée. Cela se conçoit dans certains pays ou partout dans certaines situations mais des progrès, des conquêtes importantes ont été faites pour qu’une autre conception du corps et de la séduction puisse remplacer la conception rigide et archaïque.

Cette conception a plusieurs inconvénients :

1 - elle essaie d’interdir le désir et la séduction charnelle en ne valorisant que les rapports froids ou les rapports d’amitié.

2 - elle stigmatise la séduction chez les autres les occidentales (des jupons). Ce n’est pas systèmatique mais çà arrive très souvent, y compris avec des termes grossiers (d’ou un texte : nous sommes toutes des putes !)

3 - elle déresponsabilse les hommes du rapport agressif même si certains pas tous loin de là essaient de ne pas charger uniquement la femme. Mais à partir du moment ou c’est elle qui doit se voiler le propos apparait comme un artifice destiné à combler ll’inégalité structurelle.

4 - elle renforce l’attrait sexuel qu’elle veut précisément chasser, car on en finit jamais avec la séduction ou alors il faut aller jusqu’au bout de la logique et bâcher intégralement les femmes.

5 - elle induit nécessairement des comportements d’ignorance et des préjugés sur la sexualité quand celle-ci est autorisée.

6 - elle favorise la répression contre les femmes si ces dernères se découvrent. Les cas ne manquent. Et les peines ne sont pas légères.

7 - Les peines ne sont pas rien, elles sont la vérité d’un système hypersexiste et hyperpatriarcal.

Inutile de me dire que le sexisme existe ailleurs, ni de me donner des chiffres et des analyses, car les ppro-voiles m’innondent de cela. C’est leur argument majeur ! Il ne porte pas car je critique aussi le sexisme ordinaire, les viols et les inégalités hommes-femmes.

Christian