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MANIFESTATION LE 15 NOVEMBRE CONTRE LE G20

13 novembre 2008, 14:33

FORTIS — Vécue de l’intérieur

Journal d’un "PFB" ---- Parce que Fortis le vaut bien
Jeudi, 13 Novembre 2008

AVERTISSEMENT

Ce site N’est PAS un canal de communication officiel de Fortis. Il s’agit juste d’un journal personnel d’un simple membre du personnel. Les opinions exprimées ici ne reflètent que l’avis de leur auteur et n’engagent d’aucune manière Fortis, son réseau commercial ou ses collaborateurs. Les informations officielles sur Fortis sont disponibles UNIQUEMENT sur le site officiel de Fortis : www.fortis.be

 11-11-2008 | Général

La grande glissade

Bonjour,

Mais qui a donc jeté toutes ces peaux de bananes devant le 16 rue de la Loi ? Après les attentats pâtissiers, assistera-t-on à une série d’attentats bananiers ?

Plus sérieusement, on peut effectivement se demander quelle mouche a donc piqué nos politiciens pour que l’un après l’autre, ils finissent par déraper verbalement... Et donc, après Didier Reynders, voici le tour de Yves Leterme.

Je parle bien évidemment de sa sortie sur les conséquences — selon lui — possibles d’une annulation de la vente à BNP Paribas : "l’Etat retirera son apport financier et ce sera une bonne nouvelle pour le budget".

Une fois pour toutes, soyons clair :

Il est vrai que si l’Etat n’était pas intervenu, la faillite aurait peut-être menacé Fortis (de même que Dexia, Ethias et peut-être aussi KBC). Comme je m’évertue à la répéter, une intervention de l’Etat allant dans le sens de

1. Injection de liquidités en échange d’une prise de participation temporaire dans le capital pour rassurer le personnel,

2. un relèvement du plafond de garantie de l’épargne pour rassurer les épargnants et

3. une garantie d’Etat sur les prêts interbancaires envers Fortis pour rassurer les marchés

relevait de l’absolue nécessité.

Or, ces opérations, si elles ont finalement bien eu lieu — en ordre dispersé — pour toutes les institutions financières concernées par la crise, se sont vues accompagnées, dans le cas de Fortis uniquement, d’un détricotage de la structure même du groupe.

C’est bien sur l’aspect légal de CE point-là que portent l’essentiel des actions en Justice — je ne parle pas des actions dirigées à l’encontre de personnes en particulier.

Que Mr Leterme ne feigne pas de ne pas comprendre ce qui dérange autant les actionnaires que le personnel — dont l’emploi est largement menacé — : personne ne veut la mise en faillite de Fortis, et celle-ci n’est pas inéluctable.

Pour peu que l’Etat agisse de la même façon pour Fortis que pour les autres institutions en difficultés, le résultat sera le même : les épargnants sont rassurés, l’emploi est sauf, et les actionnaires s’y retrouvent.

Dire que "Si les actionnaires veulent en revenir à cette situation (PFB : juste avant la possible banqueroute), ils devront résoudre le problème eux-mêmes" est tout simplement mensonger, car si l’Etat décide de retirer ses billes et de provoquer la faillite, ce sera de sa seule et unique responsabilité.

Rappelons dans ce cas les conséquences pour les trois catégories de belges concernés :

Bloquage des comptes des millions de clients — électeurs — qui ne seront plus à même de percevoir leur salaire ou de payer leur facture le temps de percevoir le montant de la garantie de l’Etat

Débours de l’ordre de 250 milliards d’Euros — le montant des dépôts des clients chez Fortis — que l’Etat devra rembourser aux clients électeurs lésés.

Débours de l’ordre de 240 milliards d’Euros supplémentaires en guise de couverture des prêts interbancaires accordés à Fortis, pour lesquels l’Etat s’est porté garant.

Perte totale pour les 500.000 belges actionnaires directs de Fortis Holding, et électeurs.

Perte indirecte pour les 3 millions de belges — clients Fortis ou non, mais tous électeurs — disposant d’une épargne pension

Perte indirecte pour des millions d’autres belges — électeurs — ayant investis dans des produits divers émis par diverses banques et comprenant en valeurs sous-jacentes des titres Fortis

Mise au chômage de l’ensemble du personnel du plus grand employeur privé de Belgique, à savoir 25.000 électeurs — un tsunami social comme jamais notre pays n’en a connu,

Paiement des allocations de chômage de tous ces nouveaux chômeurs-électeurs supplémentaires à charge du budget de l’Etat.

Mise en difficulté économique de plusieurs milliers de fournisseurs et sous-traitants dépendant totalement ou en partie des contrats passés avec Fortis, et quelques milliers d’emplois d’électeurs perdus supplémentaires dans ces entreprises-là.

Voilà en bref et en résumé ce qui risque d’être l’état de l’Etat, juste avant les prochaines élections régionales, si Mr Leterme — ou Mr Reynders, si on se fie à ses propos de la semaine passée — devaient mettre à exécution les chantages qu’ils exercent sur l’opinion publique et — plus inquiétant — sur la Justice.

Je veux croire que ces paroles ne sont que l’expression de la peur quasi panique qui tenaille nos politiciens, car ils savent très bien que leur position est difficilement défendable devant les Tribunaux.

J’ose espérer que d’autre part, les politiques n’oublieront pas de respecter le sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs, malgré les liens personnels et parfois familiaux dont ils disposent au sein de la Justice.

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Sur l’affaire De Gucht : J’ignore s’il y a "affaire" ou pas. Laissons la CBFA et la Justice faire leur travail. Le délit d’initié est toujours facile à démontrer. S’il y en a eu, il sera puni. Sinon, De Gucht sera blanchi. Point final.

Il ne m’appartient pas de m’exprimer là-dessus, néanmoins, je voudrais juste attirer l’attention sur le fait que Karel De Gucht ne doit pas être l’arbre qui cacherait une forêt.

Si la CBFA veut bien faire son boulot, elle a de quoi s’occuper.

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Les procès à l’encontre des ex-dirigeants : Il y a certainement aussi certaines suspicions qui doivent être investiguées, mais de grâce, évitons le lynchage.

Je sais que c’est frustrant de se sentir mené en bateau par certaines personnes et de perdre de l’argent à cause de cela — n’oubliez pas que je suis membre du personnel, client et actionnaire.

Mais d’autre part, il ne sert vraiment à rien de s’acharner sur l’une ou l’autre personne en particulier. Il y a certes des responsabilités à dégager, mais elles sont collectives.

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Concernant les pratiques de certains bureaux d’avocats, Didier Reynders regagne un point dans mon estime lorsqu’il pointe du doigt à la RTBF les méthodes de certains d’entre eux qui "collectent d’abord des fonds avant d’aller défendre leurs clients".

Je me pose effectivement aussi la question de la déontologie dans cette façon de procéder pour le moins curieuse.

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Enfin, un dernier petit mot, sur la lettre ouverte lancée par des membres du personnel, ou prétendue telle.

D’abord, sachez que je n’y suis pour rien. L’initiative ne vient pas de moi. Je voulais faire cette mise au point car j’ai reçu pas mal d’e-mails sur la question.

On m’a demandé, comme à tout le monde, de la signer. Je ne l’ai pas fait. Car, en mon âme et conscience, cela sent la manipulation à plein nez.

Relisez mes écrits depuis la création de ce "blog". Je m’y suis présenté comme un employé, loyal envers son entreprise, mais je me suis toujours refusé à pratiquer la langue de bois.

Or, quand on lit cette Lettre Ouverte, on entend presque chanter les petits oiseaux. Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Au mieux, c’est vraiment une vision très naïve de la situation. Au pire, la manipulation la plus crasse.

Il suffit de constater que cette lettre ouverte a été publiée sur un site officiel de Fortis, et de savoir que la communication externe de Fortis est — déjà — entièrement supervisée par BNP Paribas depuis Paris.

Quand en plus on voit que tout le personnel a reçu cette lettre avec la suggestion explicite de la signer, via la voie hiérarchique et qu’elle émane des plus hauts niveaux de la Banque.... il suffit de faire 1 + 1 pour se forger une opinion.

Le personnel en agence est sur les rotules : les clients qui viennent leur apporter des pralines avec un petit mot de soutient sont bien moins nombreux que les clients petits actionnaires parfois hargneux qui rejetent sur leur guichetier toute leur colère et les tiennent pour responsables de tout ce qui arrive — ce qu’ils ne sont évidemment pas.

Le personnel administratif est sur les rotules aussi, car malgré les discours rassurants de certains syndicats et des ressources humaines, ils savent bien que de nombreux emplois sont menacés et que les départs naturels ne suffiront sans doute pas.

Les clients ne s’y retrouvent plus non plus quand ils entendent Didier Reynders et Yves Leterme brandir à nouveau le spectre — bien artificiel — d’une faillite pourtant tout à fait écartée. Là, nos ministres portent la responsabilité directe de cette nouvelle vague d’inquiétude pourtant sans fondement. Ils jouent là un jeu réellement dangereux dont ils ne semblent même plus mesurer eux-mêmes toutes les implications possibles.

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Sont-ce les feuilles mortes et la pluie qui rendent le terrain de la communication aussi glissant ?

Je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne, je trouve qu’il est grand temps que tous, ministres, avocats, actionnaires en colère et même certains journalistes se ressaisissent et tentent pour le mieux d’éviter d’autres dérapages.

Je laisse le mot de la fin à un(e) collègue en agence qui m’a envoyé ce très émouvant témoignage dont voici un large extrait :

Cher collègue,

Ce lundi a été la journée de toutes les angoisses en agence. Je ne sais plus ce qu’il faut répondre aux clients et les questions fusent...

(...)

Certains de mes collègues et moi-même, avec un cœur gros comme une patate, avons sauvé "les meubles". Je crois que les propos assassins de ces petits ministres vont nous conduire droit à une vraie faillite si l’on ne corrige pas le tir très rapidement. Mais comment ? Prions pour nos emplois et pour ceux qui nous ont fait confiance. J’ai vraiment peur.

Bon congé.

 Un PFB comme beaucoup d’autres

11-11-2008, 10:20:31

http://fortis.skynetblogs.be/post/6428999/la-grande-glissade