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A. LACROIX-RIZ - D’une crise à l’autre : 1929-2008 "mais en plus grave"

23 novembre 2008, 19:16, par Copas

Les divisions du DKP et du SPD ont fait le reste.Dans leur incapacité a unir les travailleurs et a créer un front populaire d’abord par la haine anticommuniste du SPD.

Et par le mot d’ordre du DKP : rien avec les sociaux démocrates.

Ca vous rappelle rien ?

C’est peut-être légèrement plus compliqué que cela :

1) La social-démocratie avait fait tirer sur la gauche et fait assassiner Liebknecht et Rosa Luxembourg 10 ans avant la grande crise . J’aimerai savoir si Royal avait fait assassiner Buffet, Besancenot et Laguiller si il y aurait une alliance aisée avec le PS.

2) Sur la comparaison implicite entre social-démocratie allemande de l’époque et PS d’aujourd’hui nous avons des partis de nature profondément différente qui rendent absurde une comparaison.
Le PS n’a pas d’influence organisée dans la classe ouvrière, la seule relation avec cette classe est électorale et non militante, encore moins organique, ni non plus politique, etc.

C’est un peu comme les comparaisons entre PS de maintenant et la SFIO d’avant guerre pour justifier des alliances avec la rue Solferino actuelle. Entre un parti , en 1936, qui était hégémonique dans la classe ouvrière, qui contrôlait de bas en haut le syndicat largement dominant de l’époque (la CGT, la CGT pro-communiste était très minoritaire), qui parlait du "grabd soir" et du pouvoir des travailleurs (même si par des élections) , qui défilait poings levés ET le PS de maintenant aucun rapport .

Avec les uns une dynamique était possible parce que c’était un parti des travailleurs, un parti de militants , que donc une politique d’unité de la gauche (du moment que le parti révolutionnaire conserve son indépendance, d’ailleurs l’appel à la fin de la grève faute de volonté d’en développer des structures jouant le pouvoir allait appeler à une terrible régression avec au bout Pétain) était une politique d’unité des travailleurs en lutte qui pouvait soulever une situation, permettre d’occuper des usines, d’avancer.

Tandis qu’avec le PS d’aujourd’hui nous n’avons plus affaire avec une social-démocratie, toute politique d’unité politique avec eux ne se fait pas avec des travailleurs mais avec des nomenclaturistes qui représentent la force largement dominante dans ce parti.

La dynamique unitaire n’arrive pas à passer sur le terrain de la mobilisation sociale.

Les échecs répétés de la gauche depuis 1981 quand elle est arrivée au gouvernement viennent de là, au fond, de la nature même du PS de l’après 1968.

Pourquoi ces expériences d’unité de la gauche n’ont-elles pas soulevé de dynamiques sociales dans un pays qui était capable de ces dynamiques et de mouvements imposants parmi les travailleurs et la jeunesse ?

C’est qu’aucune dynamique d’unité des travailleurs n’est possible par l’unité entre un parti nomenclaturiste et un parti de travailleurs. On unifie rien du tout.

Sans cesse et sans cesse dans ce qui reste de la gauche militante et ouvrière reviennent ces tentations d’unité avec le PS sous des rêves d’une autre époque, mais ce ne sont finalement que des tentations affaiblissantes pour la gauche et qui renforcent les tendances les plus proches, parmi les autres partis (fractions du PCF,de la LCR, Politis, PdG), des nomenclaturistes du PS.

La dynamique unitaire se fait sur le terrain , si le PS est capable d’y aller, si il est capable de voter non aux cadeaux géants de Sarko aux financiers nécessiteux, de prendre part à la mobilisation sociale, organiser la grève, les occupations, etc , OK...

Mais on peut rêver....

A noter d’ailleurs qu’une dynamique unitaire à gauche , sans le PS donc (sauf quelques factions très minoritaires de celui-ci), ne sera possible, c’est à dire apte à soulever la mobilisation populaire, que si c’est sur le terrain même de la mobilisation sociale que l’effort commun essentiel est fait .

Si c’est uniquement pour avoir quelques élus (de +), ça a déjà été fait, et en plus grand, sans que cela n’aille bien loin.

Le centre de toute progression à gauche, réellement, est dans la capacité à aider le mouvement social à prendre et reprendre la main à haut niveau.

Il n’y a pas de dynamique de gauche possible qui ne soit pas d’abord une mobilisation sociale.