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Stratégie sociale et politique : unir le peuple-classe.

28 novembre 2008, 08:45, par CD

La notion de peuple est floue ; celle de peuple-classe se veut plus précise.

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La notion de peuple ne figure pas dans Alter, notre dictionnaire. Elle est floue . Par contre, celle de peuple-classe (ou quasi-classe) se rapporte à une conception de la domination et des rapports de domination. Il ne s’agit pas d’une notion globale ou chacun met un contenu variable . Pourtant elle est plus large que celle de prolétariat ou de salariat. Le peuple-classe exclue en-haut mais intègre en-bas : la notion intègre les résidents extra-européens, les "sans", les petits paysans et artisans mais pas la bourgeoisie nationale dominante et plus encore la transnationale.

La notion même de classe sociale est un objet de lutte, tant dans le champ universitaire qu’en dehors. Il en va de même de la lutte de classes. Certains sociologues théorisent une société stratifiée en groupes et débattent des critères. Les même ou d’autres vont développer une sociologie du consensus, de la coopération, ou de la "société unidimensionnelle" (hiérarchiquement stratifiée) ou de la division entre inclus et exclus qui débouchera sur celle de la "cohésion sociale" , tout donc sauf des luttes de classes . Bref il existe une lutte de classement dans le champ universitaire et extra-universitaire (médias, syndicats, partis politiques) . C’est déjà un acquis de l’histoire des sciences sociales. "L’émergence de la notion de classe s’est accompagnée d’un effort pour occulter les conflits de classes" écrit Larry Portis (2) dans un ouvrage qui fait l"histoire de ces luttes de conceptions. L’ouvrage ne porte pas principalement sur la définition des classes mais sur l’évolution des modes de classement : "classer c’est définir et définir c’est juger".

Ces luttes de classement sont passible d’une histoire : Un histoire qui révèle une répétition dans le temps de la dénégation quand d’autres améliorent leurs analyses des classes et des luttes en fonction du contexte .La répétition avec quelques variations relève de l’idéologie, "une prophétie réïtérée" (S Bosc) celle de la fin des classes et des luttes alors que la démarche scientifique marxiste cherche à préciser quels groupes ou classes sont en luttes en fonction d’un contexte social et économique. Un troisième acteur scientifique mais sur le mode stratificationniste est apparu avec le corps de "la statistique d’Etat" dans de nombreux pays. Déterminer des groupes sociaux est devenu chose complexe, affaire de professionnels de par l’importance des matériaux néce . Un même auteur peut alors changer dans ses théorisations. C’est le cas de Bourdieu notamment. Au-delà de ses variations de définition, il a à une période donnée fait reculer les conceptions durkheimmiennes de l’intégration des exclus - ce qui était positif à mes yeux - ; conception qui reviennent maintenant sous couvert des politiques de "cohésion sociale" qui voit l’Etat libéral faire la promotion du RMI de misère ( à la place du SMIC pour tous) ou d’autres revenus minimalistes de remplacement portant des noms divers suivant les gouvernements et les années.

Christian Delarue

1) Sur le peuple-classe il y a deux contributions sur le site d’ATTAC France, les autres sont sur amitie-entre-les-peuples.org.

Peuple-nation et peuple-classe - C Delarue

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article470

2) Larry Portis Les classes sociales en France - Un débat inachevé (1789 - 1989)
F Dubet "Inclus/exclu : une opposition pertinente ?" Cahiers françai n°314 La Documentation française