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LES NAUFRAGEURS DE LA VOIE LACTEE

22 septembre 2009, 12:46

Villecomtal. 120 000 litres de lait épandus devant Danone

120 000 litres de lait ont été épandus, hier, en début d’après midi, par des éleveurs laitiers des Hautes-Pyrénées et du Gers membres de l’APLI (association des producteurs de lait indépendants) dans un champ qui fait face à l’entrée de l’usine Danone à Villecomtal-sur-Arros.

Dix-sept tracteurs en rang serrés, tirant des tonnes à lisier aspergeant le chaume d’une pluie de lait : c’est le triste spectacle qu’ont vécu, hier, une centaine de producteurs acculés à piétiner leur travail. Un silence grave et même des larmes ont accompagné cet acte « qui montre notre désespoir et notre volonté d’aller jusqu’au bout » témoigne une éleveuse de Madiran. Cela fait maintenant une semaine que nous jetons notre lait dans les fosses à lisier ». Nombreux sont ceux qui d’ailleurs pratiquent le don de lait à la ferme tout en faisant des distributions en ville sur les marchés, voire au près d’association caritatives, telle Emmaüs à Pau.

La FNSEA en accusation

« Aujourd’hui, notre action devant la porte de Danone est notre réponse au gouvernement », déclarait hier Jérôme Duffau, l’un des délégués départementaux de l’APLI. « Le gouvernement dit que seule une minorité de producteurs est dans le mouvement de la grève du lait, or le mouvement est européen, il touche aussi Belgique, Hollande, Allemagne, Italie, Espagne. Nous demandons un prix à la production identique pour tous.

Notre action est aussi une réponse à la FNSEA, le syndicat majoritaire qui nous enfonce ». « Ras la casquette de la FNSEA, renchérit Christian Manauthon, vice-président national de l’APLI. Les JA 64 on rejoint le mouvement. Si la grève dure, c’est la faute à la FNSEA qui n’écoute pas ses adhérents ».

Par la grève du lait, les producteurs entendent défendre leur profession mais ils alertent aussi les industriels « qui, à terme, pourraient être amenés à disparaître quand on aura fini de nous conduire à la casse ».

Après l’épandage des 120 000 litres de lait, une délégation de laitiers a été reçue par M. Sago, directeur du site Danone de Villecomtal. « Il nous a dit comprendre notre désarroi, mais se dit impuissant à le résoudre ».

Ils revendiquent de 0,10 à 0,15 € de plus par litre

0,25 € le litre, c’est ce qui est actuellement payé en France aux producteurs de lait. Ce qui les met dans la situation de produire à perte. Ils demandent d’être payés 0,35 à 0,40 € le litre « pour au moins obtenir l’équivalent d’un Smic pour 70 heures de travail par semaine ». Ce sont les producteurs les plus récemment installés qui, dans l’impossibilité de rembourser les prêts pour les mises aux normes européennes de leurs salles de traite, qui sont le plus en difficultés.

« Nous ne pouvons pas financièrement jeter du lait, mais par solidarité avec les grévistes en détresse nous ferons un don de 1 000 litres/semaine, à la ferme, dès lundi, nous ont dit Thierry, Angeline et Emmanuel Ciapa, de Castelnau-d’Arbieu. M. Guilbert, à Puységur, s’associe à notre action ».

Les laitiers du Modef mobilisés à la préfecture

Cinq bidons de 20 litres de lait, trait à Condom, ont été déversés, hier matin, devant la préfecture par une délégation d’éleveurs laitiers du Modef. Ils venaient d’être reçus par le directeur de cabinet du préfet auquel ils ont expliqué « le désespoir des agriculteurs du Gers étranglés par la situation désastreuse de l’agriculture française. Une situation inadmissible qui profite aux agrimanagers et aux multinationales » a dénoncé André Belvèze, le président départemental du Modef. Les filières fruits et légumes, céréales dont les cours viennent de s’effondrer de moitié, élevage viande et lait ont été associées au plaidoyer. Le revenu agricole a chuté de 48,5 %.

« Ce sont les industriels qui ont fait leur beurre avec notre lait, résume François Rossi. Pendant 30 ans, avec mon frère, nous avons livré nos berlingots de lait frais aux Condomois ainsi que les collectivités : hôpital, maison de retraite, lycée. Il y a 4 à 5 ans, la DDSV nous a signifié qu’il était interdit de livrer les collectivités en lait cru. Aujourd’hui notre collecte est récupérée par Sodial et s’en va à Montauban, Villecomtal, Pau… Notre lait revient en poudre dans les collectivités où il est reconstitué avec l’eau du robinet. Un lait que l’on nous achète 250 € les mille litres ».

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