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ROLAND LEROY : " L’ERREUR DES POUVOIRS SPÉCIAUX "

17 juillet 2010, 10:48, par Cros Jacques

L’erreur est humaine mais persévérer est diabolique !

J’avais déjà eu l’occasion, c’était à Béziers dans le cadre d’élections régionales, d’entendre Roland Leroy exprimer des doutes sur le bien-fondé du vote des pouvoirs spéciaux à Guy Mollet en 1956 par les députés communistes.

Certes il est aujourd’hui plus facile de porter un jugement qualifié sur ce vote que lorsque il a eu lieu. Mais puisque c’est plus facile pourquoi cela n’est-il pas fait ?

Les conséquences de ce vote on les connaît. C’est la poursuite pendant 6 ans de la guerre en Algérie, c’est l’envoi du contingent dans ce pays, c’est le rappel des soldats qui avaient été libérés de leur service militaire. C’est aussi le Coup d’Etat de 1958, la fin de la IV ème République et le retour de De Gaulle au pouvoir. C’est l’OAS et ses crimes…

L’UMP et le Front National avaient manifesté à Palavas pour tenter de récupérer les voix des Pieds Noirs ou des harkis. La démarche de Frêche est-elle fondamentalement différente avec son musée à la gloire du colonialisme et sa défense de l’article 4 de la loi du 23 février 2005 ?

Qu’il se soit laissé aller à des excès de langage au point d’utiliser pour parler de Maghrébins un mot qui se traduit en allemand par « Untermensch » n’est que l’aboutissement d’une certaine vision des choses.

On peut s’offusquer de ce dérapage, ce n’est pas suffisant. Il faut chercher à savoir ce qui se cache sous la partie visible de l’iceberg. Qu’un élu communiste, Gayssot pour ne pas le nommer, qui était à cette époque encore membre du pcf, ait pu s’abriter derrière l’aspect plus sexiste que raciste de l’expression « sous-homme » pour en minimiser la signification relève d’une «  kolossal finesse » !

Qu’un député communise ait pu se contorsionner quand des comptes lui ont été demandés après qu’il ait proposé que les victimes de la rue d’Isly soient reconnus « Morts pour la France » en dit long sur la dérive réformiste et électoraliste dans laquelle sont tombés certains dirigeants.

Ne pas analyser ce qui est jeu c’est en fait n’offrir d’autres perspectives qu’une alternance qui ne résout rien. Battre la droite ? Pourquoi faire ? Ce qu’a fait la gauche pendant les années des trois dernières décennies où elle a été aux affaires ?

On nous vanterait volontiers les espoirs offerts par un retour de la gauche au pouvoir. Est-ce si exaltant comme projet ?

On vantait aussi ce que la France avait fait en Algérie. Est-ce parce que les Algériens étaient masochistes qu’ils se sont engagés dans une lutte difficile mais courageuse pour leur indépendance ?

Est-ce parce que les Français sont ingrats qu’ils se sont prononcés comme ils l’ont fait le 21 avril 2002 et comme, à coup sûr, ils se prononceront demain si les choses ne changent pas vraiment ?

Quelle crédibilité peut avoir la gauche ? Aucune, si elle poursuit dans la même voie, avec en particulier, c’est révélateur, même si la problématique actuelle ne se réduit pas à cela, celle du refus de rompre avec son passé colonial.

La condamnation de la politique d’une droite particulièrement réactionnaire ne rend pas les électeurs aveugles.