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le protectionnisme d’abord, le nationalisme ensuite

15 mars 2010, 16:26, par MatRen

Cet article est un mélange étrange de clairvoyance et de pensée unique.

C’est une aberration que de parler du "protectionnisme" comme s’il s’agissait d’une essence indivisible flottant dans l’éther divin. C’est comme si on parlait des "impôts" en regroupant tout à la fois l’impôt sur les dividendes et la TVA, ou de "mouvement social" pour désigner une grève ouvrière aussi bien qu’un lock-out patronal. Comme les mouvements sociaux et les impôts, le protectionnisme possède un caractère de classe. Entre une subvention aux exportations versée aux frais de la collectivité dans la trésorerie des entreprises - c’est-à-dire dans la poche des actionnaires - et une taxe à l’import prélevée sur les entreprises qui délocalisent et reversée aux catégories populaires, il n’y a rien en commun. Une frontière nette les sépare, traçant la limite entre un protectionnisme bourgeois et réactionnaire destiné à assurer les profits des transnationales quitte à recourir au nationalisme et à l’impérialisme, et un potectionnisme prolétarien et social destiné à mettre les acquis sociaux des travailleurs des pays développés à l’abri du dumping, sans abandonner un seul pouce de la solidarité internationaliste.

Comme tu sembles l’avoir compris, la mondialisation n’est pas durable. On ne peut pas continuer impunément à ballader des haricots en avion et à transformer l’occident en une civilisation de chômeurs-consommateurs de produits asiatiques. Les excès écologiques et économiques de la mondialisation nont cessé de creuser la tombe dans laquelle elle s’apprète à tomber ... à nouveau. Car le dérapage libre-échangiste dont nous sommes les contemporains n’est pas le premier de l’histoire. Les canaux de Suez et de Panama surent creusés longtemps avant le GATT et l’OMC. Le premier règne de la mondialisation a culminé au début du XXème siècle pour engendrer la Première Guerre Mondiale.

Compte-tenu de l’effrondrement inéluctable du sous-système mondialiste, le choix de demain n’est pas entre le protectionnisme et le libre-échange. Il est entre un protectionnisme social, et un protectionnisme réactionnaire qui nous mènerait au nationalisme et à la guerre.

Nous avons besoin d’un protectionnisme social. Une taxe douanière sur les importations, d’autant plus élevée que le pays d’origine des marchandises paye mal ses travailleurs. Au niveau européen autant que possible, au niveau national autant que nécessaire. Reversée intégralement aux classes populaires pour assurer le maintien du pouvoir d’achat.

Les entreprises délocalisent ? Ramenons-les par la peau des fesses !

MatRen