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Un communiqué du Front Syndical de Classe

Publie le vendredi 30 avril 2010 par Open-Publishing
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La France des travailleurs privé/public va-t-elle être livrée
au capital sans combattre ?

La période que nous vivons est celle de l’impérialisme agressif, des politiques néolibérales contre les travailleurs et de la crise économique internationale du système capitaliste. Cette crise s’exprime dans tous les secteurs : l’économie, l’environnement, la qualité de la vie, la culture et le changement climatique. Ces crises sont dans les gènes du capitalisme et pour cette raison elles ne sont ni accidentelles, ni temporaires. Et il est impossible pour le capitalisme de résoudre les problèmes des peuples du monde puisque son fonctionnement aboutit, à travers les crises, les guerres et l’exploitation, à l’appauvrissement du plus grand nombre et à l’enrichissement de la minorité qui détient le Capital.

En Europe, casse de l’emploi, privatisations, diminution de la sécurité sociale, réduction des salaires et des pensions sont la stratégie commune de tous les gouvernements européens qu’ils soient néolibéraux ou socio-démocrates, tous appuyés sur l’UE au service des monopoles capitalistes.

En Grèce, le peuple est en lutte contre la casse totale de tous les acquis sociaux que le gouvernement socialiste, les monopoles capitalistes et l’UE programment, prenant prétexte de la crise et de la faillite qu’ils ont eux-mêmes créées. La gravité de la situation entraîne une très vive réaction populaire, impulsée par de grandes organisations de classe, à commencer par le PAME, qui arme les travailleurs en ciblant le grand capital et l’UE pour créer un rapport de force global.

En France, la situation n’est guère meilleure : emplois, salaires, protection sociale, services publics, tout doit disparaître selon les ordres du MEDEF et de son gouvernement, tandis que la pauvreté et la précarité font des bonds de géants et que les profits s’accumulent dans les coffres des riches.

Mais, alors que les luttes en bas dans les entreprises gagnent en intensité (cheminots, Airbus, dans toutes ces PME qui ferment boutique...), que signifie le silence assourdissant de la CGT nationale, son refus depuis des années de soutenir les salaries en lutte qui souffrent de l’isolement et n’ont d’autres perspectives que de se réfugier dans les séquestrations pour sauver des primes de licenciement leur apparaissant comme dernier recours ? Ce manque de soutien, d’efforts pour généraliser le combat se double d’un appel permanent à des « négociations » à froid avec Sarkozy, avec le Medef ou lors de grands rendez-vous qui n’ont pour résultat que de laisser du temps au pouvoir pour passer tous ses mauvais coups (Sommet social, Assises de l’industrie,...). Les simulacres de négociation amusent la galerie et exonèrent de leurs responsabilités ceux qui, au nom du profit maximum, bradent à la vitesse grand V notre industrie de base.
H. Krasuki prévenait déjà en en 85 : « la France ne doit pas devenir un pays de bronze-culs ». Et bien s’il n’y a pas de sursaut national, c’est la perspective, et ne nous y trompons pas le démantèlement du tissu industriel, c’est l’appauvrissement de notre éducation, de notre sécu, de notre hôpital...

Concernant les retraites, on constate les mêmes pratiques et le refus d’engager la mobilisation des travailleurs à partir de leurs revendications. La plate-forme du syndicalisme rassemblé au sommet derrière Chérèque entérine la nécessité d’une « réforme des retraites » et tous les dirigeants syndicaux se précipitent chez Sarkozy et Woerth pour feindre de discuter alors que le programme du gouvernement est clairement défini : casser les retraites par répartition et les pensions des travailleurs.
Pour la CFDT, Chérèque a été clair le 25 avril et a annoncé la couleur comme en 2003 : un acquis social est fait pour être aménagé ! Egal à lui même, il en a profité pour vomir sur la lutte des cheminots. Le bourgeois de Calais du syndicalisme est clairement dans le camp patronal, rien à espérer de ce côté.
Quant à B. Thibault, aucun militant, à part son conseiller spécial le Duigou, ne sait ce qui s’est dit avec Sarkozy. Toujours est-il que gouvernement et Medef semblent rassurés puisque dès mardi 27 avril, tous les médias aux ordre martelaient le plan Sarkozy : les 60 ans, on n’y touche pas mais comme pour les médicaments, il y aura une franchise avec décote jusqu’à 62 ans (65 réclame le MEDEF !). Rappelons que c’était la proposition de Martine Aubry avant les Régionales : il y aura bien consensus sur la question des retraites, le même qu’au sommet européen de 2002 à Barcelone où Chirac et Jospin signaient ensemble le recul de l’âge de la retraite de 5 ans dans toute l’UE.

Et côté directions syndicales, on se prépare activement... à ne pas s’opposer frontalement dans la ligne de la Confédération Européenne des Syndicats (CES) à laquelle appartiennent toutes les confédérations françaises. Nous ne répèterons jamais assez que la CES, créée par Bruxelles pour accompagner le capitalisme et actuellement co-dirigée par la CGT et son représentant J. Decaillon, a approuvé l’accord de Barcelone de 2002, la constitution européenne de 2005 et le traité de Lisbonne bafouant le non de la classe ouvrière imposé à B. Thibault lors du référendum de 2005.

Les travailleurs en Europe et en France sont à la croisée des chemins : se battre tous ensemble avec un rapport de force d’une ampleur inégalée ou subir un terrible recul de civilisation annulant des décennies de conquêtes sociales. C’est en ce sens que de nombreuses organisations de base de la CGT écrivent au bureau confédéral pour dire qu’il n’y a rien à négocier et surtout pas le recul social, que la CGT avec son influence doit prendre ses responsabilités pour mettre le rapport de force en route (ces appels doivent continuer à se multiplier et nous appelons tous les militants du FSC à agir en ce sens). Dans cette situation, ou le secrétaire général de la CGT descend dans l’arène avec les militants et organise la lutte générale ou il continue ses visites chez Sarkozy et l’affaire est pliée (et comme il sait le faire, il déclarera que c’est la faute des travailleurs qui ne se sont pas battus).

Les directions syndicales nationales désormais arrimées aux institutions du capitalisme portent jusqu’à présent une terrible responsabilité par leur refus d’expliquer les terribles enjeux du moment et de préparer les mobilisations indispensables.
Il n’est qu’un précédent historique comparable : en 1939, tandis que la droite au pouvoir et le patronat déclaraient « plutôt Hitler que le Front populaire », Léon Jouhaux, secrétaire général réformiste de la CGT, se mit à exclure de la CGT tous les militants combatifs qui finirent dans les prisons de Pétain ou, comme Benoit Frachon, dans la clandestinité, tout ceci débouchant sur ce qui s’appela la drôle de guerre où la France fut livrée au nazisme sans combattre.

Aujourd’hui devant la gravité de la situation, la question est posée : B. Thibault sera- t-il Jouhaux ou Frachon ?

TRAVAILLEURS, ENSEIGNANTS, ETUDIANTS,
IL VA FALLOIR SE BATTRE TOUS ENSEMBLE OU LA MISÈRE VA S’ÉTENDRE !

Contre la casse des retraites, des services publics, de l’emploi, des salaires, contre les plans de « régression sociale » en préparation dans toute l’UE et déjà imposés à la Grèce ou à l’Espagne, c’est tous ensemble en même temps à partir de nos luttes à la base que nous pourrons imposer au patronat et à son pouvoir, comme en 36, 45, 68 ou 95, des conquêtes qui mettront un terme aux reculs sociaux subis depuis 25 ans.

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