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Un film sur L’Aquila, sélectionné à Cannes, met en colère le gouvernement italien (video)

Publie le dimanche 9 mai 2010 par Open-Publishing

Le ministre de la culture italien a décidé de ne pas se rendre au festival de cinéma de Cannes, en raison de la sélection de Draquila, "film propagande" selon lui, sur la gestion par le gouvernement Berlusconi du tremblement de terre de L’Aquila. Sandro Bond, un proche de Silvio Berlusconi "a décliné l’invitation à participer au prochain festival de Cannes en exprimant son regret et son trouble" face à la sélection de ce film, "qui offense la vérité et le peuple italien dans son entier".

Draquila – l’Italia che trema (Draquila, l’Italie qui tremble), de Sabina Guzzanti, une imitatrice spécialiste de la satire politique, figure dans la sélection officielle, hors compétition, et doit être projeté en "séance spéciale" lors du 63e Festival de Cannes, qui se déroule du 12 au 23 mai.

Selon des rushes non utilisés vus à la télévision, Sabina Guzzanti, grimée à l’image du chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, y dénonce une mainmise d’hommes proches du pouvoir sur les projets de reconstruction de la ville. Dans une interview au site internet Articolo 21, elle a expliqué qu’elle voulait montrer que "les habitants de L’Aquila sont restés sous la tente pendant six mois seulement parce que le gouvernement voulait faire voir le ’miracle’ des maisons" remises en grande pompe aux sinistrés à partir de septembre dernier. "Ce film est une réflexion sur la dérive autoritaire de ce pays", a ajouté la réalisatrice.

"UN MINISTRE QUI A HONTE D’UN ARTISTE LIBRE"

Le seul réalisateur italien figurant dans la sélection officielle de Cannes cette année avec La Nostra Vita, Daniele Luchetti, a vivement critiqué le boycott décidé par le ministre Bondi. "Je ne sais pas trop quoi dire à propos d’un ministre qui a honte d’un artiste libre", a-t-il déclaré aux médias italiens samedi. "Un pays libre doit montrer ce type de spectacles. Il faut être fier d’emmener à l’étranger une telle démonstration de liberté", a ajouté le cinéaste dont le film sortira le 21 mai dans les salles italiennes.

Le député européen du parti de centre-gauche Italie des Valeurs, Luigi de Magistris, a été encore plus dur à l’égard du gouvernement. "Ceux qui insultent la liberté et le peuple italien, ce ne sont ni l’art ni l’information, mais un ministre qui au lieu d’honorer ses engagements institutionnels récite le rôle de fidèle serviteur du premier [ministre] en désertant [Cannes]."

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