Accueil > Les métropoles globales, la finalité de la mondialisation capitaliste !

Les métropoles globales, la finalité de la mondialisation capitaliste !

Publie le jeudi 3 juin 2010 par Open-Publishing
8 commentaires

de Michel MENGNEAU

On en parle peu, cependant à l’Assemblée les discussions sur la réforme territoriale avancent. Enjeu important qui va « recentraliser » les compétences afin de donner plus de pouvoir à l’état. C’est là un pas de plus vers une autocratie voulue par l’actuel chef de l’Etat.

Mais il y a aussi la volonté de donner plus de force à l’imprégnation capitaliste en favorisant les métropoles, c’est le second aspect du projet, et non le moindre.

Métropoles technocratiques dont la compétitivité mondialisée devrait servir de pôle d’attraction aux multinationales. Compétitivité, concurrence libre et non faussée sont des critères dont se gargarisent les capitalistes, les spéculateurs, mais qui font très souvent mauvais ménage avec les avancées sociales.

On connaît le résultat puisque rentabilité et productivisme sont synonymes de baisses des salaires, exploitations outrancières, esclavagisme moderne.

Donc, les métropoles favorisant ces principes sont au cœur du débat ainsi que l’a rappelé Jean-Jacques Candelier, lors de la 1ére séance à l’Assemblée Nationale le mercredi 26 mai 2010 :

« La métropole se substituera aux communes en matière de développement et d’aménagement économique, social et culturel, d’aménagement d’espace métropolitain, de politique locale de l’habitat, de gestion des service d’intérêt collectif et de protection de l’environnement. »

Il est inutile de citer plus longtemps les propos de ce Député particulièrement perspicace puisqu’en quelques lignes il a tout résumé. C’est-à-dire que la partie de la France qui va se trouver hors des zones d’influence et d’expansion des métropoles va se trouver au second plan des aménagements, si elles ont la chance d’avoir quelques subsides dus à quelques intérêts particuliers ce sera alors un peu comme une aumône, sinon ce sera la précarité. On va donc voir des secteurs du territoire suréquipés tandis que d’autre vont tomber à l’abandon. D’autant que les métropoles vont pouvoir se substituer aux régions dans plusieurs domaines comme par exemple, la construction, l’aménagement des lycées, etc.

La désertification rurale existante des zones éloignées va s’en trouver accentuée. Beaucoup de villages de nos campagnes ne seront que des pôles d’attraction touristiques, ceux qui naturellement ont un caractère particulier auront au moins cette chance (si l’on peu considérer cela comme une chance !), quant aux autres, lorsqu’ils seront dans des campagnes moins spectaculaires, on peut imaginer aisément quel sera leur destin !

Pourtant la relocalisation dans nos communes permettrait de reconstruire un tissu social différent, mais, sans doute, les capitalistes pressentent-ils le danger de telles initiatives puisque l’on pourrait y voir fleurir des petites unités de fabrication autogérées. Et pourquoi pas, la reprise en main de la gestion de l’eau par les communes, la méthanisation locale de nos déchets, les exemples ne manquent pas d’initiatives tournées vers l’usage qui serait le moteur de la localisation, le tout géré par une démocratie directe, active et locale.

Et bien non, on nous propose dèjà de diminuer de moitié le nombre d’élus locaux en regroupant les collectivités. Des prérogatives plus fortes seront aussi données aux Préfets afin de rationaliser les cartes intercommunales, c’est-à-dire que ce sont eux qui décideront des associations intercommunales. Il est évident que ceci sera sous la tutelle toute puissante de l’Etat, un renforcement du centralisme décisionnaire en quelque sorte. Ce ne sera même pas un centralisme démocratique car la démocratie directe et active semble totalement absente de ce projet. D’autant qu’il y a aussi un aspect auquel on ne pense pas, c’est que l’on va favoriser encore plus la professionnalisation des élus.

Des élus qui se trouveront décalés du peuple qui devrait être souverain, des élus qui vont être de fait simplement les gestionnaires du capitalisme en favorisant plus un aménagement qu’un autre, ainsi que cela a déjà commencé avec les projet intempestifs d’aéroports, ou de ligne pour le TGV ; Notre-Dame-Des-Landes étant le meilleur symbole de la futur métropolisation du territoire, et ceci avec le concours de socialistes qui font un accompagnement parfait à l’hégémonie capitaliste.

Ou cela devient aussi insoutenable, voire aberrant, c’est lorsque dans le projet du Grand Paris on a la stupeur de découvrir que la future « Société du Grand Paris » sera conçue en société anonyme avec la possibilité d’expropriation et d’urbanisation sur quatre fois la surface de Paris, c’est ni plus ni moins que la privatisation de l’espace publique qui se met en place à la façon des villes privées étasuniennes, rappelons qu’elles sont déjà environ 20 000.

Cette réforme territoriale sera donc la sublimation du système capitaliste par la mise en concurrence des territoires et des métropoles laissant un espace de liberté encore plus fort à l’exploitation consumériste et aussi au déséquilibre dans la diversité territoriale. Et n’oublions pas que la biodiversité en sera aussi l’une des grandes perdantes de cette ineptie.

http://le-ragondin-furieux.blog4ever.com

Messages

  • Comme c’est probablement l’une des réformes la plus importante du quinquennat à Sarkozy, j’ai rajouté ce qui suit :

    Cette réforme territoriale sera donc la sublimation du système capitaliste par la mise en concurrence des territoires et des métropoles laissant un espace de liberté encore plus fort à l’exploitation consumériste et aussi au déséquilibre dans la diversité territoriale.

    Et n’oublions pas que la biodiversité en sera aussi l’une des grandes perdantes de cette ineptie. Expansionnisme tentaculaire, transports et déplacements augmentés, individualisation trop éparses de l’habitat en zone péri-urbaine grignotant inlassablement l’espace cultivable, prolifération des grandes surfaces de consommations, usines surdimensionnées, tout un panel de perspectives allant à contre-courant d’une consommation d’espace et d’énergie moindre.

    Seul sera gagnant le productivisme capitaliste !

    Exigeons un référendum sur cette réforme…

  • Excellent démontage de cette décentralisation recentralisante.

    Chez nous, la super-agglo est en vue ; mon bled ayant échappé à l’agglo, faudra voir ce que ça va donner.

    En tous cas, tout ça ne va pas dans le sens de l’écologie, en plus : l’emploi se concentrant dans la métropole, et les villages avoisinants devenant des cités dortoirs, bonjour les kilomètres au quotidien !

    Hasta siempre amigo Miguel

    • Si j’insiste un peu sur cette réforme c’est qu’elle est probablement la touche finale de l’hégémonie capitaliste.

      Je sais que les retraites sont préoccupantes et de priorité.

      Mais la réforme territoriale doit aussi attirer notre attention car c’est l’enterrement de la démocratie directe et la privatisation totale de tous nos espaces par les capitalistes. C’est la finalité de l’imprégnation capitaliste et lorsque l’on sera dirigé par des dirigeants de métropoles parfaitement inféodés il sera trop tard pour faire machine arrière.

      Déjà que la contestation molle est le drame de la reconquête sociale, quand les structurations capitalistes seront en place il sera encore plus difficile de faire valoir les droits du peuple d’autant que beaucoup d’individus seront formatés au consentement.

      Pour aller au fond du raisonnement, il y a une notion qu’il faudrait commencer à contester, c’est le fait que nos sociétés ne sont gérées que sur des notions d’éconnomie, éconnomie capitaliste qui plus est.

      A la limite est-ce utile de ne raisonner qu’en terme éconnomique pour apporter le "bien-être", la notion de croissance n’est-elle pas obsolette comme l’est incontestablement la centralité sociétale qu’est le travail...d’ailleurs le consumerisme, le productivisme, la centralité du travail, sont les bases de l’éconnomie qui permet le profit seulement réservé à une olligarchie. Donc, il faut que l’on revienne à des notions comme moins de biens, plus de liens, et surtout aller vers un vrai partage des richesses, richesses qui sont d’abord la meilleur répartition de la monnaie d’échange que devrait être le travail. A partir de là, la notion d’éconnomie telle qu’on la conçoit dans le système actuel devient une valeur inutile...

  • La mondialisation instaurée depuis plus de 30 ans a dépossédé les citoyens et leurs territoires du pouvoir économique (et culturel,...). Je suis d’accord que notre gouvernement actuel continuer de jouer à fond le pari de la théorie néo-libérale avec cette politique de métropolisation et de spécialisation des grands pôles urbains de production...
    Cependant, les gens sont-ils prêt aussi à un retour total à la terre, à la réappropriation de nos territoires en dehors des microcosmes des métropoles ?
    Combien parmi les personnes lisant cet article vivent ou travaillent en ville et surtout combien souhaitent vivre ou travailler ou à la campagne ?

    • La question n’est pas essentiellement celle-là. IL s’agit surtout du pouvoir économique et politique que vont représenter les métropoles.

      Il est évident que tout le monde ne vivra pas à la campagne par choix, tous les goûts sont dans la nature et c’est tant mieux. Mais cela n’implique néanmoins que l’on doit pas laisser s’installer des hydres tentaculaires ouvertes à un ultra-libéralisme débridé et concurentiel, car là est le vrai danger !

      C’est donc une autre conception de la cité sur laquelle il faut se pencher, le partage, la gratuité, le service pour la collectivité, ralentir les villes, devraient être les moteurs de l’évolution de nos futures agglomérations, je doute que ce soit le cas avec la réforme que l’on veut nous imposer...c’est pourquoi qu’un référendum serait bien vu !

    • Comment on organise un référendum ? Et tant qu’à faire on peut aussi en faire un sur les OGM, les retraites ?
      Bon désolé de déborder... Je suis tout à fait d’accord avec toi sur la question de la réforme territoriale alors comment concrètement on bosse sur cette contestation et organiser un référendum ?

  • je me faisais insulter d’antisémite ou de raciste quand je disais que le grand lyon ou le grand paris était la finalité de grand projet capitaliste , ca me fait plaisir de voir que je ne suis pas le seul a le penser .

  • Pour plus de clarté, un extrait plus long de l’intervention de Candelier...

    Enfin, votre projet de loi entend s’engouffrer dans la concurrence territoriale en donnant la priorité aux métropoles. Celles-ci sont en réalité des sortes de mégalopoles technocratiques, dont l’objet sera de constituer des pôles de compétitivité et d’attraction pour entreprises multinationales.

    La métropole se substituera aux communes membres en matière de développement et d’aménagement économique, social et culturel, d’aménagement de l’espace métropolitain, de politique locale de l’habitat, de politique de la ville, de gestion des services d’intérêt collectif et de protection de l’environnement.
    Les compétences, volées au département et à la région, feront de ces derniers des acteurs de second plan, dépourvus de pouvoir, tout juste bons à subventionner les territoires exclus des métropoles parce que pas assez compétitifs. Vous préparez une France à deux vitesses.
    La métropole se substituera aussi aux départements en matière de transports scolaires et de gestion des routes.

    Elle pourra, par convention avec le département, être compétente en matière d’action sociale, de construction, d’aménagement et de fonctionnement des collèges, de développement économique.
    Elle pourra se substituer à la région, par convention, en matière de construction, d’aménagement et de fonctionnement des lycées, de tout ou partie des compétences exercées par la région en matière de développement économique.

    Cette liste de compétences a par ailleurs été considérablement allongée en commission : création, aménagement et gestion des zones d’activités industrielles, commerciales, tertiaires, artisanales, touristiques, portuaires ou aéroportuaires, schémas de cohérence territoriale et plans locaux d’urbanisme, politique du logement, lutte contre la pollution, culture, lycées, sport.

    J’y joins l’intervention de Jacqueline Fraysse en date du 25 mai, 1ére séance.

    La Société du Grand Paris, organisée sur le modèle de la société anonyme et dotée de possibilités d’expropriation et d’urbanisation couvrant quatre fois la surface de Paris, sera en réalité chargée de privatiser l’espace public.

    Quant à la création de clusters – ou « pôles de développement » –, elle répond à une logique de mise en concurrence des territoires en organisant une spécialisation des espaces qui ne va pas manquer d’accentuer les inégalités et déséquilibres dont nous souffrons. En effet, le pôle de développement inclut autant qu’il exclut. Le choix d’un aménagement spécifique sur un territoire contraint entraîne inévitablement la délimitation d’une « zone du dehors » délaissée.