Accueil > ALERTE - MISE A MORT DE L’ECOLE PUBLIQUE

ALERTE - MISE A MORT DE L’ECOLE PUBLIQUE

Publie le samedi 19 juin 2010 par Open-Publishing
3 commentaires

Il y a un peu plus d’un an, nous étions nombreux à annoncer la mise à mort des RASED, vous savez, les Réseaux d’Aide Spécialisées au Elèves en Difficulté. 3000 postes devaient être supprimés. 1500 l’ont été purement et simplement, 1500 autres l’ont été de façon déguisée puisqu’ils ont été transformés et vidés de toute substance.

Changement de Ministre, Chatel se fait mielleux, il reçoit en début d’année 2010 les partenaires (?) et fait semblant de discuter avec eux de la "stabilisation" (sic) des effectifs RASED. Fin mai, une fuite (vraie ou fausse peu importe) permet de savoir que le gouvernement prévoit la suppression totale des RASED en trois ans et la "mise en extinction" (resic) des psychos scolaires. Cela amène deux réflexions : la première concerne la possibilité pour les ministres de mentir ouvertement et sans contradiction ! Deux exemples en plus du mensonge cité plus haut : Chatel se permet d’évoquer une enquête qui prouverait que les effectifs par classe n’ont pas d’incidences sur les résultats. L’enquête dont il parle ne mentionne que des résultats moyens et fait bien attention de ne pas s’attarder sur les résultats des plus faibles ! Pratique ! Chatel oublie sciemment de préciser qu’une enquête menée sur le même thème par Thomas Piketty, économiste, arrive exactement aux conclusions inverses mais qu’elle a été jetée au pilon. Deuxième exemple : Chatel se permet de citer le dernier rapport de la cour des Comptes et subtilise une phrase : "la question des moyens n’est pas centrale". Il s’en sert pour justifier la suppression des 16.000 postes dans l’Education Nationale. Il "oublie" là encore de citer la phrase qui se trouve quelques lignes en-dessous dans le même rapport :"Il faut accroître les financements alloués à l’école primaire en privilégiant le traitement de la difficulté scolaire".

Ceci ne concerne pas que les RASED bien entendu. Est aussi visée la scolarisation des enfants de deux et trois ans au profit de placements en crèches et autres jardins d’éveil payants etc.

La deuxième réflexion est plus globale. La société actuelle est une fabrique puissante d’angoisse. Notre Président en est un exemple criant. Angoisse de ne pas réussir à consommer comme les autres, angoisse de ne pas être à la hauteur, d’être viré, de ne plus réussir à se battre pour garder sa place etc. Elle engendre de plus en plus d’enfants angoissés. Le secteur pédo-psychiatrique est dans une pénurie chronique de moyens.

Les RASED sont, dans l’école, une structure GRATUITE qui permet de traiter la difficulté sans la médicaliser et sans stigmatiser les enfants. Les supprimer revient à renvoyer vers les structures médicales des enfants qui souvent n’ont rien à y faire. Cela revient surtout à laisser tomber complètement des enfants dont les parents n’auront ni les moyens de les envoyer se faire "soigner" ni même l’idée car les psys ont, parfois encore, cette fâcheuse réputation de ne servir que pour soigner les fous.

Cette société qui nous est proposée d’une école sans moyens n’est pas celle que la majorité des gens souhaitent. C’est celle d’un gouvernementeur qui ne sait pas ce qu’est une fin de mois difficile ou impossible, qui ne sait pas ce qu’est la détresse morale de familles qui ont besoin de soutien à l’école, qui piétine la misère allègrement en criminalisant la pauvreté et la détresse sociale. Les conséquences seront nombreuses et violentes.

Messages