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SETIF : POUR QUI SONNE LE GLAS

Publie le samedi 19 juin 2010 par Open-Publishing

Sétif fête en ce O8 mai 1945 la défaite des nazis.

Des "indigènes" en profite pour revendiquer des réformes de leur statut qui font des musulmans algériens une collectivité de seconde zone.

Au cours de ces manifestations des revendications en faveur de l’indépendance sont impitoyablement réprimées par des tirs à balles réelles qui entraînent la mort de musulmans.

Dès lors la riposte des militants ne se fait pas attendre et donne lieu à des massacres d’une centaine d’européens où assimilés.

La France choisit de réprimer de manière indiscriminée en engageant son armée de terre et son aviation contre des populations civiles dont ses enfants incorporés dans la 1ère Armée Française venait de participer à la libération de notre pays.

La colonisation de l’Algérie eut lieu en 1830 et prit fin en 1847, lors de la reddition de la smala d’Abdelkader.

Colonie de peuplement, elle accueillit des ariégeois, des alsaciens et un grand nombre de français indésirables politiquement comme Louise Michel.

Ces métropolitains avaient la qualité de citoyen, les juifs algériens furent déclarés français à l’occasion du décret Crémieux en 1870.

Quant aux "indigènes" ils devinrent sujets de la France entendons par là que ces "sous-hommes" n’avaient que des devoirs : accepter leur expropriation des bonnes terres et servir de chair à canon à la France.

Sétif ne fut pas l’unique soulèvement en Algérie. La Kabylie insoumise tout au long de histoire ne cessa de se dresser contre l’envahisseur romain, vandale et arabo-musulman, Ottoman et Français.

Il suffit de se souvenir de la révolte de l’an 1870, alors que Napoléon III était humilié par la Prusse, en grande kabylie la révolte des Mokrani donna du fil à retordre à l’armée coloniale qui enfuma les douars et exécuta des dizaines milliers d’autochtones notamment dans le village d’Icchéridene.

Mais Sétif constitue le symbole d’une grande révolte du constantinois où l’armée française usa d’une riposte disproportionnée que l’on peut sans offenser la" grande muette " comparée à Ouradour sur glane puissance 20.

Les algériens évoquent 45000 morts, les autorités françaises 1200 tués puis récemment 20000 femmes, enfants, vieillards et jeunes hommes assassinés.

Qu’importe ce décompte macabre.

Le jour où l’on saluait l’écrasement d’une des pires entreprises de destruction humaines à la défaite de laquelle des enfants de Sétif avaient participé, la France empruntait des méthodes que l’on ne peut pas ne pas rapprocher de celles commises par les Allemands.

Par quel mystère ce pays des droits de l’Homme a-t-il pu commettre des actes contraires à notre éthique ?

La réponse peut paraître simple : coloniser impliquait que l’on crée une idéologie justifiant la suprématie de l’homme blanc et la ségrégation qui logiquement en découlait.

La France comme l’Angleterre, puissances coloniales européennes, furent des laboratoires du racisme. Le français Gobinaux et son obsessionnel "inégalité des races", Chamberlain époux de la fille de Wagner clamèrent haut et fort leurs convictions que le " fardeau de l’homme blanc" de Kipling ne pouvait davantage s’alourdir...

Si l’indépendance de l’Algérie s’avérait inévitable en regard de l’humiliation quotidienne et des atroces massacres de Sétif, force nous est de constater que nos espoirs furent déçus, que la libération du pays fut confisquée.

Pourtant Setif signa le glas du colonialisme. L’ Indochine s’émancipa en 1954 après 8 ans d’un âpre conflit suivie du Maroc et de la Tunisie puis après 7ans de conflit sanglant l’Algérie accéda à l’indépendance.

Repentance nous dit-on ?

Milan Kundura nous le dit "tout sera oublié, rien ne sera réparé".