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Punir les pauvres

Publie le dimanche 24 octobre 2004 par Open-Publishing
1 commentaire


de Loic Wacquant

Le tour résolument répressif pris par les politiques pénales lors de la dernière
décennie ne relève pas du simple dyptique "crime et châtiment".

Il annonce l’instauration
d’un nouveau gouvernement de l’insécurité sociale visant à façonner les conduites
des hommes et des femmes pris dans les turbulences de la dérégulation économique
et de la reconversion de l’aide sociale en tremplin vers l’emploi précaire.

Au
sein de ce dispositif "libéral-paternaliste", la police et la prison retrouvent
leur rôle d’origine : plier les populations indociles à l’ordre économique et
moral émergent.

C’est aux Etats-unis qu’a été inventée cette nouvelle politique de la précarité,
dans le sillage de la réaction sociale et raciale aux mouvements progressistes
des années 1960 qui sera le creuset de la révolution néo-libérale.

C’est pourquoi
ce livre emmène le lecteur outre-atlantique afin d’y fouiller les entrailles
de cet état carcéral boulimique qui a surgi sur les ruines de l’état charitable
et des grands ghettos noirs.

Il démontre comment, à l’ère du travail éclaté et
discontinu, la régulation des classes populaires ne passe plus par le seul bras
de l’état social, mais aussi celui, viril et sévère, de l’Etat pénal. et pourquoi
la lutte contre la délinquance de rue fait également pendant et écran à la nouvelle
question sociale qu’est la génération du salariat d’insécurité et à son impact
sur les espaces et les stratégies de vie du prolétariat urbain.

En découvrant les soubassements matériels et en démontant les ressorts de la "pensée unique sécuritaire" qui sévit aujourd’hui partout en Europe, et singulièrement en France, ce livre pointe les voies possibles d’une mobilisation civique visant à sortir du programme répressif qui conduit les élites politiques à se servir de la prison comme d’un aspirateur social chargé de faire disparaître les rebuts de la société de marché.

Messages

  • Dans le même temps, ce sont les patrons de ces mêmes giga-sociétés qui n’ont jamais autant gagné en golden parachutes, stock-options et autres noms volontairement absconts pour cacher aux trimeurs que nous sommes une telle indécence. Sans oublier que nos hommes ont commencé par se voter une augmentation de salaire de plus de 50% dès qu’ils ont pris le pouvoir il ya deux ans.
    Dans le même registre, il paraît que le Président de la Commission européenne va pouvoir se prélasser dans son penthouse palacieux, au sommet d’un bâtiment en réfection depuis 13 ans pour la bagatelle de 14,5 millions d’Euros...
    Et pendant ce temps, on tente de nous culpabiliser comme un tas de fainéants qu’il va falloir vite remettre aux 39h payées 35, aux rmistes qui devront, comme tout le monde, aller au charbon pour toucher l’aumône de la société... Et pour les incasables : la prison, main-d’oeuvre pas chère...
    C’est quand la Vélorution dans tout ça ?
    Marianne