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Allez vous faire opérer ailleurs !

Publie le vendredi 16 juillet 2010 par Open-Publishing
13 commentaires

De Bernard Gensane

Entendu sur les antennes de France Info aujourd’hui un reportage sur la situation au CHU de Nantes.

Ce qu’il se passe dans cet établissement est en fait valable pour toute la France : la direction est amenée à fermer des lits par manque de personnel. Le journaliste évoque le problème de l’« absentéisme » des infirmières. De deux choses l’une : ou ce journaliste est inculte car il ne connaît pas le sens de ce mot, ou il est complice du pouvoir sarkozyste. Le mot « absentéisme » nous vient de l’anglais. Il qualifiait au XIXè siècle les propriétaires fonciers qui préféraient la douce vie de Londres à l’existence rugueuse de leur campagne. En bon français, ce terme est péjoratif : il implique que l’absence n’est pas justifiée par un motif légal, ou qu’elle est habituelle et volontaire.

Au CHU de Nantes, on a commencé par réduire les effectifs, ce qui a alourdi la charge de travail des personnels qui se sont retrouvés plus souvent en arrêt-maladie. Passons sur le fait que la direction a « oublié » de planifier qu’un certain pourcentage d’infirmières pouvaient se retrouver enceintes. Des opérations prévues pour juillet et août ont été annulées, les malades concernés n’ayant d’autre solution que de se rabattre sur les cliniques privées.

Ce qui était, dès l’origine, le but de la manœuvre.

Messages

  • Bonjour

    je suis le journaliste "inculte" ou "sarkozyste" en question qui a réalisé le reportage. Je tiens à réagir à vos propos à la limite du diffamatoire et en tout cas peu agréables d’autant que le reportage réalisé tend au contraire à prouver d’abord que le manque d’effectifs au CHU de Nantes conduit à des fermetures de salles et des déprogrammations d’opérations : dès que les absences sont un peu plus nombreuses que d’habitude au sein du personnel infirmier, les effectifs en effet ne sont plus suffisants pour assurer des opérations en toute sécurité. Ensuite, dans le reportage, qui est en ligne sur www.bleuloireocean.com et que vous pouvez réécouter, j’explique clairement que le terme "absentéisme" est employé par la directrice générale du CHU dans un courrier qu’elle a adressé aux chirurgiens et médecins anesthésistes. C’est donc une citation... que j’explicite ensuite, en expliquant que le nombre d’arrêts pour maladie ordinaire a explosé au CHU de Nantes (+22% de 2007 à 2009) du fait, selon les syndicats, d’une dégradation des conditions de travail !
    Je vous demande donc de rétablir cette vérité SVP. J’estime avoir au contraire fait mon travailde journaliste en informant les auditeurs de la situation grave qui règne à l’hôpital de Nantes et en sortant au grand jour ce courrier de la directrice générale du CHU qui devait rester confidentiel : croyez-bien que la direction n’a guère apprécié de savoir qu’un journaliste possédait ce document interne ! J’aurais aussi très bien pu me contenter des explications de la direction qui affirme que les effectifs sont suffisants et qu’il s’agit d’un problème ponctuel dû à l’impossibilité de recruter des remplaçants pour cet été : je ne l’ai pas fait... et me voilà mis en cause par Bellacio : un comble !
    Cordialement malgré tout, vous demandant de rétablir les choses.
    Antoine Denéchère, journaliste Radio France Nantes

    • Bonjour

      ce n’est pas Bellaciao qui a publié cet article... Espérons que Bernard Gensane lise votre commentaire et ses emails...

    • Un bon point pour Antoine Denéchère : il donne la parole au représentant (CGT en l’occurrence) des personnels qui a le temps d’exprimer clairement son point de vue.
      Le problème de l’utilisation du mot absentéisme est le suivant : la bonne foi du journaliste n’est pas en cause, mais il place le vocable – et donc se place – dans le point de vue dominant.

      Je le cite :

      "La direction affirme avoir tout tenté pour pallier les absences [fort bien : il ne s’agit plus d’absentéisme] : appel aux agences d’intérim, recours aux heures supplémentaires, mais en vain" (je souligne). Nous avons donc une direction qui se bat les flancs pour que tout marche, mais c’est "en vain", comme s’il y avait une force supérieure à toutes les bonnes volontés.

      Puis Denéchère sombre dans l’ambiguïté la plus totale : "Il faut savoir [nous sommes dans sa parole d’autorité] que depuis deux ans le nombre d’arrêts-maladie ordinaire [pas de l’absentéisme, donc] ne cesse d’augmenter au CHU de Nantes, la faute aux condition de travail dégradées, estiment les syndicats [nous sommes passés, dans la même phrase, de sa parole d’autorité à une "estimation" des syndicats].

      "En tout cas", poursuit le journaliste, "dans le service du professeur L., cardiologue, cet absentéisme des infirmières [plus d’absences ordinaires, à nouveau de l’absentéisme] entraîne la fermeture de trois lits sur 18." Denéchère cite le professeur, parole d’autorité, qui se veut consensuelle. il ne s’agit plus d’une "estimation" : "Fermer des lits, c’est toujours grave [notez le mot "grave" : nous sommes dans les conséquences d’une politique, le professeur utilise un terme moral]. On [c’est qui "on" ?] essaye de faire du mieux possible [lui aussi se bat les flancs], de réduire un petit peu nos durées d’hospitalisation [avant, l’hôpital, c’était le Club Med, ou serait-ce que les durées d’hospitalisation sont désormais à risque ?]." Le professeur termine sur une phrase binaire, faussement au-dessus de la mélée : "c’est dur pour le personnel, mais c’est nécessaire pour la prise en charge." C’est cette prise de parole professorale qui conclut le débat.

      Bref, je ne connais pas Antoine Denéchère. Il n’est vraisemblablement pas inculte, mais il n’aurait pas dû jouer avec le mot "absentéisme", un terme que le patronat sait utiliser de manière diabolique. Il est peut-être furieusement de gauche, très hostile à Sarkozy, mais il reproduit, sûrement à son corps défendant, le discours dominant. Ou, à tout le moins, il fait dominer encore plus ce discours dominant.

    • Alors : le terme "en vain" est une nouvelle citation de la directrice générale adjointe du CHU que je suis allé voir pour lui poser des questions sur ces fermetures de salles.
      Ensuite, je donne un fait (le nombre d’arrêts maladies ordinaires augmente fortement) puis comme les explications de ce fait divergent entre syndicats et directions, je donne donc cette information : selon les syndicats, cela est dû à la dégradation des conditions de travail (la direction, elle, a d’autres explications… que je ne donne pas : remarquez-le)
      Ensuite, j’utilise le terme « absentéisme » certes, mais dans mon esprit, rien de péjoratif et rien de « pro patronal » : très honnêtement, pour moi, c’est une variante du terme « absences ». Si cela fait de moi un inculte, parfait ! Mais je pense que nous sommes nombreux dans ce cas (je remarque que vous admettez que je ne suis « vraisemblablement pas inculte »…). Je ne « joue » pas avec le mot « absentéisme », car il n’y a pas de quoi rire quand on connaît la situation des personnels hospitaliers.
      Enfin, je n’ai pas à commenter ce que dit le professeur, c’est son opinion et son point de vue. En tout cas, je ne pensais pas recevoir une volée de bois vert (en tout cas pas de la part de quelqu’un qui écrit sur Bellacio) pour ce reportage qui je le répète est pour moi une illustration concrète de la politique actuelle menée au sein de l’hôpital de Nantes.
      Pour finir, je ne commenterai pas ce qui est écrit sur le fait que je suis « furieusement de gauche » ou pas : c’est hors sujet, je donne une information, je la mets dans son contexte, je donne la parole aux protagonistes, sans me demander si c’est de gauche, de droite ou du centre… et sans donner mon avis : l’auditeur se fiche de savoir pour qui je vote.
      Ce sera mon dernier mot !

    • Jolie explication de texte, Bernard. Je m’étonne de l’absence de termes style "champ lexical" ou "schéma narratif".

      Moi, je me pose la question de savoir qui fait le jeu de qui en jouant sur les mots et en attaquant celui qui "sort" cette information confidentielle. Ou est l’enjeu ?

      La réalité est elle là ou non ? Peut on entendre (et comprendre) la souffrance du personnel du CHU et des patients soumis au diktat du rendement ?

      Amicalement quand même.

    • La question n’est pas de savoir pour qui vous votez, on s’en fiche complètement en effet ! Je connais des soi disant coco qui ont voté sarko, des socialo qui nous tondent mieux que l’UMP et des anars qui votent FN alors bon, le vote, autant vous dire que c’est pas le critère !

      Un peu vertement et un tantinet à l’emporte-pièce ;) certes, le petit post de B. Gensane soulève cependant quelques vraies questions auxquelles vous ne répondez que partiellement, ou en bottant en touche !

      Or, ses questions sont de vraies questions !

      La question est celle de VOTRE réflexion sur ce qu’est supposé être l’information et le métier de journalisme.

      Ce qu’est "l’objectivité" dans votre profession.

      Peut on être objectif ou pas ? A supposer qu’on le puisse, quelles sont les contraintes langagières et temporelles qui devraient ou qui s’imposent à vous dans votre exercice quotidien pour vous permettre (ou ne pas vous permettre) d’être non pas "réellement objectif" mais "le plus objectif possible".

      Moi je ne crois pas à l’objectivité du journaliste. Je pense que c’est un mythe en France en tout cas. Ca n’existe pas et n’a jamais existé. Aux USA vous avez une tradition du journalisme factuel, mais ils ne diront pas "absentéisme". Ils diront "absences fréquentes" ou "nombreuses".

      Remettez vous un peu en question, (ça ne vaut pas que pour vous !) je vous assure que vous ferez du bien à toute la population.

      Vous n’êtes pas interpelés par vindicte personnelle ou à mauvais escient. Les critiques et questions de Bernard, en ce qui concerne votre reportage, sont légitimes, quand on a entendu ce reportage.
      Si vous ne faites pas de différence entre "absences" et "absentéisme", c’est grave, quand on se dit journaliste. Si vous ne faisiez pas de différence entre "légitime défense" et "agression délibérée", ce serait pareil, en somme !

      OUI LES MOTS ONT UN SENS, même si tout est fait depuis des décennies, pour que nous l’oublions toutes et tous, à commencer par VOUS, les journalistes. Pourtant, à l ’instar d’autres professions particulières, les MOTS ce sont votre "coeur de métier", votre matériau de base !

      Vous avez la parole sur une radio publique, vous avez une RESPONSABILITÉ, vous devez avoir une éthique, professionnellement s’entend.

      Vous ne pouvez pas employer "absentéisme" dans un reportage sur un tel sujet, en nous disant ensuite, une fois pointé du doigt "absentéisme" et "absences" c’est pareil !

      Vous n’êtes pas sans ignorer, enfin j’espère, par ailleurs, que vous êtes aussi responsables (moralement) du montage de vos interviews !! alors le coup de "je n’ai pas à juger le prof bidule" c’est comment dire... un peu "petit bras" comme argument....

      Évidemment, personne ne vous dde cela. Mais placer cette phrase de prof avant ou après tel ou tel passage de votre reportage, en fonction de ce qui est dit, et ça ne donnera pas la même chose.

      De deux choses l’une, soit vous êtes de mauvaise foi et vous venez ici vous défendre parce que vous avez été pris en "flagrant délit" de soumission idéologique (votre reportage, non, il n’est absolument pas "neutre" ni "objectif"), soit vous êtes de bonne foi mais vous devez retourner vous former. Et ça ce n’est pas grave, ça arrive à tout le monde, même aux meilleurs mais il faut commencer par prendre conscience de ses lacunes et faiblesses pour y remédier.

      Mais par pitié ne prenez pas le lecteur l’auditeur, l’internaute moyen pour un con ou un inculte.

      Même si tout aujourd’hui est fait pour que vous le croyiez.

      LL

    • PPouuaaahhh...La moquerie de bas étage.

      Les pompiers arrivent !!!!

      TROP FACILE ce genre d’arguments !!

      PETIT BRAS je vous dis !!!!!!

      NON ET NON, courageux anonyme, l’essentiel ce n’est pas "qu’on parle du CHU", c’est qu’on parle justement et le plus correctement possible ( ne parlons pas de journalisme engagé, hélas, on n’en est plus là...sauf chez Fakir, CQFD, ou d’autres "perles rares").

      Vous allez faire croire à QUI ici, que la radio ce n’est pas un instrument de propagande dites moi ?

      Vous nous prenez pour des cons, toutes et tous, ou quoi ?!

      Vous êtes soumis-e-s à l’idéologie dominante et ça vous défrise de vous faire prendre la main dans le sac ? C’est bien VOTRE problème, pas le nôtre, on ne va pas se taire pour ne pas troubler votre petit confort intellectuel, votre petit traintrain professionnel, quand même ! nous on veut bien vous filer un coup de main pour vous remettre en question et commencer à essayer de faire un peu de journalisme....et pas du copier-coller de pensée dominante (à votre insu ou pas).

      Des journalistes, ils se trouvent qu’ici on en connaît quelques un-e-s et plutôt bien, ils se font rares et vieillissent, certains même ont eu le prix albert Londres, ont fondé de grandes agences de presse, ont bossé pour LIFE, pour Le Monde il y a 30 ans etc....mais ils ne travaillent pas comme ça (et on se fout de savoir pour qui ils votent, parfois même ils votent à droite d’ailleurs), je peux vous le garantir.

      Au moins ils ne se retranchent pas derrière des arguments bidons en essayant de nous faire passer des vessies pour des lanternes genre "ce qui compte c’est qu’on en parle", ou "balnc et noir pour moi c’est pareil". Au pire ils reconnaissent leur erreur, au mieux ils assument leur parti pris.

      Ce n’est jamais un tort d’être médiocre, tout le monde ne peut pas être bon voire, excellent ! Mais refuser d’admettre qu’on a merdoyé (sauf, encore une fois, à reconnaître que c’est un CHOIX idéologique et là on ne vous en tiendra pas rigueur de la même façon, mais ASSUMEZ bordel !)quand on est "pris en flag", c’est pas terriblement flatteur pour votre profession.

      La prochaine fois que vous voudrez venir ici essayer de nous vendre des salades moisies comme celle là, revoyez d’urgence "L’art d’avoir toujours raison", d’A. Schoppenhauer, car là, vous n’êtes pas à la hauteur niveau rhétorique.

      Pour votre complète information, vous êtes tombés dans un "nid de gauchos", comme diraient les gens de l’UMP ou du PS, donc, un peu "formés", pour la plupart (et oui c’est qu’on est encore nombreux, trosko, coco, socialo révolutionnaire, anarco-coco et j’en passe !). vous n’êtes pas au niveau dans vos embrouilles.

      Bernard STP je te propose un exercice pédagogique (allez, toutes celles et ceux qui le veulent peuvent le faire aussi) : après avoir écouté le reportage de M. Denèchère,

      pourrais tu nous faire :

       un reportage "objectif" (le plus possible, vraiment) sur le CHU de Nantes ?

       un reportage engagé (je te dis pas où hein ,tu sais ;)) sur le même sujet

      Dans le même format genre, trois paragraphes ?

      Ça pourrait être drôle - tiens je vais le faire aussi !

      Slt et frater. LL

    • effectivement, le terme "d’absentéisme" est connoté DRH et est un terme qui est irrespectueux pour les agents hospitaliers.

      C’est un terme marqué idéologiquement par les générations de directeurs sortis ces dernières 20 années .

      La tension dans les hôpitaux prend un tour extrêmement grave, pendant que des contre-feux sont allumés pour essayer de détourner l’attention vers d’autres choses, que le sens des mots est méthodiquement inversé.

      Malheur à ceux qui participent à cette révolution linguistique très brejnevienne.

      les mots ont un sens.

  • passionnant débat...

    il y peu d’endroit où l’on peu encore vivre ça.

    Gidéhem

    • Pt’aing !!!

      Un grand moment de Bellaciao.

      Bon pour le reste y en a bien d’autres à "allumer" dans le domaine. Et non des moindres.

      Et surtout de moins innocents. On sait tous ce que valent les soi-disant "Ecoles de journalisme". Et la pression subie dans les Comités de Rédactions si t’emploie pas la vulgate du Pouvoir en cours.

      Quand tu sors de là tu ne sais même plus comment tu t’appelles.

      Y a que l’ENA et HEC ou Polytechnique pour être pires dans le formatage.

      G.L.

      42 ans de Presse quotidienne régionale.

    • MERCI G.L. POUR... ton commentaire [à l’inverse des comment-taire ?’ peureux et calculés  de ceux « qui fri...cotent... comme ils peuvent »  en ces temps de lou.voie.ments %boursicoti-boursicotant% ...clopain-croquant’...toujours cahin-caha et `cal-cul-ette-en-main´.

      Une seule phrase de toi sur les « Écoles de journalisme »... et tout s’éclaire aux yeux des profanes... :

      OUI, L.G !... BIEN VU & BIEN SENTI : « Quand tu sors de là tu ne sais même plus comment tu t’appelles. »

      MERCI aussi à BELLACIAO... *Preuve Vivante* que sa *belle maïeutique* dialectique et pédagogique peut nous élever, toutes et tous, très loin et très haut... dans *les champs giboyants de l’intelligence humaine* ! ;-)

      ...et sans rire !

      Hasta !... pélquhuparterrrrrrrrrrrrrrrr...

      R.B

    • Si j’ai bien compris, "absentéisme" veut dire culture de la paresse chez les salariés (naturellement pas chez les patrons) et pire encore s’il s’agit de fonctionnaires qui bien entendu abusent de leur statut. C’est bien de l’idéologie qui nous rend automatiquement coupables du déficit public, donc de la dette, comme nos ancêtres du Front Populaire, "heureusement" stpppés dans leur élan social par le Pétainisme en 1940.
      Le journalisme des "chiens de garde" ( expression de Paul Nizan) est prié comme dans les années 30 de nous faire passer la pilule de la privatisation des profits de concert avec la socialisation des pertes.
      Quant à la casse des hôpitaux, elle va de pair avec le transfert des activités les plus lucratives au privé.
      Le Personnel n’y est pour rien, de même que nous n’avons aucune raison de payer pour les pertes subies par les banquiers spéculateurs. il va falloir qu’on se bouge enfin !!!