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Témoignage mise en place d’un esclavagisme Renaut, education nationale...

Publie le dimanche 22 août 2010 par Open-Publishing
5 commentaires

Grand bonjour à tous.

Il m’est très difficile de décrire ce que j’ai ressenti à la première lecture de ses différents témoignages comme il m’est difficile de retenir mes larmes au moment-même où j’écris ces lignes. Difficile car comme le dit une intervenante plus haut, je me suis senti un peu moins seul depuis fort bien longtemps. Tant il est vrai que tout est fait pour nous isoler et nous maintenir dans la rentable illusion que les autres, ces ennemis en puissance, ces compétiteurs pour survivre, style "il ne peut en rester qu’un" et tout le tralala, donc ces autres que je déteste forcément et qui me sont nuisibles à tous points de vue ; supportent eux tout et plus encore la politique actuelle et surtout l’idéologie qui l’accompagne, à savoir l’esprit d’entreprise et d’aventure, à savoir la compétition acharnée entre les travailleurs pour un quignon de pain, à savoir vous êtes licencié et vous ne toucherez pas un parachute doré juste quelques bouts de ficelle, si t’es pas content t’as qu’à aller vivre en Afrique, à savoir je veux bien t’embaucher mais tu seras payer en légumes et en sacs de chips, et en plus je te jette dès que mon entreprise fera moins de 16% de bénéfices au palais "grognard", et si t’es pas content tu sors tu rentres et tu ressors et toute façon y a un millions de mecs qui font la queue juste derrière toi alors la ferme !

Désolé mais ça fait vraiment du bien, ça faisait longtemps que je rêvais de dire tout ça...

Pourtant vous verrez que je ne corresponds pas du tout au profil que chacun décrit ici. En effet je ne suis pas vacataire et je n’ai encore jamais enseigner, mais je me suis inscris au capes d’histoire géographie il y a maintenant deux ans et n’ai pas su pour la seconde fois fournir le travail nécessaire à l’obtention de ce concours.

J’ai repris mes études à trente ans avec un bac seul en poche. Après trois ans j’ai obtenu une licence d’histoire à ma grande surprise mais n’ai pas su transformer professionnellement cet essai puisque après un emploi comme "agent non titulaire à durée très déterminée d’une collectivité territoriale faisant fonction d’archiviste" j’ai vite abandonné cette éventuelle carrière qui s’offrait à moi (mais rien n’était moins sûr !) par dégoût des comportements et des habitudes socio-patho-hiérarchiques existant dans ce genre de grandes maisons. Rien de pire qu’une vaste mairie et son système de castes, vous pouvez m’en croire, et la corvéabilité (orth ?) à merci n’est hélas pas l’apanage de l’éducation nationale.

je me reconnais donc tout de même et c’est peu dire dans la description que chacun fait ici quant à l’impossibilité absolue de se projeter dans l’avenir et sinon de ne pouvoir accéder au rêve glauque et consumériste américain, tout au moins de pouvoir connaître ce que je mangerai demain... alors imaginer devoir nourrir un enfant, là y a un pas que je ne franchirai pas, le pauvre je pourrais même pas lui payer ses nikes comme les autres !

Je suis moi-même au rmi maintenant et même au rsa puisque la dénomination a changé ainsi que mes obligations. Et du haut de mes 37 ans je pensais faire acte de candidature pour un poste de vacataire enseignant non titulaire. Il n’en est plus question !

Cette année 300 000 êtres humains ont perdu leur emploi, leur carte bleue, leur chéquier, leur raison de vivre, en un mot leur capacité à vivre. Depuis Sarko, les langues (à droite surtout mais à gauche aussi les corniauds !) se délient et la véritable nature de la société qui nous est proposée (imposée) à coup de réformes dévoile sa crue réalité jour après jour, ceci dans tous les domaines de la vie quotidienne, santé, éducation, police, armée, retraite, fin de vie, etc, etc...

Pour résumer l’idée que je me fais de l’idéologie et des volontés politiques de ceux que je considère largement comme mes dangereux adversaires, et qui ont, sans tomber dans la théorie du complot une idée toute arrêtée sur ce que devra et doit être déjà notre pain quotidien, j’aimerais vous faire part d’un article que j’ai rédigé l’année dernière lorsque j’étais journaliste pour un petit hebdomadaire dont je tairai le nom, pour des raisons bien compréhensibles de précarité statutaire, économique et sociale (faut bien tenir le peuple d’une manière ou d’une autre, et d’ailleurs ma vie n’est qu’une suite de petits boulots mal payés et non déclarés, la retraite j’en rigole d’avance, la maladie et le médecin je connais pas, le trou de la sécu, je l’e-BIP-rde désolé d’être grossier mais là faut pas exagérer !) Mais tout au moins, dans ce canard ai-je pu bénéficier d’une liberté de parole et de rédaction totale et bienvenue, outrecuidant eut été tout manque d’enthousiasme de ma part d’en user et d’en abuser.

Le titre de l’article et l’article lui-même qui date de début août 2008, le voici :

« Renault, créateur de chômeurs »

Ce mercredi 30 juillet, comme chaque jour depuis l’annonce par son président Carlos Ghosn, d’un plan de restructuration concernant 6000 emplois en Europe, 200 salariés de l’usine Renault de Sandouville près du Havre, manifestaient pendant deux heures contre la perte d’un millier d’emplois sur le site normand.

À l’usine Renault de Sandouville dans la Seine-Maritime, la réaction des salariés est emprunte d’une réelle colère. Le sentiment général qui domine est « l’écœurement, le ras-le-bol, l’énervement ». Les salariés se sentent trahis par leur président Carlos Ghosn qui en 2006, leur avait promis l’obtention et la production d’un nouveau véhicule.

La condition alors avancée par le patron de Renault ? Assurer le lancement de la Laguna 3 et permettre à la marque aux losanges des marges bénéficiaires importantes. Mission accomplie et avec brio estime Alain Richeux, secrétaire syndical CGT sur le site normand. Ce dernier affirme même : « les gars qui travaillent sur les chaînes de Sandouville font des efforts depuis trois ans. Ils ont tout fait pour que la Laguna 3 sorte avec une qualité irréprochable. Ils ont respecté leur engagement, et voilà comment ils sont remerciés... » Si les salariés expriment leur impression de « s’être fait avoir » avec tant de colère, c’est peut-être lié à la proclamation des très bons résultats faite aux actionnaires quelques heures seulement avant l’annonce du plan de restructuration lui-même.

Comme à son habitude, le président d’une grande entreprise n’a que faire de ses salariés, pourquoi sinon ce genre d’annonces auraient-elles lieu systématiquement au même moment ? « La pilule est(…) difficile à avaler(…)” pour les employés, quelle importance, puisque ce qui compte, c’est le sourire des actionnaires. Pour toute explication, Carlos Ghosn déclarait devant la presse, « C’est une mesure d’anticipation, d’équilibre entre les ressources et les résultats de l’entreprise, (...) Il vaut mieux le faire quand vous commencer à sentir le vent tourner plutôt que quand la tempête est là, car à ce moment-là, vous êtes obligés de prendre des décisions beaucoup plus dramatiques. » Que penser face à un discours aussi peu scrupuleux, aussi inacceptable, un discours qui revient à légitimer des licenciements dans une entreprise largement bénéficiaire et ayant pour seul objet d’augmenter le ratio des actionnaires.

Une logique qui consiste à gérer son stock de salariés

Il ne s’agit même plus de la logique déjà bien souvent condamnable des licenciements économiques, licenciements censés sauver une entreprise qui se trouverait dans le rouge. Nous sommes bel et bien dans une autre logique, celle qui consiste à gérer le stock de ses salariés comme on administrerait n’importe quelle matière première. Un stock corvéable à merci et jetable à volonté, tout dépend alors des objectifs chiffrés des actionnaires. Carlos Ghosn se fixe comme objectif le chiffre de 10% de réduction des coûts de structure. Quels coûts peut-il faire jouer dans une entreprise qui d’ores et déjà a rationalisé au maximum ces frais d’équipements et de matières premières. Il ne lui reste qu’à comprimé le prix du travail. La dernière variable d’ajustement est alors la main d’œuvre. Résultat : 1000 emplois en moins à Sandouville.

Et que dire de la méthode employée par le PDG de Renault ?

« Les mecs ont pris un coup sur la tête, ils ne supportent plus d’êtres pris pour des cons » nous dit Alain Richeux tandis qu’au sortir des réunions du comité d’entreprise, organisées dans les différentes équipes, les salariés s’énervent poussant des “Ça va mal finir, ça va être chaud, ça va craquer !” C’est qu’au dernier comité d’entreprise, le 18 juillet, « la direction du site de Sandouville assurait que tout allait bien », déclare encore Philippe Beaufils, élu CGT au CE. La restructuration n’est annoncée qu’à la veille des vacances estivales. Juste après ces quatre semaines de fermeture de l’usine, suivront une semaine de chômage technique déjà programmée début septembre plus quatre jours non travaillés en octobre. De quoi calmer les ardeurs militantes des plus précaires financièrement, habituer les salariés à leur future inactivité et préparer le terrain pour le long terme, et le long terme pour la CGT se résume en quelques mots : « une usine qui se vide c’est une usine qui se meurt. » Après même l’annonce officielle de la nouvelle, la direction persistait dans sa politique d’évitement conflictuel, évoquant uniquement un « projet » aux contours flous et ne livrant aucune information. C’est aussi cela la stratégie de Carlos Ghosn, une tactique dénoncée par Vincent Neveu Délégué Syndical Central Adjoint de la CGT Renault. Il « s’est bien gardé dans un premier temps de parler suppression d’emplois. (...) Il utilise les syndicats et la presse pour faire sa communication et acclimater les salariés à la casse qu’ils vont subir. » La CFE-CGC quant à elle regrette « le manque de courage et de respect vis-à-vis des salariés . » Pourtant dès le 6 juin dernier, deux rapports internes étaient émis par l’entreprise aux losanges. Des rapports qui évoquent le chantage à l’emploi et « la forte pression sur le coût du travail » comme outils de contrainte envers les salariés. L’objectif est d’imposer des sacrifices aux salariés. Selon Vincent Neveu, la direction de Renault elle-même avoue ne pas envisager abandonner la production dans les pays développés. Une analyse récente démontrerait qu’il ne coûte pas beaucoup plus cher de produire en France qu’en Asie ou ailleurs. L’objectif serait donc double pour Carlos Ghosn.

Le PDG de Renault entend “faire baisser le prix du travail en France.”

Tout d’abord comme le précise Frédéric Dijoux de la CFDT , il s’agit d’« un plan qui fait déjà la part belle aux actionnaires ». Ensuite il semble bien que Carlos Ghosn tente une fois de plus une attaque idéologique, politique autant que pratique. Pour Vincent Neveu une seule conclusion s’impose : le PDG de Renault entend « faire baisser le prix du travail en France. » dans un soucis annoncé de profitabilité. Même s’il est vrai que l’objectif initial des 3,3 millions de véhicules vendus ne devrait pas être atteint pour l’exercice 2008. Même si les conditions macroéconomiques sont celles que l’on connaît actuellement, hausse des prix des matières premières et des produits pétroliers, crise financière et régression des marchés automobiles, Carlos Ghosn agit plus pour raisons idéologiques qu’en fonctions de ces critères économiques purs. En effet, les résultats avancés par l’entreprise ne justifient aucunement un tel plan de restructuration et les résultats du premier semestre 2008 sont bien meilleurs qu’attendus, puisque Carlos Ghosn les estime à 1,467 milliards d’euros contre 1,073 milliards au premier semestre 2007. Pour l’heure, en l’absence d’un comité d’entreprise extraordinaire, les salariés devront attendre la rentrée de septembre pour avoir le fin mot de l’histoire. Quant aux syndicats CGT, CFDT, FO et CFTC, ils ont appelé à une grève de deux heures chaque jour en fin de poste jusqu’aux congés, avec pour simple et logique revendication, « récupérer le véhicule promis par Carlos Ghosn afin de maintenir les effectifs. ». Mais ils s’attendent surtout à une rentrée extrêmement mouvementée, ils ont prévenu « On a rien à perdre. »

Voilà.... Alors je sais, ceci n’est pas l’histoire que vous racontez tous, ceci ne sa passe pas dans un établissement scolaire, ne touche pas aux questions qui traversent l’éducation nationale aujourd’hui :

 Portillons de sécurité à l’entrée (quelle mascarade mais quelle pouvoir de communication, sisi faut admettre !)

 Foulard dans l’enceinte républicaine et laique (enfin il parait que c’est réglé aujourd’hui ?)

 Suppression drastique des emplois d’encadrement avec fin des pions statut 1936, fin des vacataires, etc..

 Modification de la grille des statuts, en fait multiplication des statuts selon le vieil adage connu et largement vérifié "divide et impera = diviser pour régner" (eh oui moi aussi je sais le faire hein mais c’est beaucoup moins méchant et méprisant lorsqu’on le dit pour se faire comprendre et non pour prendre une auguste et inaccessible hauteur !) Pour ce dernier point, la réforme (toujours en cours) semble augurer d’un recrutement en escalier des futures enseignants, en effet, dans le même bahut, il y aura des profs certifiés à l’ancienne mode, des profs certifiés sans master 2, des profs non certifiés avec master 2, etc, etc... quid de la réaction des syndicats ?

 Enfin, et ce dernier point est étroitement lié au précédent, autonomie des établissements scolaires avec indépendance et pouvoir de recrutement des chefs d’établissements, imaginez le tableau, moi ça me fait pleurer...

 Sans omettre l’autonomie des universités et la disparition des iufm, dont le seul but inavoué est à mon avis la dislocation du très symbolique mais non moins très important bac unique et national (vous savez égalité fraternité solidarité hahaha). Parce que avec tout ça, qui sera chargé de mettre en place l’enseignement de l’enseignement ? Et qui acceptera un étudiant ayant obtenu son bac dans une zone difficile (ah pardon c’est déjà le cas n’est-ce pas ? Ce n’est pas une raison pour l’inscrire en majuscules dans l’Habeas Corpus de l’éduc nat !)

Bref, je sais que Renault Sandouville c’est pas le même problème que tout ce que je viens d’énumérer... et pourquoi pas à propos ? Je sais que de toute façon les profs ne sont pas là pour régler tous les problèmes de la société, loin s’en faut, mais si l’école et ses acteurs ne se bougent pas un peu plus pour défendre ce qui lui reste vaguement de républicaine, accessible à tous et porteuse de sens, alors nos enfants devront payer des fortunes et s’endetter pour étudier et nous l’auront chercher. Car et celui-là je ne vais pas vous le faire en latin, on a les dirigeants qu’on mérite et le système qu’on mérite.

Pour conclure je suis convaincu que ce Carlos machin chose de Renault veut pour ses ouvriers présents, c’est à dire une conscience politique anéantie, une capacité à tout accepter, il le veut aussi pour ses futures ouvriers, les élèves d’aujourd’hui... quel meilleur procédé que d’attaquer à la racine.

Se battre pour la reconnaissance du travail accompli d’un non titulaire (ou d’une femme) qui semble posséder tant d’expérience ne menace en aucun cas le statut des titulaires, croire le contraire c’est faire preuve d’un corporatisme étroit et à courte portée. Les syndicats, je le sais sont absolument coupables et archi condamnables en la matière. défendre cet homme bien au contraire ne ferait que renforcer le manque d’énergie et l’incapacité chronique de renouvellement intellectuel dont savent faire preuve tant de profs certifiés. Je veux parler du manque d’expérience social dont sont accablés certains d’entre eux !

Se battre pour un statut est absolument louable en soi, mais se battre pour ce statut envers et contre tout et tous, y compris ses collègues "M.A." c’est tout simplement de la lâcheté politique. Enfin cela signifie que l’exemple que j’ai donné de Renault représente à coup sûr du hiéroglyphe égyptien avant Champollion et sa pierre de Rosette pour ces gens dont le monde s’arrête bien souvent aux grilles du lycée (ou du collège). Or les enfants de ces hommes et femmes licenciés en France et en Navarre sont bel et bien sur les bancs de nos écoles, sisi...

J’ai énormément d’amis profs (plutôt des copains...), et à de rares exceptions près, ils sont en dehors du monde, dépolitisés au sens grec du terme, aucun intérêt pour la vie de la cité (quoi de plus navrant pour quelqu’un censé organisé un tant soi peu le monde sauvage et incompréhensible qui entoure les élèves).

Enfin je vais m’arrêter là parce que sinon je me connais je vais en faire des tonnes...

Je vous souhaite à toutes et à tous plus qu’un immense courage. Non je vous souhaite surtout de continuer à vous révolter tout à chacun, chacun à votre manière, malgré j’en suis sûr les nuits blanches qui comme moi occupent vos pleines lunes, malgré la souffrance parfois indicible et innommable qu’ils nous font subir à tous, nous les petites gens, car ils le peuvent et c’est de bonne guerre, alors ils ne se gênent pas. Le système n’est pas un truc aveugle et sourd, il est commandé et structuré par des êtres de chair et de sang par trop intelligent ou tout au moins suffisamment cultivé pour ne pas ignorer cet aspect-là des conséquences du dit système.

Ils le peuvent, nous détruire socialement et civiquement, oui ils le peuvent même ils vont le faire. Mais comme disait René Char (il me semble) à propos de ces fous de résistants du maquis du Vercors, qu’on appelait aussi la Petite République :

 "Tu peux prendre une abeille dans ta main, tu peux l’écraser, tu l’as tues elle te pique. Il ne sert à rien qu’elle t’ai piquée, elle est bien morte. Mais si elle ne t’avait pas piqué, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus d’abeille".

Je vous embrasse très très fort et vous envoie toute ma franche, totale et inconsolable estime... et de tenir... Oui de tenir... Pour nos enfants... Pour les vôtres....

http://www.ac.eu.org/spip.php?article1589#forum30553

Enseignant non-titulaire RMIste, p’tit soldat précaire

Messages

  • Merci à toi pour cet article, terrible et tellement vrai !
    Courage camarade. Tu n’es pas seul.
    (petite précision : c’est Jean Paulhan et non René Char, l’auteur de la magnifique citation).

  • Et je sais qu’il y en a qui disent : "ils sont morts pour peu de choses. Un simple renseignement - pas toujours précis - ne valait pas ça, ni un tract, ni même un journal clandestin - parfois assez mal composé -." A ceux la il faut répondre : "c’est qu’ils aimaient des choses aussi insignifiantes qu’une chanson, un claquement de doigts, un sourire,....Tu peux serrer dans ta main une abeille jusqu’à ce qu’elle étouffe. Elle n’étouffera pas sans t’avoir piqué. C’est peu de chose dis-tu. Oui c’est peu de chose, mais si elle ne te piquait pas il y a longtemps qu’il n’y aurait plus d’abeilles. " Jean Paulhan

  • La situation de l’Education nationale, de ses professeurs et leurs élèves est absolument déplorable : non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, restrictions budgétaires, diminution des horaires, multiplications des tâches (à horaire constant ou en diminution), casse du statut de 1950. Les nouveaux programmes du collège sont plus que critiquables. La notation par compétences est une ineptie pédagogique... les élèves seront les premières victimes de ces réformes.

    Il est vrai qu’une partie notable des enseignants est dépolitisée (depuis 2003, je pense). Il faut y voir notamment un dégoût par rapport à l’action menée par ces organisations qui prétendent défendre les intérêts des salariés, et qui ont laissé la situation se dégrader (depuis 1997 et Allègre) sans réellement lutter (Snes-Fsu, Snfolc, Sud educ, entre autres), ou qui ont applaudi l’action des individus qui sont au pouvoir actuellement (les pédagolâtres du Se-Unsa et du Sgen-Cfdt). Cette dépolitisation est grave, car peu de professeurs sont conscients du fait que la précarisation de certains enseignants depuis les années 1990 entraine à terme celle de tous : création des Titulaires Académiques, puis des TA sur Zone de Remplacement, puis des Titulaire sur ZR, consécutive à la suppression des Titulaires Remplaçants, création des vacataires et des contractuels, puis suppression des Maîtres-Auxiliaires... Dans un même temps, chaque professeur ayant une situation particulière voit les maigres "avantages" liés à cette fonction diminuer ou être supprimés : suppression par exemple des 20 points de bonifications (afin d’obtenir une mutation) pour les TZR (cette bonification était accordée en échange de la difficulté de la fonction de remplacement). Le bouquet pour cette rentrée 2011 : les nouveaux stagiaires sous-payés mis à plein temps sur les établissements, avec proposition de formation payante par le privé. Il y a de quoi dégouter n’importe quel jeune -sortant de longues et difficiles études- d’enseigner.

    Le pouvoir s’y prend avec l’Education nationale de la même manière qu’avec la Poste : en rendant la situation des enseignants (de TOUS les enseignants, titulaires comme non-titulaires) de plus en plus intenable -le procédé est calqué sur celui de la Poste, où l’on a diminué le nombre de guichetiers, provoquant ainsi le mécontentement des usagers- , et en les désignant comme des boucs-émissaires en stigmatisant un soi-disant comportement de corps ("les profs" qui se marieraient entre-eux, qui seraient déconnectés du reste de la société, qui feraient grève constamment, qui ont des vacances, de la même manière que les agents de la Poste sont collectivement présentés comme des guichetiers fainéants et peu aimables...), il escompte ainsi provoquer une fuite des élèves vers l’école privée (pour la seconde année consécutive, tandis que le nombre de postes au Capes a chuté, ceux des concours pour l’enseignement privé ont augmenté).

  • Les enseignats dépolitisés dans leur masse : je connais ça depuis les années 80 (dans les manifs, j"ai souvent rencontré des enseignants du privé, rarement du public). L’anticommunisme, ça les connaissait. Ils ont tous applaudi la chute de l’URSS. Grand bien leur fasse et bon vent dans leur paradis capitaliste. Jesse