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ITALIE le défi de Fausto Bertinotti au Prc : contre moi ou avec moi

Publie le mardi 9 novembre 2004 par Open-Publishing


Congrès pour le tournant, mais sans amendements. L’aire Grassi s’oppose

de ALESSANDRO MANTOVANI ROME

Fausto Bertinotti descend dans l’arène de Rifondazione. Hier matin, devant le comité politique du Prc (parti de la refondation communiste, ndt), le secrétaire a ouvert la voie qui mènera au congrès de mars, le sixième en treize ans d’histoire du parti, le congrès "de l’alternative programmatique de gouvernement". "Le centre du débat - avertit cependant Bertinotti - n’est pas la question du gouvernement. Ca, c’est un passage à évaluer à chaque fois, que l’on doit voir en fonction de la construction de l’alternative de société". Mais s’ils ne se posent pas la question du gouvernement, dit encore le secrétaire, Rifondazione et les mouvements sont condamnés à la "marginalité". La construction de "l’alternative programmatique de gouvernement" va de pair, pour Bertinotti, avec "la croissance de la Gauche Européenne" et avec "le processus constitutif de la gauche alternative".

Le thème est celui de la proposition lancée par Alberto Asor Rosa sur Il manifesto, pour l’ouverture d’une confrontation dans la gauche de la naissante Gad (Grande alliance démocratique, ndt), confrontation ouverte aux mouvements. Et Bertinotti qui l’a déjà saisie et relancée mais en attendant insiste avec son intention de se porter candidat aux primaires, aborde le délicat débat interne fort du soutien d’un noble père comme Pietro Ingrao. Interviewé par le directeur de Liberazione, Piero Sansonetti, Ingrao déclare que "Rifondazione est décisif pour l’unité de la gauche", l’invitant cependant à "sortir de sa coquille" parce que "autrement, l’invitation proposée par Asor Rosa risque de finir en un fragile amoncellement".

Bertinotti peut ainsi lancer un défi aux différentes âmes du Prc. Ou avec moi ou contre moi, voici le message aux courants qui, sur le papier, si l’on en fait la somme aujourd’hui, représentent 45% des organes dirigeants. "Clarté et participation - soutient-il - sont les deux points fondamentaux. Trop d’éléments conflictuels et trop de tensions internes au parti se sont accumulés. Le point de diversité que nous devrions proposer est le suivant : la représentation d’une position politique est liée à une proposition achevée, ou plutôt sans une proposition complexe, il n’y a pas de représentation organisée". Ce sera, comme prévu, un concours par motions sur des documents non amendables. C’est une tentative de "débusquer" l’aire de l’Ernesto de Claudio Grassi et Alberto Burgio, la plus liée à la tradition du vieux Pci qui partage le tournant "alliantiste" mais en conteste les temps, les modalités et le parcours. Au dernier congrès, Grassi et ses compagnons obtinrent 26% des votes sur leurs amendements. "Demain - dit Grassi - nous demanderons à nouveau un congrès sur des documents amendables, un congrès plus unitaire". Mais aujourd’hui, on vote, la majorité ne cèdera pas et Grassi devra sortir à découvert car les divergences semblent profondes : "On est passé - souligne le dirigeant de l’aire de l’Ernesto - d’un extrême à l’autre : d’abord, le déséquilibre vers les mouvements, que nous critiquions, et maintenant on dit ’Ou on va au gouvernement ou on meure’. Mais quel est le programme ? Pourquoi disons-nous que Prodi convient ? Parler d’alliances avant de parler de programmes est une torsion significative, peut-être plus risquée que celle de 98", la décision de faire tomber Prodi.

Il y aura sûrement deux documents alternatifs, ceux des courants trotskistes. Franco Grisolia l’a confirmé hier pour la minorité historique de gauche qu’il conduit avec Marco Ferrando (13%). "Nous avons - dit Grisolia - une objection de fond à la participation au gouvernement, pas un barrage idéologique mais une position qui naît de l’expérience historique du mouvement ouvrier qui a réalisé ses conquêtes à partir de l’opposition et pas du gouvernement. Et la présence d’un centre libéral la rend encore plus négative". Pour l’aire Erre, qui depuis 1998 a fait partie de la majorité de Bertinotti (7% des postes de direction) mais qui maintenant la quitte, parlera aujourd’hui Salvatore Cannavò, vice-directeur de Liberazione : "Ce sera - dit Cannavò - un congrès qui délibèrera sur un accord de gouvernement avec l’Ulivo de Prodi, Fassino et Rutelli et à notre avis, les conditions ne sont pas réunies. Nous proposerons une ligne de travail dans les mouvements, d’opposition sociale à la guerre et au néo-libéralisme et donc à la droite. Pour battre Berlusconi, il suffit d’un accord électoral, dans des conditions précises".

Traduit de l’italien par karl & rosa de bellaciao

http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/31-Ottobre-2004/art38.html