Accueil > Agriculture raisonnée ?

Agriculture raisonnée ?

Publie le jeudi 21 octobre 2010 par Open-Publishing
10 commentaires

De Jacques

Une question (qui pourrait être le titre d’une émission racoleuse de la télé-poubelle : Combien ça coûte ?) m’est venue hier matin en voyant passer un convoi agricole composé d’un énorme ensileuse et d’une dizaine de tracteurs géants attelés à des remorques du même acabit, qui allaient faucher un champ de maïs-grain, les ensilages étant terminés déjà. Je n’ai pas compté le nombre de voyages des tracteurs entre le champ et les silos de la CAVAC, mais ça tourne autour de la vingtaine chacun. Le chantier à duré de 8h à 13 h, soit 5h.

 L’ensileuse : 150 à 400 000 € ( de 500 à 800 CV ) consommation moyenne : 150 l/h
 Tracteur : de 70 000 à 140 000€ suivant puissance ( 120 à 160 CV ) : conso. m. : 30 l/h
 Benne céréalière : 15 à 25 000€ suivant nombre d’essieux.

Une ensileuse à, mettons, 250 000€, 10 tracteurs attelés à, disons 120 000€ chacun, ça nous fait, voyons ...1 450 000 € ! Jolie somme. On dirait le "salaire" d’un footballeur !

 Conso de l’ensileuse : 5x150=750l ;
 Conso des tracteurs : 30x5x20= 3000l ;

Total : 3750 litres de gasoil.

Tout ça pour un seul champ de 15/20 ha. !

Petit problème d’arithmétique : Sachant que la surface cultivée en maïs en France est de 3 500 000ha (1 080 000 en 1960 !), calculez la quantité de carburant consommée pour la récolte.

Réponse :

 3750 : 20ha= 187,50litres/ha récolté et transporté.
 187,50x3 500 000ha= 656 250 000litres de moyenne avec des suppléments lorsque le lieu de stockage est plus éloigné. (Sans parler de l’acheminement vers les ports puisqu’une grande partie de ce maïs est destiné à l’exportation, la part allant à l’alimentation locale étant moindre. M.M.)

Pas mal ! Quand je pense qu’on essaie de me culpabiliser pour usage d’auto avec mes 1000l annuels.

A quoi il faudrait ajouter la quantité consommée pour les récoltes de : blé, soja, colza, tournesol, pavots, betteraves, pommes de terre, foin etc. et celle nécessaire lors des déchaumage, labour, hersage, roulage et traitements phytosanitaires divers et variés.

Si, après le passage des tracteurs, on balayait la route entre la Briolière et la CAVAC, à Fougeré, on pourrait remplir une remorque supplémentaire, peut-être plus, avec ce qu’ils perdent le long du trajet !

En tout cas, voilà un sujet que les économistes omniprésents à la lucarne abordent rarement.

Et on nous parle d’agriculture raisonnée ! Est-ce bien raisonnable ?

Vous reprendrez bien un peu de ce délicieux pop-corn ? Attention, il est peut-être transgénique. Portez-vous bien. J.B.

Messages

  • Zut, pour la photo je n’avais pas vu qu’elle était en copie réservée. Faut que je change de lunette !

  • c’est bourré d’approximations...
    si l’ensilage est terminé et qu’il s’agit de récolte du maïs grain, alors ce n’est pas une ensileuse que tu as vue, déjà, mais une moissonneuse. Je m’arrête là parce que la suite est du même acabit.

    • Euh... ça change quoi au fric dépensé ?

    • ça change tout ! si quelqu’un qui n’est pas capable de faire la différence entre un avion et un train te fait un cours sur les moyens de transports, le prendras-tu au sérieux ? Le champs fait selon lui 15 à 20 ha... et il utilise cette approximation pour extrapoler la consommation de gazole à la ferme France !

    • C’est effectivement une moisonneuse, mais ça consomme encore plus que l’ensileuse. Je sais que c’est génant pour certains de voir jeter au grand jour quelques chiffres impressionants, même s’il s’agit d’aproximations qui ne sont là que pour montrer l’aberration d’une agriculture trop productiviste.

      Dont l’aspect abordé, n’étant pas le moindre, n’est néanmoins pas le seul lorque l’on pense aux surdoses engrais, aux traitements, aux OGM, aux arrosages intempestifs, au déforestations, etc.

      Relocalisoons l’agriculture pour des besoins locaux, une agriculture paysanne limitera les charges et permettra de sauveurs les petits agriculteurs surtout éleveurs ou producteurs de lait, les gros céréaliers ne pensant qu’à les faire disparaître pour s’approprier leurs terres afin de produire encore plus.

      D’autant que pour l’élevage, le sorgo remplace le maïs avec une agriculture plus simple et moins irriguée, sans oublier la luzerne qui n’est pas à négliger et dont un seul arrosage suffira souvent pour favoriser une seconde coupe.

      Alors ce qu’a fait Jacques, c’est d’observer comment cela se passait autour de chez lui, même s’il n’est pas d’une précision exemplaire il a tout de même démontrer avec raison l’outrance du système. C’était le but...

    • je pense que quand on dénonce quelque chose, on se doit d’être rigoureux dans sa démonstration. Sinon ça nuit à la crédibilité de la cause qu’on défend.
      L’agriculture consomme beaucoup d’intrants oui c’est vrai et les agriculteurs en sont les premiers conscients puisqu’il s’agit de charges dans leurs comptes de résultats. Oser établir un parallèle entre le prix du matériel agricole et un "salaire" de footballeur, alors là c’est complètement stupide ! Il s’agit d’un outil de travail : certes les logiques d’investissements ne sont pas toujours empreintes du fameux "bon sens paysan", hélas, et le parc matériel est souvent sur-dimensionné.

      Cependant, des outils tels que les ensileuses, moissonneuses, remorques, tonnes à lisiers... qui se caractérisent par une fréquence d’usage faible, sont souvent détenus en copropriété par plusieurs agriculteurs. On appelle ça des CUMA. Alors arrêtons les simplifications abusives, personne ne reproche aux entrepreneurs de travaux publics les dimensions ou les prix de leurs bulldozers, leurs grues, leurs pelleteuses !?!

    • Il y a de moins en moins de CUMA, en paralléle aussi, la diminution des entrepreneurs de traveaux agricoles, on assiste donc à une individualisation du matériel qui fait le bonheur du Crédit agricole et autres banques.

      Pour le salaire de footballeur c’était une pirouette qui d’ailleurs mettait aussi en avant l’exagération du salaire de certains sportifs. Quant à l’histoire de l’ensileuse c’est un proçès d’intention qui sert à masquer certaines vérités.

    • De plus, à ce que je sache, un entrepreneur de travaux publics ne touche pas de subvention pour creuser une tranchée. Par contre, les agriculteurs touchent des subsides venant de la PAC pour le maïs arrosé...C’est pas tout à fait comparable !

    • j’adore les gens comme vous qui raisonnent la bouche pleine...la solution au problème est simple ; on remplace le mais ensilage par du bon foin récolté à la main, comme le faisaient nos grands parents ; attention pas de tracteur, ni mème de cheval. On va nous accuser de maltraitance animale. Que du travail manuel, de la fauche au chargement, et pareil pour le rentrer au grenier. Des gens plein de bonnes intentions comme vous, on en trouve plein sur le net, mais un peu moins dans les champs pour tout ce qui reste à faire comme travail manuel. Le vrai problème des pays industrialisés, c’est pas la mécanisation, c’est le nombre de gens payés à réfléchir en proportion de ceux qui bossent pour les nourrir !