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Connaissez-vous l’Île de Nauru ?

Publie le lundi 29 novembre 2010 par Open-Publishing

Jusqu’à tout récemment, je ne savais même pas qu’elle existait, perdue au fin fond du Pacifique, un des nombreux confetti de la Micronésie.

On sait qu’autrefois des civilisations se sont écroulées pour des raisons plus ou moins mystérieuses : les Vikings, les Incas, les Pascuans (pas les Pasqua ; eux, ils ne meurent jamais).

Avec les îliens de Nauru, nous avons assisté en direct, en quelques décennies, à la croissance fulgurante et à l’effondrement spectaculaire d’une petite population qui avait vécu pénarde pendant des millénaires. Comme les Irlandais, ces malheureux ont cru que la croissance était une fin en soi, quelque chose d’étranger que l’on peut importer, modéliser, promener. Une croissance artificielle violente le corps social, le corps physique de pays qui finissent par être victimes de facteurs qui leur échappent totalement, comme la spéculation. Dans les années soixante-dix, j’ai été témoin du “ miracle ” ivoirien qui reposait sur le café et le cacao, des cultures d’exportation non vivrières. Nauru, quant à elle, connut un brève ivresse grâce à son sous-sol gorgé de phosphates.

J’utilise ici la page Wikipédia consacrée à cette île.

En 1947, les Nations unies rendent Nauru à l’Empire britannique et son administration à l’Australie après une occupation japonaise de trois ans. Les exportations de phosphate (qui avaient commencé en 1906) reprennent de plus belle. De jeunes militants réclament davantage d’autonomie et une meilleure répartition des bénéfices. Un Conseil de gouvernement local est créé en 1951 avec à sa tête Hammer DeRoburt (le marteau de la gloire brillante, donc), futur premier président de Nauru. En 1964, un projet australien de déplacement de la population nauruane sur une île australienne est abandonné car les Nauruans désirent à terme l’indépendance, ce que leur refuse l’Australie. Nauru devient indépendante en 1968, tandis que le cours du phosphate atteint des sommets deux ou trois ans plus tard. Le niveau de vie des Nauruans est alors l’un des plus élevés de la planète. Le gouvernement anticipe sur l’épuisement des ressources du sous-sol en acquérant de l’immobilier et du foncier dans le monde entier. Goûtant et subissant brutalement le mode de vie occidental, les habitants deviennent obèses et diabétiques. Leur espérance de vie stagne. En 1989, Nauru porte plainte devant la Cour internationale de justice contre l’Australie : elle réclame compensation pour la destruction du centre de l’île provoquée par l’extraction de phosphate. À l’amiable, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni acceptent de verser d’énormes compensations à l’île.

Lorsque les gisements de phosphate s’épuisent au début des années 90, les investissements immobiliers s’avèrent désormais infructueux. Par ailleurs, les caisses de l’État ont été vidées par les détournement de fonds et la corruption. Ruiné, le pays décide de devenir un lieu de blanchiment d’argent, de vente de passeports de complaisance et d’accueil de réfugiés refusés par l’Australie. Vraisemblablement monnaye-t-il ses votes aux Nations unies à partir de 1999 et à la Commission baleinière internationale à partir de 2005. A contrario, l’île a cessé d’être un paradis fiscal depuis 2004.