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DOSSIER BIODIESEL / CHAPITRE 3 : Se chauffer au biofioul

Publie le mercredi 1er décembre 2004 par Open-Publishing
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Vous pouvez trouver les différents volets du dossier en cliquant sur les liens : INTRODUCTION, PRÉAMBULE, CHAPITRE
1
, CHAPITRE
2,
CHAPITRE
3
, CHAPITRE
4
, CONCLUSION, DOSSIER COMPLET.


de Matt Lechien

CHAPITRE 3

Se chauffer au biofioul

Le biofioul est un néologisme pour qualifier l’huile végétale que l’on utilise pour se chauffer, par opposition au fioul tout court qui est un dérivé du pétrole dont on peut avoir régulièrement un aperçu sur notre littoral. Dans ce chapitre nous allons donc passer en revue toutes les solutions possibles pour se chauffer avec de l’huile végétale. Dans la rubrique « on nous cache tout, on nous dit rien », vous pourrez aussi trouver de l’information sur le moteur Stirling, qui permet à la fois de se chauffer avec du biofioul, mais aussi de produire toute l’électricité nécessaire pour l’habitat dans une logique de développement durable.

1) LES PETITS CHAUFFAGES ET LES POÊLES A PÉTROLE

Cette section propose une solution très intéressante pour les précaires et aussi pour chauffer les locaux d’un collectif ou d’un squat. Avec de l’huile de récupération filtrée selon la méthode que j’ai détaillée dans le chapitre 1, vous pourrez vous chauffer quasiment gratuitement. Le seul investissement que vous avez besoin de faire, si ce n’est pas déjà fait, c’est d’acquérir un appareil de chauffage que l’on peut trouver pour trois fois rien d’occasion, par exemple chez Emmaüs ou dans des dépôts vente. Si vous préférez en acheter un neuf, comptez environ 100 €. Sans vouloir faire de publicité pour le pétrole, cette solution est doublement avantageuse, car ce mode de chauffage est déjà l’un des moins cher à l’usage.

Le problème qui se pose c’est qu’il existe des quantités de modèles différents, et que vu que nous n’avons pas les moyens du laboratoire de « Que choisir », nous n’avons pas pu les tester tous, ce sera donc à vous de trouver la bonne méthode en fonction des éléments que je vais vous donner. En retour, il serait sympa, si vous choisissez par la suite ce mode de chauffage, de laisser un mot sur les forums d’utilisateurs d’huile végétale afin qu’une base de données publique puisse se constituer. Ça ne prend que cinq minutes, indiquez le nom du fabricant de votre chauffage, le modèle et la méthode utilisée, c’est tout. Un autre monde est possible. Il commence par le partage d’informations sur tout ce qui touche aux alternatives au monde marchand.

a) Les chauffages à pétrole simple

Ceux là, c’est les moins chers à l’achat, mais aussi les plus durs à faire fonctionner. Mais il n’y a rien d’insurmontable, c’est juste l’histoire d’une heure ou deux, le temps de trouver les bons réglages. Ils sont portatifs et peuvent chauffer une pièce jusqu’à 50 m2 maxi. Attention, ces modèles ne fonctionnent qu’avec de l’huile de récupération. L’huile neuve est trop épaisse
pour pouvoir brûler correctement. Pour l’instant, à moins que vous ne soyez motivé, je ne vous conseille pas d’utiliser ces petits modèles.

Nous allons refaire des tests, et posterons un
additif à ce dossier sur Bellaciao, dès que nous aurons trouvés une méthode fiable à 100%
qui vous évite de vous prendre la tête. Si vous voulez tout de même vous lancer, il se peut
que lors d’une expérience malchanceuse votre mèche s’éteigne. Pour relancer le poêle, il suffit de la nettoyer avec de l’alcool à brûler et de réalimenter le réservoir avec 100% de pétrole. Si jamais le poêle ne veut vraiment pas repartir, versez un tout petit peu d’alcool à brûler sur la mèche et allumez.

Théoriquement, il n’y a pas de raison pour qu’un petit poêle ne puisse pas fonctionner à l’huile, on a déjà réussi à le faire. Le problème vient de la spécificité des modèles. Peut-être qu’une méthode simple et universelle passera par l’utilisation d’une autre huile que celle de tournesol ou de colza. Affaire à suivre, donc. Cet avertissement concerne aussi les modèles électroniques, bien qu’ils soient plus faciles à faire fonctionner.

b) Les chauffages à pétrole électronique

Ils sont basés sur le même principe que les simples, sauf qu’ils disposent d’un thermostat et d’une soufflerie. Il faut donc les relier à une prise de courant, mais la consommation est minime. Il sont vraiment très performants, j’en avais utilisé un il y a quelques années à Millau pour chauffer le local de 60 m2 d’un linux center bourré de courant d’air. Au plus rude de l’hiver on arrivait à maintenir 18° sans pousser à fond. L’intérêt c’est que ça réchauffe la pièce immédiatement et que l’on peut chauffer de grands volumes en maintenant les portes ouvertes des pièces pour un coût réduit. Ces modèles sont tous portatifs. Comptez environ 150 € pour en acheter un neuf.

c) Les poêles à mazout

Pas besoin d’explications particulières, si ce n’est que l’on peut en trouver pour trois fois rien en chinant un peu et qu’ils aiment bien l’huile végétale.

Suivant les modèles, le principe reste le même que pour les moteurs :

a) Pour tous les modèles

Jusqu’à 10% d’huile mélangée avec le pétrole, aucun problème, ça fonctionne avec tous. C’est pas grand-chose, mais c’est toujours un geste écologique et 10% d’économisés sur votre budget. Après, vous pouvez essayez d’augmenter progressivement le pourcentage d’huile et vous verrez combien votre chauffage peut en accepter. A savoir que certains poêles fonctionnent à 100% sans rien faire du tout et qu’en règle générale ils acceptent mieux l’huile végétale que les petits chauffages portatifs.

b) Pour passer à 100% d’huile végétale

Pour les modèles moyennement récalcitrants, mélangez un peu d’essence avec l’huile. Commencez à 5%, vous pouvez aller jusqu’à 10% mais pas plus. En règle générale, ça fonctionne très bien. Si jamais, malgré ça, le chauffage ne veut pas s’allumer, il faut adopter le même principe que la bicarburation sur les voitures. Vous allumez avec un peu de pétrole, ensuite vous complétez avec de l’huile végétale, et quand le réservoir est presque vide, vous rajoutez un peu de pétrole pour qu’il s’éteigne avec ce combustible afin de bien se rallumer. Des bricolages simples sont réalisables pour automatiser cette tache, pour l’instant, personne n’a eu le temps de s’y pencher sérieusement. Vous voyez donc ce qui vous reste à faire si vous êtes bricoleur : un kit bicarburation pour chauffage.

Nota bene

Quand on utilise du pétrole ou du fioul, ce mode de chauffage dégage une odeur très perceptible et pas agréable. En passant à l’huile végétale, vous aurez une légère odeur de cuisine pas très prononcée. Un peu comme si vous aviez fait à manger une demi-heure auparavant. Notez bien aussi que l’utilisation d’un chauffage à combustion interne dans un lieu de vie consomme de l’oxygène et dégage du CO2. Il est donc fortement recommandé de prévoir une petite aération dans la pièce où est situé le chauffage. Certains sites conseillent de ne pas s’embêter à filtrer fin pour les chauffages. Effectivement, ça fonctionne un temps... mais après ça s’encrasse. Alors le mieux est de filtrer à 5 microns comme pour les voitures, de toutes façons, que l’on filtre à 15 ou 5 microns, le temps est quasiment le même.

Astuce

Si la légère odeur de cuisine dégagée par la combustion du biofioul vous incomode, il est possible de la masquer en faisant mariner des herbes de votre choix dans l’huile avant usage. Pour ce faire, placez les dans un linge solidement noué et laissez les mariner pendant quelques jours. Le thym fonctionne très bien. Il neutralise l’odeur et dégage un léger parfum.

2) POUR LE CHAUFFAGE CENTRAL

Si vous avez une chaudière au fioul, surtout n’essayez pas d’y intégrer un pourcentage d’huile sans modification préalable. Pour ce type de chauffage, il n’y a que deux solutions : le 0% et le 100%. Pour passer au biofioul, il suffit juste de faire changer vos brûleurs, c’est tout. Le technicien qui se charge de l’entretient de votre chaudière peut tout à fait vous les remplacer, c’est dans ses cordes. Pour ça, il faut lui demander des modèles adequats. Il vous en coûtera environ 1500 € pose comprise. Si la facture vous semble lourde, dites vous bien que c’est le prix à payer pour passer à l’énergie renouvelable, mais aussi pour diviser vos factures de chauffage de plus de 50% par an. Alors faites vos comptes...

3) LA SOLUTION AU TOP

Elle est extrêmement méconnue, c’est donc une info à diffuser largement. Accrochez-vous bien, il est possible de se chauffer avec des convecteurs électriques classiques alimentés par de l’électricité générée par du biofioul et de l’énergie solaire. Par la même occasion, vous pouvez aussi alimenter de manière autonome toute votre habitation en électricité - voire même, dans la plupart des cas, vendre l’excédant de production à EDF.

Cette solution n’est pas une utopie, elle porte même un nom : le moteur Stirling (ou moteur à air chaud ou à combustion externe). L’invention ne date pas d’hier puisqu’elle est l’œuvre de l’écossais Robert Stirling qui en déposa le brevet le 27 septembre 1816. Elle n’est pas inconnue non plus, puisque des sous-marins suédois sont propulsés grâce à cette technologie qu’on utilise aussi couramment dans le domaine spatial et nautique.

Comment ça marche ?

La particularité du moteur stirling c’est que les pistons sont actionnés par de l’air chaud. Par conséquent, du fait qu’il n’y ait pas d’explosions, il est presque totalement silencieux, ce qui est particulièrement adapté à un usage domestique quotidien. Voici son mode de fonctionnement : Dans sa description la plus simple, le moteur stirling est constitué d’un cylindre renfermant du gaz et d’un piston récupérant l’énergie mécanique. La combustion est externe, le fluide principal est de l’air soumis à une modeste pression et soumis à 4 cycles : chauffage, détente, refroidissement puis compression.

Le rapport avec le biofioul ?

C’est tout simple ! On utilise une chaudière à huile de tournesol pour fournir la chaleur nécessaire pour faire fonctionner un moteur à haut rendement énergétique. Une toute petite chaudière à faible consommation suffit. A savoir que ce moteur fonctionne aussi à merveille avec une parabole solaire. On peut donc coupler les deux sources de chaleur : biofioul la nuit / solaire le jour. Si ça c’est pas une solution écologique, alors qu’est-ce que c’est ? En passant au 100 % biodiesel pour votre voiture et au stirling pour votre maison, vous vous affranchissez du même coup des pétroliers et d’Electricité de France qui tient tant à ses centrales nucléaires. Autant dire tout de suite que le développement durable est une des plus belles formes de combat contre le capitalisme. C’est efficace, utile et pacifique. On touche là où ça fait mal : le porte monnaie - et en plus on sauve la planète.

Le problème

Il y a un seul problème, mais il est de taille. Les spécialistes qui planchent sur ce sujet sont tous d’accord pour dire que l’invention de Robert Stirling n’a jamais eu la gloire qu’elle mérite. La firme Philips, qui s’est penchée quelques années sur le projet avec succès, a du abandonner le développement de ce moteur pour se lancer dans la course aux moteurs à pétrole qui faisait rage à la fin des années 30. Déjà à cette époque, les industriels n’avaient pas de temps à perdre, ils privilégiaient la rentabilité immédiate au détriment du bon sens. Désormais cantonné à des applications industrielles et militaires, le moteur stirling à usage domestique n’est produit qu’à de très faibles quantités par une poignée de firmes artisanales. Son coût est donc très élevé, comptez environ 20000 €. C’est cher, certes, mais en matière de développement durable il ne faut pas raisonner sur un an ou deux. Il s’agit d’un achat qui vous permet d’être 100% indépendant pour votre production énergétique durant de nombreuses années. Tous les calculs vont en ce sens, en calculant le prix d’achat du moteur dilué sur une quinzaine d’années, comparé à la grosse économie sur votre facture énergétique, ça revient à peu près au même, sauf que vous êtes dans une logique de développement durable.

Pas content du prix ?

Je comprends bien, vous aussi vous voudriez utiliser ce mode de production énergétique, mais il s’avère que l’investissement est beaucoup trop lourd. Qu’à cela ne tienne ! Dites vous bien que ce n’est pas une fatalité. Si ce moteur était produit en série, son coût serait dérisoire. Mais pour cela, il faudrait une réelle volonté politique. Alors allez voir vos élus et mettez les au pied du mur. C’est ça la république, normalement les politiciens sont les serviteurs du peuple. N’ayez donc aucune pudeur à aller leur demander de faire un effort pour l’environnement et l’économie d’énergie fossile. Avec l’envolée des cours du pétrole, ils militent pour ça. Il serait donc judicieux de les prendre au mot et de leur rappeler de ressortir ce qu’ils ont planqué au fond de leurs tiroirs. Si vous en doutiez encore, les politiques nous mentent et tout est bon pour faire du fric, même si ça doit conduire à la destruction de notre environnement. Heureusement, rassurez-vous, il n’y a pas que les politiques qui ont des tiroirs bien remplis.

Des solutions à venir

Mais bon, je me doute bien qu’il ne va pas y avoir un mouvement de foule pour ça. Après tout, pour beaucoup, regarder la première chaîne sur un téléviseur alimenté au nucléaire, ça irradie tellement le cerveau qu’ils ont l’impression que c’est la panacée. Tant que les crasses sont bien planquées sous le tapis, ce n’est pas un p’tit cancer par ci par là, ou des guerres lointaines qui vont faire bouger le bon peuple. Alors conservez bien ce dossier, parce que d’ici un mois ou deux je vais en ressortir un sur la production d’électricité propre en partant en partie de cette base. Avant d’être un biodiesel militant, je suis surtout un fervent supporter de la voiture à air comprimé, sur laquelle j’ai déjà consacré de nombreux articles |source : http://www.mdi.lu ]. J’en ai plus que marre qu’à chaque fois on me dise qu’elle n’est pas 100 % propre à cause de la consommation d’électricité pour compresser l’air qui serait forcément produite par du nucléaire ou du pétrole alors que des alternatives 100% propres et viables existent. Tout ça pour dire que dans ce dossier à venir, vous pourrez trouver tous les plans pour construire vous-même votre moteur stirling pour trois francs six sous avec un bon niveau de bricolage (on peut toujours se faire aider). Mais patience, il me faut encore un peu de temps pour finir de me documenter et effectuer des tests.

4) SOLUTIONS COUSINES

Ce que j’appelle les solutions cousines, c’est les solutions de chauffage à base de végétaux basées sur le développement durable. Je suis bien obligé d’en parler ici parce que si je ne le fais pas, ce n’est pas les médias sous la coupe du pouvoir économique et politique qui vont le faire. Alors sachez qu’il existe des poêles et des chaudières à céréales dans lesquelles on peut brûler du maïs ou du blé. Tout comme le biodiesel, c’est plus écologique que le pétrole ou le gaz à condition que le mode de culture le soit. A savoir que ça consomme très peu, ça a un bon rendement, c’est plus écologique que de se chauffer au bois, ça fait peu de rejets et, cerise sur le gâteau, il y a un foyer comme un insert de cheminée classique qui fait des petites flammes - c’est parfait pour les soirées love-love avec une coupe de bière bio à la main. Vous pourrez trouver facilement des fabricants en cherchant sur le ouèbe.

5) Conclusion

Eh bien voilà, maintenant vous allez pouvoir vous chauffer bio et à pas cher. Il ne vous reste plus qu’à mettre vos chaussons devant la cheminée. Si vous êtes sages, le père noël vous apportera un kit de développement durable et la démocratie directe. Une autre énergie est possible.


Ce texte fait partie d’un dossier complet sur le biodiesel.
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Vous pouvez joindre l’auteur de ce dossier à cette adresse : matt@surrealiste.org
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