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Aurore Martin : "On n’est pas tous égaux devant la loi"

Publie le mardi 14 décembre 2010 par Open-Publishing
2 commentaires

par Anne-marie bordes

La Cour de cassation décidera du sort de la jeune militante politique poursuivie par l’Espagne qui défend la thèse selon laquelle "Batasuna c’est ETA"

Aurore Martin : « Tout ça prend des proportions qui dépassent la militante que je suis ». PHoto « SO »

« Sud Ouest ». Dans quel état d’esprit attendez-vous la décision de la Cour de cassation ?

Aurore Martin. Si elle avalise la décision de la cour d’appel de Pau, je n’aurai plus de recours possible, je serai livrée à l’Espagne. Contrairement à ce que certains pensent je ne serai pas amenée devant l’Audiencia Nacional pour une simple audition : je dois me préparer à être condamnée à de longues années de prison. Je « mentalise » cette perspective mais j’ai énormément de mal à me faire à l’idée que je devrai vider mon appartement, me séparer de ma famille, de mes amis… Ce processus d’« acceptation » me rend malade. Comment puis-je accepter la perspective de 10 ou 12 ans de prison pour des déclarations politiques ? Dans le fond, je ne crois pas en la justice.

Que vous reproche-t-on ?

Sept faits. Soit la participation à quatre interventions publiques, médiatisées, de Batasuna (interdit en Espagne depuis 2003, mais autorisé en France) à Pampelune, Bayonne, et Ustaritz en 2006 et 2007, à une réunion interne de Batasuna en Alava, à la co-écriture d’un article paru dans « Gara » et à ma qualité d’employée du Parti politique EHAK (Parti communiste des terres basques) en 2007 (1). Des faits relevant du chef d’« intégration dans une organisation terroriste » selon l’Audiencia Nacional. L’une de mes interventions publiques à Pampelune remonte au 6 mars 2006, au lendemain de l’annonce du dernier cessez-le-feu d’ETA. Ce jour-là, Batasuna confirmait qu’on entrait dans un processus de paix. En réalité, la justice veut démontrer que Batasuna c’est ETA, y compris ici. En tant que militante légale de Batasuna, c’est mon devoir de dire que son interdiction en Espagne est un scandale.

Quand êtes-vous devenue membre actif de Batasuna ?

Un an après ma première arrestation survenue à Bayonne (je suivais des cours aux Beaux-arts) en 2002-2003, cet événement a précipité mon engagement. J’ai été emprisonnée pendant un mois sur décision du parquet antiterroriste de Paris pour « association de malfaiteurs ». La juge Le Vert m’avait fait comprendre que j’étais là « pour l’exemple ». J’ai passé cinq jours à Fleury-Mérogis, le reste du temps à Versailles avant d’être relâchée sur un « non-lieu ». Ce jour-là, j’ai pris conscience de beaucoup de choses : on n’est pas tous égaux devant la loi. Au cours des années qui ont suivi, j’ai fait l’objet de multiples procédures, en quelque sorte je m’y suis embourbée : compte bancaire bloqué, premier mandat d’arrêt, second mandat d’arrêt, poursuites pour refus de prélèvement ADN, perquisitions…

Pour moi, la France a fait son choix depuis longtemps, elle est main dans la main avec l’Espagne. Mais notre référent à nous en tant que militants politiques, c’est aussi la France.

On parle d’un nouveau processus de paix…

C’est une perspective pleine d’avenir mais semée d’embûches. On a besoin d’aller vers une résolution du conflit qui a duré trop longtemps. J’appartiens à une nouvelle génération qui a envie d’avancer sur le terrain politique et je me retrouve malgré moi propulsée telle un « symbole de persécution ». Tout ça prend des proportions qui dépassent la militante que je suis.

(1) EHAK était un parti qui s’était créé afin que la gauche radicale participe à des élections régionales en Espagne, avant d’être interdit.

l’article de Sud Ouest


via pilhaouer
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Messages

  • Cette affaire extrêmement grave, doit être vue aussi indépendamment de la question basque.

    Il est inacceptable que l’on puisse extrader une personne à qui sont reprochés des faits qui ne justifieraient aucune poursuite sur le territoire français mais sont passibles de 10 à 12 ans de prison en Espagne.

    Il se trouve que le gouvernement socialiste zapaterien suit une pente inquiétante :

    Ainsi, lors de la récente grève des aiguilleurs du ciel :

    La grève surprise ayant provoqué le chaos dans les aéroports, le gouvernement espagnol a déclaré samedi l’"état d’alerte", une première depuis la promulgation de cette loi trois ans après la mort de Franco. Cette mesure signifie que si les grévistes refusent de retourner à leur poste, ils peuvent être inculpés et ils risquent une peine d’emprisonnement.

    "L’effet immédiat est que les contrôleurs ont été mobilisés. Cela signifie que, s’ils ne vont pas travailler, ils commettront un crime de désobéissance en vertu du code pénal militaire", a expliqué le vice-chef du gouvernement Alfredo Perez Rubalcaba à l’issue d’une réunion d’urgence.

    http://www.eitb.com/infos/europe/de...

    " un crime de désobéissance en vertu du code pénal militaire" ???!!!