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Le forum du MODEF 07-26

Publie le lundi 24 janvier 2011 par Open-Publishing

L’Ardèche est passée de 15000 agriculteurs il y a 20 ans à moins de 5000 aujourd’hui, avec une proportion de double actif (agriculteur ayant une activité salarié en parallèle de leur exploitation) en augmentation, des données qui devraient être confirmées par le prochain recensement agricole.

De nombreux agriculteurs mettent la clé sous la porte…beaucoup arrêtent leur activité parce qu’elle n’est plus possible : les revenus ont fondus en quelques années, et de l’élevage à la viticulture en passant par les fruits et légumes, toutes les filières sont touchées.

Pourtant les médias ne cessent de rapporter des faits bien différents : de nouvelles aides pour les agriculteurs, une augmentation de 66% du revenus… Des aides, parlons-en, qui ne sont souvent en réalité que des effets d’annonce, ou ne touchent en réalité que peu d’agriculteurs. Quant à l’augmentation des revenus, la plupart des petits agriculteurs locaux n’en ont pas vu la couleur !!!

Pourtant, ce cri du coeur fait l’unanimité dans le monde agricole : « nous voulons vivre de notre métier ».

Pour vivre décemment de son métier il faut que les prix de vente soient au minimum égaux aux coûts de production. Aucune entreprise ne peut se permettre de vendre à perte, et les agriculteurs ne font pas exception à la règle. Pourtant et c’est le paradoxe du métier, alors qu’une entreprise a généralement le pouvoir de fixer ses prix, ce n’est pas le cas des agriculteurs !!! Pour le blé et de nombreux produits côtés sur les marchés mondiaux, ils sont soumis aux cours de la bourse de Chicago…Cela signifie qu’un agriculteur Ardèchois vendra son blé non pas en fonction du temps qu’il a passé sur son tracteur, ni du prix de sa semence, ni des amendements ou autres produits qu’il a pu mettre sur sa culture, ni de la demande réelle pour sa production, mais d’après ce qu’ont décidé un certain nombre de grands investisseurs institutionnels de l’autre côté du monde !!! Cette année, ce producteur ardéchois a de la chance, les cours sont au plus haut du fait de la sècheresse en Russie et d’autres problèmes qui ont diminué la production aux quatre coins du monde… Mais le simple fait que le cours du blé produit à Chomérac dépende du temps qu’il fait en Russie est un vrai paradoxe.

Parlons aussi des éleveurs, où actuellement le monopole de certains industriels transformateurs leur permet de décider du prix d’achat des animaux, ou encore des industries laitières qui décident aussi du prix du lait et menacent de ne plus le collecter en montagne si les agriculteurs émettent le moindre désaccord !!

Et ce ne sont pas les nouvelles directives gouvernementales qui vont changer le fond du problème. En effet, un encadrement des négociations avec une négociation de contrat…on ne pense pas que les agriculteurs, qui pour la plupart ont peu de "pouvoir de marché" pour peser dans les négociations, soient en mesure de faire pression sur des firmes aussi puissantes financièrement…

Alors où sont les solutions ? Elles peuvent être multiples…et sont plus faciles à mettre en oeuvre dans certains domaines de production que dans d’autres. Dans le secteur des fruits et légumes, il est plus facile de relocaliser une production que dans une production laitière. Et s’il y a un espoir, il vient peut être des collectivités territoriales, à condition qu’elles aient les moyens de préserver au moins les services publics, les abattoirs, mais aussi les coopératives avec des débouchés locaux potentiels, économes en transports, garants de la qualité et de nôtre savoir faire. La restructuration nécessaire passera aussi forcément par une mise en commun de moyens, humains et financiers, afin de réaliser la nécessaire adaptation d’un modèle économique sclérosé et inadapté aux enjeux actuels.

A l’heure où notre agriculture souffre, et où les médias communiquent largement sur l’impact de l’utilisation des pesticides sur l’environnement, il nous a paru également essentiel d’évoquer la question de la santé, en mettant en avant le fait que les agriculteurs, souvent considérés comme des "pollueurs", sont en réalité les premières victimes de l’utilisation de pesticides. Nous avons voulu à ce titre faire un point objectif sur les résultats des études médicales existantes. Elles sont d’autant plus d’actualité, qu’un de nos collègues de Charente Maritime vient de décéder d’une leucémie reconnue maladie professionnelle par la MSA …

C’est dans ce contexte, complexe et incertain que le MODEF Ardèche et le MODEF Drôme organisent un forum national au Teil d’Ardèche le jeudi 3 février 2011 toute la journée, ouvert à tous…

Nous sommes un syndicat de défense de l’agriculture, souhaitant trouver des solutions concertées pour faire face à la complexité de la situation du monde agricole, et conscient que l’agriculture est au coeur d’enjeux de territoire et qu’il est essentiel de relever pour assurer l’avenir des générations futures.

ESTELLE