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Engels, communisme et nature

Publie le jeudi 10 février 2011 par Open-Publishing
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Extrait d’un texte de Engels intitulé « Le rôle du travail dans la transformation du singe en
homme » (1876) :

[L]’animal utilise seulement la nature extérieure et provoque en elle des modifications par sa
seule présence ; par les changements qu’il y apporte, l’homme l’amène à servir à ses fins, il la
domine. Et c’est en cela que consiste la dernière différence essentielle entre l’homme et le reste
des animaux, et cette différence, c’est encore une fois au travail que l’homme la doit.

Cependant, ne nous flattons pas trop de nos victoires sur la nature. Elle se venge sur nous de
chacune d’elles. Chaque victoire a certes en premier lieu les conséquences que nous avons
escomptées, mais en second et en troisième lieu, elle a des effets tout différents, imprévus, qui
ne détruisent que trop souvent ces premières conséquences. Les gens qui, en Mésopotamie, en
Grèce, en Asie mineure et autres lieux essartaient les forêts pour gagner de la terre arable,
étaient loin de s’attendre à jeter par là les bases de l’actuelle désolation de ces pays, en
détruisant avec les forêts les centres d’accumulation et de conservation de l’humidité. Les
Italiens qui, sur le versant sud des Alpes, saccageaient les forêts de sapins, conservées avec
tant de soins sur le versant nord, n’avaient pas idée qu’ils sapaient par là l’élevage de haute
montagne sur leur territoire ; ils soupçonnaient moins encore que, ce faisant, ils privaient d’eau
leurs sources de montagne pendant la plus grande partie de l’année et que celles ci, à la saison
des pluies, allaient déverser sur la plaine des torrents d’autant plus furieux.

Ceux qui
répandirent la pomme de terre en Europe ne savaient pas qu’avec les tubercules farineux ils
répandaient aussi la scrofule. Et ainsi les faits nous rappellent à chaque pas que nous ne
régnons nullement sur la nature comme un conquérant règne sur un peuple étranger,
comme quelqu’un qui serait en dehors de la nature, mais que nous lui appartenons avec
notre chair, notre sang, notre cerveau, que nous sommes dans son sein, et que toute notre
domination sur elle réside dans l’avantage que nous avons sur l’ensemble des autres créatures,
de connaître ses lois et de pouvoir nous en servir judicieusement.

Et en fait, nous apprenons chaque jour à comprendre plus correctement ces lois et à connaître
les conséquences plus proches ou plus lointaines de nos interventions dans le cours normal
des choses de la nature. Surtout depuis les énormes progrès des sciences de la nature au cours
de ce siècle, nous sommes de plus en plus à même de connaître les conséquences naturelles
lointaines, tout au moins de nos actions les plus courantes dans le domaine de la production,
et, par suite, d’apprendre à les maîtriser. Mais plus il en sera ainsi, plus les hommes non
seulement sentiront, mais sauront à nouveau qu’ils ne font qu’un avec la nature et plus
deviendra impossible cette idée absurde et contre nature d’une opposition entre l’esprit
et la matière, l’homme et la nature, l’âme et le corps, idée qui s’est répandue en Europe
depuis le déclin de l’antiquité classique et qui a connu avec le christianisme son
développement le plus élevé.

Le communisme [est] abolition positive de la propriété privée (elle-même aliénation humaine
de soi) et par conséquent appropriation réelle de l’essence humaine par l’homme et pour
l’homme ; donc retour total de l’homme pour soi en tant qu’homme social, c’est-à-dire humain,
retour conscient et qui s’est opéré en conservant toute la richesse du développement antérieur.

Ce communisme en tant que naturalisme achevé = humanisme, en tant qu’humanisme
achevé = naturalisme, il est la vraie solution de l’antagonisme entre l’homme et la
nature, entre l’homme et l’homme, la vraie solution de la lutte entre existence et essence,
entre objectivation et affirmation de soi, entre liberté et nécessité, entre individu et genre. Il
est l’énigme résolue de l’histoire et il se connaît comme cette solution

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