Accueil > Réforme de la Psychiatrie : Une déraison d’Etat (Pétition)

Réforme de la Psychiatrie : Une déraison d’Etat (Pétition)

Publie le mardi 22 février 2011 par Open-Publishing
9 commentaires

EXIGEONS le retrait de ce projet loi qui va organiser le retour au "grand renfermement"

Nouvel appel des 39 Contre la Nuit Sécuritaire

Masqué par une appellation toute séduisante : « Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge », il a été adopté au Conseil des Ministres du 26 janvier 2011, et va être débattu au Parlement au printemps.

Trente mille personnes ont signé avec nous l’Appel contre La Nuit Sécuritaire, lancé en réaction au discours du président de la République le 2 décembre 2008 qui assimilait la maladie mentale à une supposée dangerosité. À nouveau, le Collectif des 39* en appelle à l’ensemble des citoyens.

Ce discours promettait un traitement sécuritaire des malades mentaux.

Il a depuis largement pris corps dans la pratique quotidienne : les lieux de soins psychiatriques sont désormais truffés de caméras de surveillance et de chambres d’isolement, des grillages ont été disposés, des protocoles de neutralisation physique des patients ont vu le jour, les préfets empêchent les levées d’internements caducs.

Un projet de loi propose aujourd’hui un cadre juridique à cette dérive sécuritaire.

Adopté le 26 janvier 2011 en Conseil des Ministres, il sera discuté au Parlement le 15 mars après un simulacre de concertation.

 Dans un vocabulaire relevant du code pénal, il cautionne la défiance à l’égard de citoyens souffrants.

 Dans ce dispositif, seul le trouble à l’ordre public est pris en compte.

 Il instaure un changement paradigmatique sans précédent : l’institution des « soins » sans consentement en ambulatoire.

En effet, le projet de loi n’identifie plus seulement l’hospitalisation comme contraignante, mais les soins eux-mêmes,à l’hôpital comme à l’extérieur, avec le risque majeur de la mise en place d’une surveillance sociale planifiée.

Ainsi, pour répondre à l’inquiétude légitime des patients et de leurs familles, ce projet de loi, sous couvert de déstigmatisation, va instituer une logique de dérive sécuritaire induisant un contrôle inédit de la population. Il s’appuie sur un principe de précaution inapproprié.

La mystification est totale :

Il ne s’agit pas d’un projet de soins, mais d’un engrenage portant atteinte aux libertés fondamentales dans un état démocratique.

Prétendant améliorer « l’accès aux soins » et leur « continuité », ce projet propose uniquement un accès à la contrainte sans limite de durée.Il détourne la fonction des soignants vers une orientation de dénonciation, de rétention, de « soins » sous contraintes et de surveillance.

Il impose aux patients d’accepter des « soins » stéréotypés, protocolisés, identiques pour tous. Ils seront sous surveillance, associée à un contrôle de leur dignité : ainsi se met en place une police de l’intime. Il instaure un fichier national, « un casier psychiatrique ? », de toute personne ayant été soumise ne serait-ce qu’une seule fois aux soins sans consentement.

Il institue un mensonge en laissant penser que seuls les médicaments psychotropes administrés sous contrainte suffisent à soigner les patients gravement atteints : enfermés chez eux, malgré eux.

Une partie des citoyens a été désignée à la vindicte médiatique. Le mot schizophrène, jeté à tort et à travers, en bafouant le secret médical, n’est plus un diagnostic mais une menace, qui accable les malades et leurs familles, effraie jusqu’à leur voisinage.

Penser que ce projet de loi va améliorer cette situation est une déraison d’Etat.

Bien plus, il risque de s’opposer frontalement à toute réforme sanitaire digne de ce nom, qui aurait pour principes élémentaires de reposer sur une fonction d’accueil, une logique ouverte et déségrégative, des thérapeutiques diversifiées centrées sur le lien relationnel et la confiance, dans la durée.

Ce projet va à l’encontre d’une politique de soins psychiatriques respectueuse des libertés, offrant une hospitalité pour la folie au cœur du lien social, qui allierait sécurité publique et soins à la personne.

Il institue la défiance envers les professionnels dans une démarche politique analogue à celle appliquée récemment aux magistrats et à la Justice, comme à d’autres professions.

 Nous voulons que les budgets subventionnent des soins et non des aménagements carcéraux, la formation des personnels, des effectifs conséquents, pour une conception humaine de l’accueil de la souffrance.

 Nous rejetons les réponses démagogiques qui amplifient délibérément l’émotion suscitée par des faits-divers dramatiques. Ces réponses ne font qu’accroître et entretenir la peur de l’autre.

 Nous voulons résister, nous opposer, avec une élaboration citoyenne de propositions pour une politique de soins psychiatriques au plus proche des réalités de terrain. La psychiatrie est l’affaire de tous.

Nous soignants, patients, familles, citoyens appelons au retrait immédiat de ce projet de loi.

SIGNER LA PETITION :

http://www.collectifpsychiatrie.fr/phpPetitions/index.php?petition=8

* Le Collectif des 39 s’est constitué le 12 décembre 2008, autour de l’Appel contre La Nuit Sécuritaire signé depuis par près de 30.000 citoyens. Il réunit des professionnels de la psychiatrie tous statuts confondus (en grande majorité), et des personnes du monde de la Culture et des citoyens qui nous ont rejoints.

http://www.collectifpsychiatrie.fr/?p=1392

Messages

  • Voir l’ancien débat : La raison du plus fou.

    Le traitement sécuritaire psychiatrique est en effet une répression qui se trouve une caution morale car médicale et donc scientifique.

    La notion de norme et de normalité définie par l’idéologie dominante renseigne sur le contenu démocratique du pouvoir. En l’occurrence, en Sarkozie, un pic d’ordre moral d’inspiration fasciste qui consiste avant tout à enfermer l’individu en lui-même.

    Est normal le citoyen qui supporte les conditions de travail, l’exploitation sociale et l’oppression politique. MAM a tracé les limites en désignant les terroristes de Corrèze. Tout comme la répression syndicale montre que le pouvoir n’admet aucune forme de contestation présentée comme de la déviance.

    N’oublions pas comment Sarko voulait que le système stigmatise les enfants en bas âge en les psychiatrisant... sur une sorte de casier judiciaire.

    Faire la guerre est une de ces expressions favorites qu’il accompagne toujours de promesses de punition.

    Son paternalisme est ultra répressif et se décline, comme Bush, entre le bien et le mal, simplistes et binaires.

    C’est un compromis entre Napoléon III et Pétain.

    • retour au XIX ème siècle , avec l’espérance socialiste en moins ..............

    • C’est une répression élargie contre les citoyens... La personne malade psychiquement devient citoyen de seconde zone et perd tous ses droits humains... elle tombe alors dans une déchéance digne des camps d’internement... nazis !... Mais le modèle de répression sarkoziste est GLOBAL... C’est la même répression qui est déjà à l’oeuvre contre le chômeur, par exemple, qui est "contrôlé" par un "conseiller"... C’est encore la même répression qui est à l’oeuvre quand les jeunes qui ont possédés des fumigènes ou tagués des murs, sont déclarés "terrorristes" et embastillés... C’est encore la même répression qui est à l’oeuvre contre l’attaque des syndicalistes qui s’amplifie au fil du temps ( comme bien souligné dans le commentaire précédent de Yapadaxan)... C’est elle qui s’affirme dans les attaques policières de groupes de manifestants avec papys-mamys ( à Anduze) ou avec des bébés ( à Toulouse )... Personne ne peut échapper à ce contrôle global... qui est donc un contrôle typiquement... Totalitaire !!

  • De manière tout à fait théorique et abstraite on peut être d’accord avec cet article et les commentaires précédents.
    Mais, pratiquement, ces beaux discours se heurtent à la réalité de la maladie, et aux dangers encourus par les proches, et par le malade lui-même.
    Ayant vécu une telle situation, je peux simplement parler de mon expérience :
    ma maison a été saccagée, j’ai des cicatrices au visage, et j’ai été ruiné, par la faiblesse ou la désinvolture de certains psychiatres qui répugnent à enfermer.
    Lors de visites, j’ai pu aussi voir des malades, dans un état incompatible avec toute vie en société.
    Il y a des cas de gravité ou d’urgence qui nécessitent de telles mesures cohercitives. Le nier est faire preuve d’ignorance.
    Ceci n’a rien à voir avec les causes réelles de ces maladies, bien souvent sociales, et dont la prévention pourrait être efficace.

  • La politique globale sarkozyenne est une constante répétition de ses obessions idéologiques. Le traitement de l’affaire Laetitia est tout sauf anecdotique.

    Supprimer le personnel.

    Enfermer les "déviants".

    Les castrer chimiquement.

    Cela conduit au simplisme scientifique et à l’économie de moyens.

    Le déviant est le "juif" de la société pétainiste : Roms, sans-papiers, le délinquant, le criminel, le marginal terroriste, le gamin révolté (sainement, du reste) mais qui se transforme en rebelle délinquant futur asocial.

    Nous sommes au bord du nazisme. La logique est enclenchée...