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À propos de la « renaissance d’Action directe »

Publie le dimanche 27 février 2011 par Open-Publishing
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Deux commissariats et trois postes de police des Hauts-de-Seine auraient reçu une lettre d’Action directe vendredi. Diable ! Il n’en faut pas plus pour agiter le spectre du terrorisme et, pourquoi pas, justifier dans la foulée le maintien en détention de Jean-Marc Rouillan. La ficelle est un peu grosse mais, comme on dit, calomniez, il en restera toujours quelque chose…

« Nouvelle menace d’Action directe », « Enquête antiterroriste ouverte après l’annonce de la réactivation d’Action Directe », « La renaissance d’Action directe »… Journaux, radios, télés, Internet, partout les mêmes titres tapageurs. À l’unisson, les médias ont embrayé sur l’« info » en brodant sur cette mystérieuse lettre portant « l’étoile d’Action directe ». Une curieuse mention « à la mémoire de Jean-Marc Rouillan, Georges Cipriani, Nathalie Ménigon et Joëlle Aubron » figurerait sur le document. Que l’on sache, Georges Cipriani, Nathalie Ménigon et Jean-Marc Rouillan sont toujours vivants. Que l’on sache aussi, Jean-Marc Rouillan est toujours emprisonné (et non en semi-liberté comme le prétendent des journalistes très mal informés) au centre de détention de Muret, près de Toulouse.

Jean-Marc Rouillan est si dangereux que le tribunal d’application des peines a ordonné sa libération le 16 février dernier. Emprisonné depuis février 1987, atteint du syndrome de Chester-Erdheim, écrivain et éditeur chez Agone à Marseille, Jean-Marc Rouillan a terminé sa peine de sûreté depuis belle lurette et, comme la loi le prévoit, il n’a plus rien à faire en prison. Que cela plaise ou non aux bourreaux en pantoufles qui se répandent sur Internet pour réclamer son enfermement définitif ou même son exécution. Ces Français-là n’ont pas fait autant de bruit quand Maurice Papon, condamné pour complicité de crimes contre l’humanité pour des actes commis pendant l’occupation allemande, a été libéré…

Les camarades de Jean-Marc Rouillan ont tous changé de régime au fil des années. Joëlle Aubron, décédée en 2006, avait été libérée pour raisons médicales en 2004. Nathalie Ménigon est en liberté conditionnelle depuis août 2008. Georges Cipriani est en semi-liberté depuis avril 2010. Sa demande de libération conditionnelle sera examinée dans les prochaines semaines. Jean-Marc Rouillan a lui-même bénéficié d’une courte semi-liberté en 2008. Un régime hâtivement suspendu pour « quelques mots » accordés à un hebdomadaire.

Pourquoi tant d’acharnement contre lui ? C’est la question qui s’est à nouveau posée le 16 février quand le parquet de Paris a immédiatement fait appel de la décision du tribunal d’application des peines. Malgré « les efforts sérieux de réadaptation totale », le 9590 B 139 était condamné à rester à l’ombre.

Dans ce contexte pesant, les militant-e-s des comités de soutien ne peuvent que renifler une infernale machination dans l’apparition de ces prétendus tracts d’Action directe. Sur le blog Linter (pour l’Internationale), on dénonce la manipulation de l’opinion. « La presse montre là à nouveau son manque de professionnalisme et son instrumentalisation. Aucun « étonnement » sur cette renaissance soudaine après 25 ans. Aucune analyse du document pourtant bien loin de ceux de l’organisation Action directe qui n’a jamais appelé à exécuter des policiers. Et surtout, aucune réflexion sur la coïncidence des faits entre cette annonce et les risques que cela représente pour Jean-Marc Rouillan. »

« On » voudrait que Jean-Marc Rouillan moisisse et crève en cabane, « on » ne s’y prendrait pas autrement. CQFD.

Plus d’informations sur le blog linter.

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