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L’espéranto, quézako ?

Publie le mercredi 2 mars 2011 par Open-Publishing
17 commentaires

Il y a 124 ans que le génie Louis Lazare Zamenhof a trouvé la solution pour permettre la communication entre les peuples au moyen d’une langue vivante, remarquablement facile en comparaison de toutes celles nationales et régionales.

Cette facilité vient du fait que l’Esperanto fonctionne selon le principe de l’assimilation généralisatrice : Un enfant de 5 ans a entendu les mots fermier, poissonnier, serrurier.

A partir de là, il fabrique d’instinct chaussurier, fleurier, ordurier. Mais il devra apprendre que tout cela, pour logique que ce soit, ne se dit pas ; il faut dire cordonnier, fleuriste, éboueur. De même l’enfant qui a entendu unijambiste dira unibraïste. On peut observer ce phénomène dans toutes les langues. L’enfant anglais qui a repéré la terminaison -ed du prétérit dit he knowed « il a su » au lieu de he knew. L’esprit humain a donc tendance à assimiler un élément fréquemment employé, puis à le généraliser. Or l’occidental n’en est pas conscient, mais sa pensée est enfermée dans un corset : il n’a aucune possibilité de créer des notions en créant des mots. On peut dire ineffable et invincible mais pas effable ni vincible. On dit : vous dites (et non vous disez) mais vous contredisez (et non vous contredites).

Toutes ces irrégularités, toutes ces difficultés, rétorquera t’on, sont justement ce qui fait l’identité de la langue, c’est ce qui fait son charme, sa richesse. C’est tout à fait vrai. Mais tout cela empêche la langue en question de prétendre au rôle de langue internationale. Car ces difficultés ne sont nullement un obstacle à la littérature ni à la communication entre autochtones.

En revanche elles sont un obstacle colossal à une communication efficace et rapide sur un plan international.

En Esperanto, il en est tout autrement que dans les langues nationales : la cohérence est absolue. Celui qui a entendu okulisto « oculiste » n’a plus qu à généraliser le suffixe -isto et passer à farmisto « fermier », historiisto « historien », intruisto « enseignant », libristo « libraire », plugisto laboureur ". Ces mots sont construits sur farmo « ferme », historio « histoire », instrui « enseigner », libro « livre », plugi « labourer ».
Si on compare maintenant lernejo « école » avec cevalejo « écurie » , kuirejo « cuisine », on comprendra que le suffixe -ejo désigne toujours et uniquement le lieu en rapport avec l’objet ou l’action désignés par la racine. On construira alors laborejo « atelier », safejo « bergerie », vendejo « magasin de vente » à partir de labori « travailler », safo « mouton », vendi « vendre ».

Cela n’a rien d’artificiel : le turc, le hongrois, le basque, le chinois, le japonais fonctionnent de la même façon. Ces langues sont classées par les linguistes dans la catégorie des langues agglutinantes. En effet, Zamenhof, tout en tirant le lexique de l’Esperanto des langues indo-européennes, lui donna une structure interne le rapprochant énormément des langues agglutinantes.

Un étranger qui dirait « vous musiquez bellement » ne ferait qu’appliquer les structures françaises qu’il a assimilées. Il se rendrait pourtant ridicule, ce qui fausse la relation humaine : ce n’est pas ainsi qu’on s’exprime normalement en français.

En Esperanto, il a le droit de dire : Vi muzikas bele. La liberté de faire du concept musique soit un nom (muziko « la musique »), soit un adjectif (muzika « musicale ») soit un verbe(muziki « faire de la musique, musiquer », résulte de la précision des terminaisons ; -as indique toujours exclusivement un indicatif présent, -i un infinitif verbal, -o un substantif . La terminaison –e a la même rigueur : elle donne à la racine un sens adverbial, tout comme –a lui donne un sens adjectival.

Comme pour le hongrois, le persan, le mongol, le basque, l’Esperanto ignore la notion de genre grammatical, ce qui ne le rend pas pour autant moins précis que le français dans lequel l’étranger qui l’étudie y rencontre une réelle difficulté.

L’Esperanto a une conjugaison fort simple : six terminaisons verbales suffisent pour rendre toutes les nuances de la pensée.
Comme le finnois le hongrois, le swahili, l’indonésien, l’Esperanto s’écrit comme il se prononce, il n’y a pas de lettres muettes, et donc logiquement pas de fautes d’orthographe à craindre.
Comme le chinois, l’Esperanto ignore tout des irrégularités qui rendent nos langues européennes si difficiles.

Le vocabulaire esperanto est une synthèse de celui des langues indo-européennes. Les racines latines y sont majoritaires car les plus répandues et le plus aisément assimilable pour de simples raisons phonétiques : il est plus facile d’adapter le latin DOMUS « maison » pour aboutir à domo que partir de l’anglais house ou de l’allemand haus .
De plus, afin de posséder un lexique très complet tout en soulageant la mémoire, l’Esperanto ne fait rien d’autre que généraliser et régulariser ce qui existe dans toutes les langues.

En français, à partir de dent, garage, pompe, nous faisons dentiste, garagiste, pompiste, pour obtenir les noms de profession. L’Esperanto agit de même, mais en donnant à chaque préfixe ou suffixe un sens unique et précis, toujours le même. C’est ainsi qu’on obtient dentisto, garagisto, pumpisto, mais aussi botisto « botier », gvidisto « guide », gardenisto « jardinier », komercisto « commerçant », kultivisto « cultivateur », maristo « marin », panisto « boulanger ».

Un autre facteur de richesse est la facilité avec laquelle l’Esperanto forme des mots composés : dormocambro « chambre à coucher », dentdoloro « mal aux dents », fisvendejo « poissonnerie » mondmilito « guerre mondiale » postmarko « timbre poste ».

La fécondité de la combinatoire illimitée de l’Esperanto est si vaste qu’on peut déjà exprimer une infinité d’idées à l’aide de quelques centaines de radicaux.

Apprendre le vocabulaire de l’Esperanto, c’est donc apprendre 12 ou 15 fois moins de mots que dans tout autre langue, et d’en avoir autant sinon plus à sa disposition.

Il y a en Esperanto des mots qu’un esperantophone comprend immédiatement, et qui n’ont pourtant pas d’équivalent en français : fotema « enclin à photographier », gesolaj « seuls à deux de sexe différent », kisinda « qui mérite d’être embrassé(e) », samideano « partisan de la même idée » etc.

Le style d’un récit, d’un rapport officiel, d’une conversation familière diffère en Esperanto comme dans n’importe quelle autre langue. Nul ne dira qu’un francophone sent une énorme différence entre les assertions : j’ai eu des relations sexuelles avec elle ; nous avons fait l’amour ensemble ; je l’ai baisée. L’Esperanto distingue de la même façon : mi seksumis kun si ; ni amoris kune ; mi fikis sin.
L’acte est le même, direz-vous. Oui, mais tout tient, en Esperanto comme en français dans la façon de le dire.

L’Esperanto n’appartenant à aucune nation en particulier, est donc à la disposition de tout individu désireux d’établir directement une communication égalitaire au niveau international.

Outil de paix dès sa conception, la langue internationale et sa propagation dans le monde représentent un danger pour les Etats guerriers et leurs armées.

En effet, on peut raisonnablement penser que les fabricants d’armes et leurs bénéficiaires auront de plus en plus de mal à recruter un personnel, dans un monde acquis au rapprochement entre les peuples.

L’Unesco a émis deux recommandations en faveur de l’Esperanto en 1954 et 1985, pour ses résultats obtenus sur le plan des échanges intellectuels internationaux, et de compréhension mutuelle entre les peuples. En 1924, quarante-deux savants de l’académie des sciences émettaient le vœu que « l’enseignement de cette langue, chef-d’œuvre de logique et de simplicité, soit introduit au moins à titre facultatif, dans les programmes officiels des classes de sciences ».

Plusieurs académies scientifiques ont choisi l’Esperanto comme langue de travail.
L’académie internationale des sciences de San Marin (Italie)
L’académie internationale des sciences Comenuis d’Uppsala (Suède)
L’académie des sciences de Chine a une section technique d’Esperanto.
Entre 1903 et 1994, vingt-six prix Nobel ont manifesté leur soutien à l’Esperanto. Parmi eux, sept le pratiquaient.

L’Esperanto doit constituer une alternative à l’anglo-américain, langue nationale et pourtant toujours plus imposée dans le rôle de langue internationale.

« Le succès actuel de l’anglais, écrit Umberto Eco, est né de l’addition de l’expansion coloniale et commerciale de l’empire britannique, et de l’hégémonie du modèle technologique des Etats-Unis ».
C’est la langue de la puissance qui marche à pas de géant sur le chemin de la colonisation de la planète. Colonisation faite en douceur, sans intervention militaire, mais colonisation quand même. On lui a donné un nom : mondialisation.

Depuis leur victoire en 1945, les Etats-Unis visent à l’empire universel, et ils réalisent leur objectif un peu plus chaque jour, grâce aux laquais qui à divers postes ministériels ou présidentiels n’ont pratiquement pas d’autre rôle que de leur lécher les bottes et prévenir tous leurs désirs.

La situation ne date pas d’hier. Déjà en 1961 une conférence anglo-étasuniènne préparait déjà un remodelage des structures mentales par le moyen d’une langue unique.

Le confidentiel Anglo American Conference Report décidait alors que « L’anglais doit devenir la langue dominante » afin d’imposer « une autre vision du monde » « la langue maternelle sera étudiée la première chronologiquement, mais ensuite l’anglais, par la vertu de son usage et de ses fonctions, deviendra la langue primordiale »

La marche à la conquête du monde a commencé bien après l’époque de Roosevelt ; ce sont les responsables états-uniens eux-mêmes qui le disent.
Le ton a été donné par l’International Herald Tribune, qui claironne triomphalement : « l’emploi de l’anglais accroît l’influence politique des pays anglophones beaucoup plus puissamment qu’une forte économie ou une grande puissance de feu » (7 juillet 1992)

Madeleine Albright, secrétaire d’Etat de Bill Clinton avoue : « l’un des objectifs majeurs de notre gouvernement est de s’assurer que les intérêts économiques des Etats-Unis pourront être étendus à l’échelle planétaire » (A gauche 20 février 1997)

Cette même année 1997, un rapport de la CIA laissait 5 ans aux Etats-Unis pour imposer leur langue « comme seul idiome international ». « Sinon, précisait-il, les réactions qui se développent dans le monde rendront l’affaire impossible »
(relevé par Hervé Lavenir de Buffon)

David rothkopf, directeur général du cabinet de consultants Kissinger Associates : « Il y va de l’intérêt économique et politique des Etats-Unis de veiller à ce que, si le monde adopte une langue commune, ce soit l’anglais ; que, s’il s’oriente vers des normes communes en matière de communications, de sécurité et de qualité, ses normes soient américaines ; que si ses différentes parties sont reliées par la télévision, la radio et la musique, les programmes soient américains ; et que, si s’élaborent des valeurs communes, ce soient des valeurs dans lesquelles les américains se reconnaissent » (Le Monde diplomatique, août 1998).

Un sénateur états-unien dit les choses plus crûment : « Il y a 6000 langues parlées dans le monde, c’est 5999 de trop, l’anglais suffira. (Figaro magazine, 22 juin 2002).

La Grande-Bretagne fait chorus : le directeur du British Council déclare : « le véritable or noir de la Grande-Bretagne n’est pas le pétrole de la mer du Nord, mais la langue anglaise. Le défi que nous affrontons est de l’affronter à fond » (Rapport annuel 1987-1988).

Le projet English 2000, lancé en 1995, veut « exploiter le rôle de l’anglais pour faire avancer les intérêts britanniques en tant qu’étape de la tâche consistant à perpétuer et étendre le rôle de l’anglais comme langue mondiale au siècle prochain ».

Ce sont les voix les plus autorisées des Etats-Unis et du Royaume-Uni qui l’avouent : ces deux Etats imposent leur langue au monde entier pour le soumettre. Il s’agit d’une manipulation mentale intentionnelle, par la destruction des langues.

En France, cette soumission au capitalisme anglo-saxon est toujours bien présente chez les politiciens.

C’est ainsi qu’un ministre prénommé Claude affirmait allègrement sur les ondes, en août 1997, qu’« il ne faut pas compter l’anglais comme langue étrangère en France ». La même chose dite moins hypocritement : « l’anglais doit devenir la langue de la France ». Mais dans le même temps, aucun ministre en Grande-Bretagne n’a déclaré que le Français n’est pas une langue étrangère en Angleterre : il y a bien colonisation et non échange.

Face à cette œuvre de destruction culturelle à grande échelle, une comparaison des systèmes possibles à utiliser lors des réunions internationales s’avère indispensable.

Ils sont au nombre de quatre :

1.Utilisation de toutes les langues des participants, en recourant à la traduction et à l’interprétation. Cette solution est celle de l’Union européenne, où toutes les langues sont langues de travail. Elle coûte une fortune aux contribuables de ces pays, pour un résultat au dessous du médiocre. Et les problèmes vont sans cesse s’aggravant avec l’accession de nouveaux Etats. Selon le tout récent rapport Grin, sur l’enseignement des langues étrangères comme politique publique, l’Union européenne économiserait vingt-six milliards d’euros par an, en adoptant l’Esperanto.

2.Utilisation d’un nombre limité de langues, également en recourant à la traduction et à l’interprétation. Cette solution est celle de nombreuses organisations, entre autres de l’ONU qui a six langues de travail (anglais, français, espagnol, russe, chinois, arabe). Elle coûte également une fortune pour un résultat médiocre, et elle est résolument antidémocratique.

3.Utilisation d’une seule langue, en général l’anglais, sans recourir à la traduction. Cette solution est celle des multinationales. Elle assure la domination sans partage d’une puissance unique. C’est la moins démocratique qu’on puisse imaginer. Toujours d’après le rapport Grin, c’est treize milliards d’euros que l’enseignement de l’anglais rapporte annuellement à la Grande-Bretagne.

4.Utilisation d’une langue neutre, l’Esperanto. Cette solution est la seule qui respecte l’idéal démocratique, tout en permettant une efficacité totale, pour un coût pratiquement nul.

Cette dernière solution qui semble pourtant évidente aujourd’hui, et qui fut déjà adoptée lors du congrès de la CGT en1906 avec la Charte d’Amiens, peut représenter un atout formidable pour notre combat, de transformation sociale, international.

Comme pour l’émancipation des travailleurs qui sera l’œuvre des travailleurs ; la langue internationale ne se répandra pas par une décision des appareils d’Etat, mais par une volonté des citoyen(ne)s de mettre fin aux barrières linguistiques qui les séparent. C’est seulement lorsque cette volonté sera clairement manifestée que les appareils d’Etat suivront.

Poussons les !!

Stéphane Herve

« Les obstacles à la création d’un mouvement social européen unifié sont de plusieurs ordres. Il y a les obstacles linguistiques qui sont très importants, par exemple dans la communication entre les syndicats ou les mouvements sociaux_les patrons et les cadres parlent les langues étrangères, les syndicalistes et les militants beaucoup moins. De ce fait, l’internationalisation des mouvements ou des syndicats est rendue difficile »

Pierre Bourdieu

http://evolutionnaire.free.fr/esper...

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Messages

  • Et pourquoi faudrait-il une langue unique ? On a assisté sans broncher à la disparition des langues amérindiennes et africaines et il faudrait continuer le massacre ? Un ethnocide planétaire ? Après le hamburger, l’espéranto ? La jactance née dans des facs, un sabir fabriqué, un amnésique linguistique et culturel ?

    Sait-on d’où viennent nos langues ? Maîtrisons-nous notre mémoire ? Nos origines ? Faut-il donc, pour vivre, cesser d’être nous-mêmes et devenir robots de la culture ?

    Complètement dingues...

    • un sabir fabriqué, un amnésique linguistique et culturel ?

      Pour ta gouverne, Zamenhof, "l’auteur" de l’Espéranto parlait plusieurs langues :
      le polonais, le russe, l’allemand, le yiddish et les français, anglais ne lui étaient pas inconnus.

      Il a passé toute sa vie à peaufiner son projet linguistique et cela de façon tout à fait bénévole, puisque pour vivre il était ophtalmologiste dans des villes pauvres de la province polonaise et même dans les quartiers défavorisés de Varsovie, où il soignait gratuitement les ouvriers.

      Zamenhof a offert son projet à l’humanité, n’en a tiré aucun "droit d’auteur".

      Tu poses la question : pourquoi une langue unique ? Le projet de Zamenhof n’était pas de faire une langue unique, mais une langue auxiliaire, simple, démocratique, que tout le monde, même les personnes les moins cultivées, pourrait apprendre à peu de frais et d’efforts, pour que tout le monde puisse communiquer librement. Il n’était pas question pour lui d’inventer un projet linguistique concurrentiel aux langues "nationales", ni d’éliminer ces dernières (ce qui aurait été d’ailleurs fort présomptueux).

      Quant à devenir des "robots de la culture" c’est justement le contraire que propose l’Espéranto, en s’ouvrant vers les autres dans toutes leurs diversités.

    • et bien amigo, tu viens de me faire réfléchir sur la question de l’espéranto avec attention.

      mersi braz

    • L’inventeur était polyglotte. Bon. Et ça garantit quoi, pour les autres ? Non pas langue unique, mais commune. On peut s’endormir sur ses 2 oreilles ?

      L’impérialisme a gagné ? Ca, c’est un scoop ! Vous voulez dire que l’Anglais s’insinue sournoisement dans nos Mc Do auvergnats ? Dans nos jeans franchouillards ? Dans nos séries télévisuelles ? Dans l’OTAN ?

      Je suppose que vous allez me répondre qu’on peut aussi bien apprendre (ressusciter) des langues disparues (tiens, les langues amérindiennes, ou aborigènes, ou africaines) en maintenant les langues nationales et régionales tout en apprenant l’Espéranto, commune et universelle ?

      Mais bien sûr !

    • Il y a un malentendu. L’espéranto n’a absolument pas pour objectif de supplanter une autre langue. En fait, l’immense majorité des espérantophones est très attachée à la diversité culturelle − et ils sont souvent polyglottes.

  • L’Espéranto a de nombreux points communs avec le communisme :

     tous deux sont de belles et grandes idées progressistes, critiquées de façon outrancière, par les tenants de l’ordre établi, souvent violemment et pour de mauvaises raisons et avec des arguments confondants de bêtise et d’a priori,

     tous deux subissent la même critique, d’autant plus aujourd’hui avec la victoire apparente du capitalisme sur le mouvement ouvrier : irréaliste, fruit de doux rêveurs utopistes... du genre " votre truc c’est bien, mais ça ne marchera jamais..."

     ou alors on impose l’argument défaitiste : " ça sert à rien puisque l’anglais (on peut y substituer le mot capitalisme) a triomphé..."

     ou encore : " ne perdez pas votre temps avec ces futilités... "

    Mais avec certaines personnes vous aurez de toutes façons tort, quelle que soit la réalité des choses. Autrement dit : au royaume des borgnes...

    Moi, je suis communiste et espérantiste. Je continue malgré les foudres des ignorants et des imbéciles.

  • Il y a plus de 10 ans j’ai lu un article qui se moquait de l’espéranto dans le journal Le Monde. J’ai donc décidé de me faire une opinion personnelle sur cette langue et puis j’ai fini par l’apprendre. Depuis je ne cesse d’être étonné par l’animosité et les efforts de certains qui ne connaissent rien du sujet pour critiquer, vilipender ou moquer l’espéranto. J’ai souvent rencontré des gens qui, au lieu de m’interroger sur un sujet sur lequel j’ai maintenant beaucoup travaillé, ont préféré – alors que de toute évidence ils ne ce sont pas renseignés sérieusement sur le sujet - m’expliquer doctement que l’Espéranto ne fonctionne pas, que c’est un échec et que personne ne le parle. Moi je sais que toutes ces assertions sont toutes fausses. Mais bon. L’espéranto est un outil humaniste. Cet outil est là, disponible, simple, pratique, intéressant, intelligent, utile et efficace. Maintenant si l’humanité n’en veut pas, tant pis. Mais c’est clair que tous les gens qui se sont épuisés à apprendre l’anglais et dont finalement très peu sont capables de s’en servir, vont être en plus bien déçus, car la prochaine langue qui dominera le monde sera peut-être l’arabe ou le chinois (plusieurs grandes entreprises européennes sont déjà à capitaux chinois). A propos beaucoup de chinois apprennent l’espéranto, qui est enseigné dans les universités chinoises. Mais je me doute bien que pour nous dominer, les chinois préféreront nous donner les ordres en chinois. Celui qui commande préfère donner les ordres et être compris dans sa langue. Celui qui commandé est prié d’apprendre la langue du dominant, par pour discuter ou négocier, mais seulement pour comprendre et exécuter les ordres. L’espéranto se situe sur un tout autre plan. Il ne s’agit plus de dominer ou d’être dominé. L’espéranto vise une relation égalitaire et une volonté commune de comprendre et de respecter l’autre. Il s’agit de communiquer.

  • Les patrons et les décideurs pratiquent plus de langues que les ouvriers et les peuples ?
    Proposer l’Espéranto comme réponse est ouvriériste et misérabiliste. Plutôt que d’orienter les peuples à ne pratiquer qu’une seule langue fabriquée, les révolutionnaires doivent opposer, à l’inverse, un accès démocratique aux langues réelles au pluriel.
    Nous devons viser la culture. Apprendre à goûter les textes littéraires, à les pénétrer et à s’en enrichir. Quelle est donc cette amnésie intellectuelle, culturelle et civilisationnelle à laquelle on voudrait nous condamner ?

    Pourrait-on lire Pascal, Voltaire ou Aragon en... Espéranto ?

    Les peuples ont une Histoire et une mémoire. En effet, on constate que l’empire romain a durablement imposé le latin. L’Anglais américain prend symptomatiquement la relève. Des territoires et des peuples entiers ont subi des ethnocides certainement irréversibles. Quelle était la civilisation amérindienne ? La culture ? La religion ? La langue ?

    On peut poser cette série de questions à propos de beaucoup d’autres cultures disparues ou en voie de disparition. Des philologues, des linguistes, des historiens, des archéologues, des historiens des religions, des mythologues combattent contre l’oubli. Ils fournissent un travail considérable pour arracher d’antiques civilisations du néant. L’enjeu est rien moins que les trésors littéraires, philosophiques des peuples anciens. On peut remonter à l’Antiquité et même à la Protohistoire.

    Doit-on et peut-on laisser ça enfoui dans une éternelle indifférence ? Nos poètes et nos conteurs auraient-ils travaillé pour que l’on s’en détourne ? Même pas des musées ? Rien ?

    Que sait-on des hommes africains ? Quelle langue parler ? Senghor et Césaire auraient-ils interrogé la négritude pour se résigner à parler un charabia "humaniste" ? Pourquoi ? Le leur n’est pas intéressant ? Intelligent ?

    Il faudrait que, sur les ruines de l’impérialisme raciste et esclavagiste, on ripoline à la sauce social-démocrate une couche de blanc espérantiste ? Oubliez, braves gens, n’importe comment c’était déjà foutu ?

    Les Noirs américains définitivement arrachés à l’Afrique ? Morts et enchaînés une seconde fois et avec leur consentiment morbide ?

    Nous sommes les produits de notre Histoire, de nos racines, fussent-elles métissées et emmêlées. Se souvenir est un devoir "sacré". Dire à nos enfants leur monde, leurs langues, leurs origines.

    Lire encore et toujours Gigalmesh en écriture cunéïforme, désensablée d’Irak ou de Syrie. Comprendre dans sa chair la Perse antique de Xerxès à Ahmanidjad. Seuls les US sans souvenirs ni passé n’ont d’autre horizon que leur folle course vers l’uniformité et l’ultra simplicité. La Chine millénaire du Tao et de Confucius, l’Inde antique des Upanishads, le Japon, le Laos, le Vietnam, le Cambodge : ces temples, ces divinités, ces siècles lentement écoulés. Il faudrait donc l’oublier ?

    Et notre vieille Europe ? Où il n’y eut pas que des Grecs et des Romains, mais des Indo-européens, des Celtes et des Germains. Toute cette toponymie (véritable écriture du Temps et de l’Espace) qui atteste d’une très ancienne civilisation commune ? On en est à défricher et déchiffrer. On exhume le Gaulois. On interroge la victoire des Romains sur tout le bassin méditerranéen : européen, africain, asiatique. Aujourd’hui est encore marqué de l’occupation romaine renversant tout sur son passage soi-disant civilisateur...

    Lire Neruda, et gravir les montagnes chiliennes ; Jorge Amado dans son Brésil bigarré peuplé de dieux et de mythologies. Suivre Térésa Batista, remonter à Jean de Léry, au Brésil "indien". Parcourir le Maghreb berbère et arabe. La musique envoûtante, l’architecture géniale, les 1001 nuits. Homère, Virgile, Hésiode, et les mythes nordiques.

    Une langue commune ? Version sucrée et version light. Tout dans le même rayon. 1900 en Espéranto. Fellini ? Visconti ? Scola ? Et Dante, etc....

    Non, c’est pas du communisme, camarades. Le communisme, c’est Hikmet et Eluard. Les horizons qui se rencontrent et s’épousent, les peuples qui s’aiment et se comprennent. Les rues de Pékin, les canyons, les Andes, le Rhin, le Sahara. Et tous ces gens qui grouillent à la surface du globe. Dans leurs langues et leurs habits. Dans leurs sourires énigmatiques.

    L’Espéranto, c’est le sourire GI qui mastègue un chevingomme. Une arme à la main, dans les rizières...

    • Oui avec tout ça.
      Mais ne peut on pas additionner ?

      Prendre l’espéranto non pas pour le top de l’universalisme abstrait désincarné, mais juste comme un outil qui s’ajoute à la mémoire des peuples et qui n’enlève rien à leurs saveurs et à leurs visions.
      Apprendre une langue est facile est rapide pour peu qu’on s’en donne les moyens. Les enfants sont super doués pour apprendre. Apprendre l’espéranto, ne serait pas je pense, un frein, à tout ce dont tu parles avec justesse. Juste un petit complément qui pourrait être utile.

      J’ajoute qu’il y a en effet une dimension très judéo-chrétienne dans ce rapport à l’espéranto et à sa dimension transcendante. Une langue est forcément corporelle, elle est physique, et son évolution et sa diversité est le fruit d’expérience terrestre. Il n’y a rien de mal à ce qu’il y ai plusieurs langues. Et ceux qui m’expliquent que cette diversité favorise les divisions et les guerres, je pense se trompent, car ça n’est pas la langue qui est responsable de cela, mais bien l’absence de conscience de classe. Et juste celle ci.
      De plus il existe plein d’exemple où l’on voit que la diversité linguistique n’a absolument pas empêché l’entente entre des populations diverses. Et où l’on voit qu’une langue pratiquée par tous n’empêche pas non plus la pire des divisions de classe...

      "Apprendre à goûter"
      Oui, bien vu, et ne pas s’effrayer de la diversité des goût, comme un curé terrifié par le corps et toute ses subtilités organiques...

  • MERCI A VOUS TOUS pour ces nombreux commentaire je suis militant syndicaliste et militant écologiste. Pour une écologie social. L’espéranto est une grande porte.
    Un cadeau....
    Félicien d’Évolutionnaire

    • ’espéranto est une grande porte

      C’est fondamental de le souligner.

      Comment tu dis"Lutte de classes" en espéranto.?

      Sinon il y a le catalan qui a un avantage, comme pour le pudding d’Engels..,, la preuve que c’est une langue, c’est qu’on la cause déjà.!

      Exemple :

      L’estaque..universellement connu !

      Tellement d’actualité.

      http://www.dailymotion.com/video/x3me94_lluis-llach-l-estaca_music

      Grand-père Siset me parlait

      De bon matin sous le porche

      Tandis qu’attendant le soleil

      On regardait passer les chariots

      Siset, ne vois tu pas le pieu

      Où nous sommes tous ligotés ?

      Si nous ne pouvons nous en défaire

      Jamais nous ne pourrons avancer ! !

      REFRAIN :

      Si nous tirons tous, il tombera

      Cela ne peut durer longtemps

      C’est sûr qu’il tombera, tombera, tombera

      Bien vermoulu, il doit être déjà

      Si tu le tires fort par ici

      Et que je le tire fort par là

      C’est sûr il tombera, tombera, tombera

      Et nous pourrons nous libérer

      Tu retrouveras les versions en V.O et traduites en gardant le sens mais, pas forcèment au "mot à mot"..pour ce qui est des termes choisis

      http://www.zictrad.free.fr/Provence/Cours/Analyses/estaca/analyse-estaco.htm

      cette chanson est si populaire(au sens noble) que même aujourd’hui, dans un bistro deCatalogne non rempli de touristes ... tu commences à chanter et tout le monde reprend.

      Llach prévint un jour le public du Liceo(j’ y étais !) qu’il ne pourrait pas la chanter , la Guardia Civil étant là pour l’arrêter s’il osait.

      Et du théatre, des rues adjantes à des milliers de voix courageuses..jacentes. ;ce fut ce PEUPLE qui entonna la "canço" interdite, accompagné par Lluis à la guitare..

      Celui qui n’a pas les larmes aux yeux un tel soir et le coeur qui s’emballe.. n’est pas un révolutionnaire..

      A.C.

      Pardon d’avoir fait du "hors sujet"..avec auto bio et démonstration de"chauvinisme" caractérisé !
       :))

      Som catalans, collons !

    • Comment tu dis"Lutte de classes" en espéranto.?

      Klasbatalo.

      et je vous invite à lire le manifeste de Marx et Engels en esperanto

      Pour le reste en tant que communiste et espérantiste je pense que cette langue est un outil utile pour une unité mondiale du prolétariat et pour lutter contre les nationalismes.

      et un petit lien vars la coopérative d’édition l’association SAT qui vous propose le chant Général de Neruda ou encore l’histoire de la commune de Paris.

    • L’Estaca existe et est chanté en espéranto :
      http://www.satesperanto.org/La-Paliso.html

      Avo Sizet’ min admonis antaŭ pordeg’ en maten’,
      Suno ĉiele balonis, jen ĉaroj pasis kaj jen.
      Ĉu vi ne vidas palison ? Ŝnuro nin ligas al ĝi.
      Se ni akceptas ĉi mison, marŝo ne eblos por ni

      Pelu ni kune, falos ĝi, kaj longe staros ĝi ne pli,
      Jen ĝi ekfalas, falas, falas, ege putra estas ĝi.
      Pelu ni forte tien ĝi, kaj forte tien pelu vi,
      Jen ĝi ekfalas, falas, falas, kaj liberos fine ni.

      Troas jam la tempospaco dum pelis ni sen efik’,
      Spertas mi senton de laco, sed firmas ĝia radik’
      Certe en ĝi putro enas, tamen ĝi ŝajnas gigant’,
      Foje volforto forsvenas, tiam min helpas la kant’.

      Pelu ni kune…

      Avo Sizet’ jam ne vivas, venis malbona ŝtormvent’
      Kun ĝi Sizet’ nun fordrivas, restas kun mi nur silent’.
      Se mi renkontas junulon, lasta ĉi kant’ de Sizet’
      Iĝas ĝi ago-stimulo, pri la liber’ iĝas vet’.

      Pelu ni kune…

      Quelqu’un a demandé :

      Pourrait-on lire Pascal, Voltaire ou Aragon en... Espéranto ?

      Voilà donc quelques liens ; sur Pascal (Pensées) :
       http://www.nodo50.org/esperanto/Libroservo/Paskalo.htm
      sur Voltaire (Candide, Zadig et l’Ingénu) :
       http://www.ipernity.com/doc/m.vochin/9686015
      traduit par Eugène Lanti, principal fondateur de l’association mondiale anationale SAT.
      sur Aragon (le poème Devine chanté par Ferrat) :
       http://r.platteau.free.fr/TradukitajPoemoj.htm#Diven

    • La poésie d’Aragon, mais aussi la poésie en général, versifiée ou non, avec une rime ou pas, ça devient quoi, en Espéranto ?

      Comment s’écrivent l’Arabe et le Chinois (et/ou le Japonais) et bien d’autres langues (tiens, le Russe et les langues slaves) ou l’Amazigh ?

      Ou bien n’y a-t-il que l’alphabet latin ? Ce qui serait éloquent comme point de vue linguistique universel...

    • La poétique, entendue comme acte créateur, travaille 2 matériaux : le réel et la langue. Je citais Aragon, mais songeons à Ronsard, Baudelaire, Verlaine, Apollinaire.

      Comment oser prétendre restituer ce travail sur cette langue ? Ces figures de pensée, de rhétorique, cette alchimie du verbe ? Ce qui est vrai pour la poésie l’est pour les romans. Un roman n’est pas qu’un récit, mais un monde, un univers, son climat, sa musique, toute une ambiance colorée, pétrie dans la pâte humaine. Comme une musique sur son instrument, une sculpture dans sa matière.

      Et non, il n’y a pas de traduction possible.

    • Je vous conseille de lire ces traductions, vous verrez que la meilleure traduction d’une oeuvre littéraire est toujours celle en Espéranto, car cette langue possède une telle souplesse, une telle musicalité qu’elle surpasse toutes les autres langues en matière de traduction. De plus c’est une des rares langues, pour ne pas dire la seule, qui est capable de rendre l’esprit et la musicalité du texte original.