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Fukushima, le nucléocrate et le catastrophiste

Publie le mercredi 16 mars 2011 par Open-Publishing
13 commentaires

Fukushima,
le nucléocrate et le catastrophiste

La « gestion » de la crise nucléaire de Fukushima montre comment l’idéologie catastrophiste sert du mieux qu’il est possible les nucléocrates et tous les technolâtres qui contaminent le monde contemporain. Les écologistes catastrophistes, qui à longueur de textes et de conférences nous prédisent un monde invivable d’ici quelques décennies, au mieux un ou deux siècles, sont pris ici à leur propre piège. Il serait temps pour eux de reconnaître leur erreur et d’abandonner cette tactique politique qui confine à la démagogie, y compris chez les décroissants.

Les informations, les déclarations, les décisions prises au Japon et partout dans le monde dès les premières heures de l’emballement du réacteur n° 1 de Fukushima et encore plus dans les jours qui ont suivi permettent de démonter comment fonctionne l’« administration d’un désastre ». En toute lumière, se met en place le mécanisme par lequel les nucléocrates peuvent être certains de récupérer en toute occasion et à tout moment le catastrophisme d’écologistes peu conscients des réalités politiques. Précisons d’emblée qu’il n’y aura pas de « catastrophe finale », au sens où l’on parle, dans d’autres domaines, d’un « jugement dernier », c’est-à-dire une disparition instantanée et globale de l’humanité. Car rien n’est joué, à l’inverse des prédictions alarmistes qui, depuis un demi-siècle, s’effilochent les unes à la suite des autres une fois que le terme qu’elles ont elles-mêmes fixé est dépassé. La catastrophe sera graduelle, comme à Fukushima ; elle franchira un par un, parfois avec d’importants sauts dans le danger, les niveaux de l’échelle qui nous rapprocheront du désastre. Or, au fur et à mesure que les catastrophistes nous annonceront – selon l’implacable logique dans laquelle ils se sont engagés depuis un demi-siècle – les degrés suivants, les nucléocrates auront beau jeu de leur répliquer qu’en effet, il est urgent de prendre des mesures. Le fond de la réponse au catastrophisme est aussi simple que cela, et tel est en effet ce qui s’est passé depuis le 11 mars. On administre un désastre en se rangeant du côté d’un alarmisme modéré, lequel implique d’assumer des décisions difficiles – lesquelles sont de toute façon nécessaires –, en tirant tout le profit possible de ceux qui, à une extrémité, attisent le feu de l’enfer et annoncent la « catastrophe finale » sans être en mesure de rien proposer d’immédiat pour l’éviter. Tel est bien le drame des catastrophistes avec Fukushima : ils n’ont rien à proposer dans l’immédiat pour empêcher les réacteurs de fondre.

À l’inverse, les mesures que prend le lobby nucléaire sont très loin d’être démentes ou « catastrophiques ». Ces mesures relèvent de cette administration du désastre que les nucléocrates maîtrisent plutôt bien et qui condamne le catastrophiste à assister, en spectateur, à la course vers l’abîme. Car le nucléocrate n’a pas d’autre solution, en temps de crise, que d’être d’accord avec le catastrophiste ; mieux, même : le nucléocrate se sent responsable de la situation, comme un père de famille est « responsable » de ses enfants, et il a tous les atouts en main pour cela. Les nucléocrates sont les véritables maîtres de la situation à tous les niveaux : ils sont à l’origine du progrès que certains tentent de remettre en question au moment d’une crise comme Fukushima – et donc, aux yeux des masses, ils sont ceux qui sont le plus à même de savoir ce qu’il faut faire pour conjurer le désastre. Ils sont encore ceux qui semblent les plus « responsables » au sens d’assumer des responsabilités éthiques, puisque, en cas de crise aiguë, ils sont encore et toujours les seuls à prouver qu’ils savent modifier leur point de vue, alors que les catastrophistes semblent d’éternels vaticinateurs. Et en effet, tant Tepco au Japon que l’Autorité de Sûreté Nucléaire en France avouent que nous vivons une crise majeure, et ils expliquent comment les ingénieurs tentent d’y remédier. Ils sont donc, à ce moment dramatique, forcément crédités d’un respect dû à ceux qui ont en main une part de notre destin et qui, de manière visible (« spectaculaire », selon le sens donné à ce mot dans la Société du spectacle) s’imposent comme les seuls capables de faire quelque chose à ce moment précis de crise.
Peu importe qu’ils soient aussi les membres d’un lobby qui est la cause première de la crise. Peu importe en effet, et pour des raisons parfois fort simples, auxquelles ne pense jamais le catastrophiste. Par exemple, une centrale âgée de quarante ans a forcément été construite selon d’autres règles, en respectant des exigences que le nucléocrate dit « moindres » que celles que l’on imposerait aujourd’hui ; d’ailleurs, les ingénieurs qui ont construit Fukushima en 1971 sont à coup sûr soit à la retraite, soit décédés. La responsabilité, d’un coup, devient diffuse, sans coupable à désigner, et c’est un véritable travail politique que de montrer la responsabilité globale du lobby nucléaire. Si cela était simple, nous aurions su imposer un vrai débat sur le nucléaire voire son refus, mais les nucléocrates jouent sur le temps qui passe et qui est facteur de progrès – une évidence ô combien contestable, mais si répandue : qui n’y croit pas, à cette vulgate du progrès ?

Voici un autre exemple illustrant ce fait fondamental – où l’on voit que la croyance au progrès triomphe et se montre quasi inébranlable. Voici ce qui rend notre tâche, celle des opposants au progrès technologique qui détruit l’humanité et la planète, très complexe. Cet exemple se situe hors temps de crise, en France, et concerne les déchets radioactifs du centre expérimental de Cadarache. Dans le numéro 190 (février 2011) de sa revue Contrôle, l’Autorité de Sûreté Nucléaire écrit (c’est nous qui soulignons) : « Depuis l’implantation des premières installations nucléaires en France dans les années 60, la stratégie d’entreposage et de stockage des déchets nucléaires a évolué. Ainsi, certaines installations dédiées initialement au stockage définitif ont pu voir, au travers des avancées techniques et l’évolution de la politique dans le domaine, leur statut changer pour être considérées comme des zones d’entreposage temporaire. Aujourd’hui, à la demande de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), ces installations qui ne répondent plus aux exigences de sûreté actuelles sont en voie de désentreposage et les déchets sont transférés vers de nouvelles zones d’entreposage dans l’attente d’un transfert vers les exutoires finaux. » La dialectique est très simple, mais pourquoi compliquer les choses si cette vision de la technologie qui progresse avec le temps se révèle la plus efficace des propagandes ?
Pourtant, lorsque l’article rentre dans les détails, on croit lire une mauvaise fiction : « Le stockage en tranchées avait fait l’objet d’études préliminaires sur maquette in situ […]. Chaque tranchée consistait en un volume trapézoïdal d’environ 5 mètres de profondeur, 40 mètres de long et 10 mètres de large. Creusées en pleine terre avec un fond recouvert uniquement d’une couche de gravier d’une dizaine de centimètres d’épaisseur, ces tranchées étaient remplies avec des déchets technologiques et des déchets de procédés, déclarés au moment de leur enfouissement comme “de faible activité” par les installations nucléaires d’origine (photo).

Elles étaient ensuite comblées et recouvertes par de la terre précédemment enlevée. Les déchets radioactifs les plus superficiels étaient à environ un mètre de la surface du sol et recouverts d’un remblai en forme de dôme d’au moins 1 mètre d’épaisseur. »
À ce stade de la lecture, l’on a du mal à imaginer l’inconscience des concepteurs, d’autant que, continue l’ASN, « ce mode de stockage a été utilisé jusqu’en 1974 », que « l’assainissement de ces tranchées […] nécessite aujourd’hui d’importants moyens techniques » et que « la nature des déchets entreposés, la traçabilité des déchets stockés dans ces tranchées était à l’époque bien moindre
que celle exigée aujourd’hui par l’ASN. Ainsi, la nature, l’activité, le conditionnement et le volume de ces déchets sont entachés d’incertitudes qui sont susceptibles de générer des difficultés pour la reprise de ces déchets. De plus, du fait que ces tranchées avaient initialement pour vocation le stockage définitif, les conditions d’entreposage (enfouissement en pleine terre ; conditionnement des déchets ni bloqués ni enrobés) n’avaient pas été conçues pour faciliter la reprise des déchets. […] Le stockage de ces déchets a ainsi entraîné au fil du temps la contamination d’un volume de terre au contact des déchets que le CEA estime à 3000 m3 environ », ce qui finalement est très peu mais il ne s’agit pas là de minimiser le problème ; le but est de déplacer l’attention du lecteur, car la véritable « catastrophe » dans ce stockage aberrant de déchets radioactifs consiste plutôt dans l’absence totale de prise en compte du risque à l’origine. Et voici comment le nucléocrate retourne la situation et l’emporte par K.-O. technologique : « L’ASN exige que les exploitants assument leur responsabilité première et mettent en place une gestion sûre, rigoureuse et transparente de tous les déchets. Ils doivent donc effectuer les opérations nécessaires afin de rendre les déchets compatibles avec les spécifications d’accueil des installations de traitement, d’entreposage et de stockage existantes. »
Le dernier mot est essentiel, à Cadarache comme à Fukushima : les administrateurs du désastre se présentent d’emblée comme les seuls capables de mettre en œuvre tout ce qu’il y a de mieux au moment actuel selon les technologies existantes. Le catastrophiste devrait être comblé, puisque le nucléocrate l’affirme : la catastrophe est possible (c’est aussi ce que dit le catastrophiste) et nous mettons absolument tout en œuvre pour l’éviter (ce qui ne peut que réjouir le catastrophiste qui prétend ne pas être suicidaire et ne vouloir qu’alerter…). La supériorité éminente du nucléocrate sur le catastrophiste ne fait aucun doute ; elle est rhétorique et concrète, immédiate, et surtout politique. Elle découle de la place même à laquelle le catastrophiste place la perspective funeste : au cœur même de son discours politique. Or, la logique de la nucléocratie est, dans ce monde-ci avec ces règles-ci, incontestable, et l’on peut perdre sa vie militante à la contester, l’on se trompera de cible. Tout cela parce que le fond du problème n’aura pas été pris en considération.

En effet, la possible catastrophe n’est pas le problème ; elle n’en est que l’une des manifestations plausibles. L’on ne peut être écologiste sans être « politique ». L’écologie est une politique, globale au sens où elle prend en compte l’ensemble des données, culturelles, sociales, humaines, éthiques, en tout cas tout ce qui relève de la vie en premier lieu, et elle considère tout le reste, en gros ce qui appartient à l’économie et à la technologie, comme second. Or, chaque jour, trente mille personnes meurent de faim, et cela a un sens politique profond. La faim dans le monde tue environ dix millions de personnes par an, soit environ un être humain sur dix ! C’est énorme. Et cette donnée est politique avant tout. Elle est sociale, humaine ; elle a des implications éthiques ; son absence dans notre imaginaire planétaire est en soi une donnée culturelle fondamentale car cela prouve que nous pouvons tout à fait vivre alors qu’un dixième d’entre nous mourront de faim dans un monde prétendument d’abondance.
Fukushima relève de la politique, de l’économie, de la technologie, et d’un coup, d’un seul, cette catastrophe – car c’en est une, sans contestation possible – acquiert une dimension médiatique mondiale. C’est le spectacle dans toute son horreur, qui nous montre du vrai pour détourner notre regard du « encore-plus-vrai » : aujourd’hui, alors que le Japon est détruit par des catastrophes qui n’ont rien de naturel, des millions d’êtres humains sont directement menacés par la catastrophe majeure de l’ère capitaliste, la paupérisation absolue d’une part importante de l’humanité, qui se traduit d’abord par l’incapacité de les nourrir. Nos adversaires – et ce ne sont plus les seuls nucléocrates, mais tous les partisans d’un système de production inégalitaire et destructeur, les capitalistes pour les nommer – sont bien plus habiles que les catastrophistes. Ils savent imposer le débat exactement là où ils sont les plus forts. Et, à Fukushima, le catastrophiste est tombé dans le piège du nucléocrate.

Toute critique des « dérives » de la technologie sans une vision radicale et radicalement opposée au progrès technologique apportera de l’eau au moulin destructeur du capitalisme, car le fonctionnement même de celui-ci repose sur l’accumulation non seulement de moyens de production et de marchandises, mais aussi de destructions et même de catastrophes. Ni la Seconde Guerre mondiale ni aucune guerre n’ont troublé la marche du capitalisme vers sa domination globale et sans partage à l’ère actuelle. Qui donc oublie que le capitalisme était en pleine forme dans les années qui ont suivi 1945 ? Fukushima, malgré l’horreur de cette situation et le drame que vivent les Japonais, ne troublera pas davantage la marche de la technoscience vers sa domination sans partage de notre environnement. En ce sens, Three Mile Island, Tchernobyl et Fukushima, de même que la propagation des OGM sur cette planète, ne sont que l’image de la contamination de notre pensée par les catégories du Maître : la catastrophe maîtrisée – et la Seconde Guerre mondiale a débouché sur la « libération », qui est en dernière analyse la maîtrise de la folie guerrière – est le meilleur atout idéologique du Capital. On peut choisir de renforcer cet atout en criant au loup avec les loups et en ne regardant pas ce qu’est, au fond, la catastrophe réelle, ou alors en n’ayant pas le courage de la dénoncer. Car, dans un monde qui croit à ce point au développement, au confort, au progrès et à toutes les balivernes technologiques, c’est bien du courage plutôt que de l’inconscience qu’il faut pour proclamer que la catastrophe est quotidienne, qu’elle n’est pas un dommage collatéral du progrès ou du capitalisme mais son essence même.
Ce n’est pas la catastrophe qu’il s’agit d’éviter, c’est le système dont il nous faut sortir, et vite. Sortir du nucléaire ? Sortir du capitalisme, plutôt – donc en finir avec les guerres, les Fukushima, les Monsanto et la destruction de tant d’humanité, et le plus vite possible.

Philippe Godard, 16 mars 2011
Fondateur, en 1975, d’un mouvement écologique affilié à la Cité Fleurie, démissionnaire dès 1978 de ce qui dérivait déjà jusqu’à devenir plus tard « Les Verts », auteur du Dico de l’écologie (2006, De La Martinière Jeunesse) et d’OGM semences politiques (2008, Homnisphères).

Messages

  • "Les nucléocrates sont les véritables maîtres de la situation à tous les niveaux : ils sont à l’origine du progrès que certains tentent de remettre en question au moment d’une crise comme Fukushima – et donc, aux yeux des masses, ils sont ceux qui sont le plus à même de savoir ce qu’il faut faire pour conjurer le désastre."

    >> ils ne sont maîtres de rien du tout, ces ingénieurs des nécrotechnologies bardés de diplômes, et la meilleure façon d’éviter le désastre c’est de commencer par ne pas en produire les conditions.

    • Merci de votre remarque, et je voulais seulement dire qu’ils sont maîtres de ce qui apparaît. D’ailleurs, tout ce texte vise à démontrer qu’ils ne sont "maîtres" que de cela, mais le problème est que c’est bien cela le principal aujourd’hui, n’est-ce pas ? Toute la question est de savoir si la catastrophe "éclaire" ou obscurcit les jugements de tous, des peuples, et pas seulement des convaincus.

      On pourrait peut-être aussi ajouter que là, ces derniers jours, le nucléaire est plus ou moins remis en cause, assez fortement dans certains pays, moins dans d’autres. C’est bien, on ne peut que s’en réjouir si vraiment des centrales sont arrêtées, etc., mais dans un mois, dans six mois, l’actuel débat débouchera-t-il vraiment sur une décision ? Si la réponse est non, c’est qu’encore une fois les nucléocrates se seront montrés "maîtres du jeu", vous ne croyez pas ?

      Sinon, d’accord avec vous, bien sûr que la meilleure façon d’éviter le désastre est de ne pas en laisser les fondements s’installer...

  • L’écologie politique est inséparable de la lutte anticapitaliste.On peut être pour la défense de tout ce qui touche la nature, car nos vies en dépendent, ne pas être estampillé "Vert" et recevoir des leçons de gens beaucoup plus intégrés que nous, système qu’ils ne songent nullement à remettre en cause : Ils se font ainsi légitimer, instrumentaliser par leurs prétendus adversaires, ce qui a pour effet d’imposer sciemment le silence aux autres. Cohn Bendit en est un exemple désolant : la Droite et le Patronat l’apprécient, il est représentatif de ce côté folklorique et peu crédible qui accompagne les "catastrophistes."

  • Un texte intelligent auquel j’ajouterai cependant : "Sortir du patriarcat... le plus vite possible !!"

  • Exactement : sortir du capitalisme pour entrer dans une phase supérieure de développement social et humain.

    • J’ai un peu du mal avec ce texte mais en gros, Ce qui a été fait et fait et il est inutile de parler au passé. Ce qui devait arriver est arrivé . A l’heure actuel la critique et l’afolement ne sert a rien. Les gérants du monde on encore baclé leur boulot. Et donc si on leur dit que c’est la catastrophe, il vont se demerder pour prendre le role de superman qu’ils ont eux meme inventé. Puis il vont renomé les centrale nucléaire comme ils ont repeind le macdo en vert pour trouver exactement un contre-argument pour faire fermé le clapet a tous ces écolos frustrés.

  • L’écologie est une science avant tout (la "science de l’habitat"). L’écologisme en constitue une déviance politique. CQFD

    Votre article est long et sans intérêt ni fondement. Vous manquez malheureusement cruellement de base en écologie, c’est une évidence. Mais pas seulement, d’autres disciplines scientifiques sont survolées dans vos écrits. Je vous laisse le soin de les nommer.

    Quitte à faire une dissertation, ne vous trompe pas ni de thèses, ni d’antithèses ! De plus, un article bien construit cite ses sources. Pour citer vos sources, je vous renvoie aux fondamentaux communément utilisés dans la rédaction de travaux de recherche ou autres.

    L’Agence Française de NORmalisation a élaboré en 1987 la norme Z 44-005 pour la présentation des références bibliographiques. Elle est complétée en 1998 par la norme Z 44-005-2 qui concerne les documents électroniques. A une échelle internationale, ces normes correspondent à celles de l’International Organization for Standardization 690-1 et ISO 690-2.

    Votre article sera ainsi dûment argumenté, mais permettez-moi d’en douter.

    Ah oui... Une seule espèce sur Terre est capable de détruire son habitat (au sens scientifique) en toute conscience (ou inconscience, comme vous le souhaitez), je vous laisse deviner laquelle...

    • Cher Guarapita,

      Avant de donner des leçons sur la manière dont on doit agencer un texte, il vous est vivement conseillé de revoir votre expression et votre orthographe. Que vous trouviez ce texte sans fondements et sans intérêts laisse bien supposer, tout comme votre syntaxe, que vous éprouvez quelques peines à bien réfléchir. Je suis désolé de me montrer aussi impitoyable avec vous. Mais votre intervention n’amène rien alors que le texte de Philippe Godard est manifestement intelligent. Son point de vue est d’ailleurs partagé par René Riesel et le regretté Jaime Semprun, alors que votre leçon frise avec l’infantilisme et la jalousie....

  • J’ose espérer que notre Amie Guarapita ne trouvera pas ce texte-discutable ô combien- de l’Ami ZIN trop mal construit..
    Tiré de :

    « La haine de la pensée - Sortir du capitalisme »

    Qu’est-ce que l’écologie politique ?

    Par Jean Zin le Jeudi, 21 janvier 2010, 12:00

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    http://jeanzin.fr/index.php?post/2010/01/21/Qu-est-ce-que-l-ecologie-politique

    La question de la nature de l’écologie-politique se pose du fait qu’il s’agit d’un mouvement émergent, se constituant en réaction à des questions concrètes, et non de l’application d’une doctrine préalable. On peut dire que son corps de doctrine, encore très disputé, s’est constitué en marchant, ce qui justifie l’approche historique en général adoptée.

    L’inconvénient de cette approche est cependant de ne pouvoir sortir tout-à-fait de la confusion initiale, notamment de la religiosité, du romantisme et du volontarisme dont l’écologie-politique a tant de peine à se débarrasser, réduite à une aspiration morale, à une pure question de valeurs, un désir d’harmonie sinon d’amour des hommes et des bêtes, au lieu d’une responsabilité incontournable qui en fait plutôt un enjeu cognitif vital. Il ne s’agit pas, en effet, dans la prise en compte des contraintes écologiques de préférences personnelles : sur ce plan, on n’a pas le choix ! La réduction de l’écologie-politique à l’amour de la nature est à la fois inévitable historiquement et intenable pratiquement. Il faut l’affirmer haut et fort, on n’a pas besoin de faire de sentimentalisme pour prendre l’écologie-politique au sérieux, notamment sa dimension politique qui introduit dès lors la division entre les écologistes qu’on ne peut absolument pas rassembler en un seul courant qui irait de l’écologie profonde à l’écologie sociale.

    Il y a nécessité d’un retour au réel et d’une définition plus conceptuelle et critique de l’écologie-politique comme nouveau stade cognitif, celui de la post-modernité et de l’unification du monde dont on est devenu responsables (jusqu’au climat à l’ère de l’anthropocène), avec toutes les implications pour la politique de la prise en compte des enjeux écologiques. Dans ce cadre, et comme son nom composé l’indique, l’écologie-politique doit intégrer la contradiction entre nature et culture (campagne et ville), posant des limites aux possibles, à nos capacités techniques de transformation du monde comme de nous-mêmes, mais il est bien question d’intelligence collective à construire et non de conversion des âmes, il est question de projet politique et non de morale.

    Les divisions entre écologistes

    Notre époque en quête de nouvelles spiritualités est imprégnée, depuis le mouvement hippie au moins, d’une idéologie écolo très naïve mais qui a toutes les raisons de perdurer auprès des jeunes urbains. Dès lors, les écologistes sont invariablement identifiés à ce retour à la nature de sortes de boy scouts sympathiques, pour ce que j’en ai connu, mais qui restent pourtant plus que marginaux. Le terme de nature est d’ailleurs très ambigu car il ne s’agit pas bien sûr d’un retour à l’animalité mais tout au plus d’un retour à la terre et à la culture. Le terme important ici, c’est le « retour », car les époques peuvent varier considérablement, au lieu de se projeter vers l’avenir. Même quand les écologistes paraissent plus raisonnables, on leur imputera donc au moins une forme ou une autre de primitivisme ou de régression. Il n’est certes pas si facile de s’en défaire quand on prétend défendre notre "monde vécu" ou quelque nature originaire, l’indispensable critique de la technique et du progrès glissant facilement à la technophobie comme au conservatisme le plus réactionnaire.

    Pendant que les gentils écolos occupent héroïquement la scène, on voit arriver en coulisse une toute autre écologie en costard cravate, plus du tout utopique celle-là, et plutôt technophile, celle du capitalisme vert engagé dans un nouveau cycle de croissance avec le développement des énergies renouvelables notamment. Ces divergences, on ne peut plus manifestes, prouvent au moins que l’écologie ne se réduit pas à ce que ses différents protagonistes en font, mais, dans les deux cas, elles témoignent surtout de l’absence de la dimension politique dans ces approches spirituelles ou marchandes.

    L’écologie-politique ne peut se limiter à l’environnementalisme au moins parce qu’elle est supposée remonter aux causes (humaines) et adopter un point de vue global (collectif), mais avant tout à cause de l’enjeu politique qui a été souligné par André Gorz dans son texte inaugural "leur écologie et la nôtre" que nous avions mis en exergue du premier EcoRev’. Non seulement ce texte introduit la division dans l’écologie, en particulier avec l’opposition à l’expertocratie, mais il se situe clairement dans la continuité des luttes d’émancipation et dans le camp de l’anti-capitalisme. Avec de grandes différences toutefois, qu’on peut caractériser comme post-totalitaires, le paradigme écologiste valorisant notamment la diversité (les minorités), la décentralisation, le local dans une dialectique local/global, individu/société, à rebours des idéologies collectivistes précédentes, tout comme des idéologies individualistes d’ailleurs.

    On ne peut nier l’existence de luttes politiques dans l’écologie et donc la dimension véritablement politique de l’écologie, loin du « ni droite, ni gauche » et de l’apolitisme supposé de l’intérêt général. Il y a bien une opposition frontale entre différentes tendances de l’écologie qui sont largement incompatibles et dont il faut expliciter les divergences qui sont loin d’être claires pour tout le monde puisqu’on essaie de les concilier alors qu’elles sont fondamentalement contradictoires dans leur conception même de la liberté. Comme toujours en politique, c’est effectivement notre liberté qui est en jeu dans cette politisation de l’écologie, raison pour laquelle, dès 1993, en préalable à mon engagement écologiste, j’avais cru devoir distinguer explicitement les écologistes en fonction de la place donnée à la liberté : 1) les fondamentalistes ou écologistes de droite qui défendent les lois de la nature, les hiérarchies naturelles, et pour qui la liberté humaine représente le mal contre lequel il faut se prémunir, 2) les environnementalistes centristes ou libéraux qui défendent la qualité de la vie et les produits écologiques mais pour qui la liberté est instrumentalisée, ravalée au rang de moyen pour le marché. 3) la véritable écologie-politique comme prise en charge par le politique des effets globaux de nos actions en vu de renforcer notre auto-nomie (nous donner nos propres règles avant d’y être contraints matériellement).

    Dans la continuité des luttes sociales, c’est la conscience de notre solidarité globale tout comme de nos limites, constituant indubitablement un progrès de la raison. Cette fois la liberté est un projet collectif d’émancipation, le passage de l’histoire subie à l’histoire conçue, tournée vers l’avenir et sa préservation.

    On ne peut surestimer ce qui oppose ces différentes écologies puisqu’il y a une complicité avérée de l’écologie avec le libéralisme le plus brutal, ce qu’on a appelé improprement le "darwinisme social" (Defoe, Malthus, Spencer, etc.) jusqu’à l’ordre spontané néolibéral. On sait aussi jusqu’à quelles extrémités ont pu mener d’autres sortes de "darwinisme", biologisme, hygiénisme, etc., que ce soit le racisme nazi obsédé par son espace vital ou un pétainisme pour qui la terre ne ment pas. Un "philosophe" médiatique très ignorant a même cru pouvoir identifier l’écologie à ces tendances d’extrême-droite qui représentent pourtant un courant très minoritaire en tant que tel aujourd’hui mais dont on ne peut nier l’existence pour autant, imprégnant comme naturellement les discours écologistes les plus naïfs, sans parler du catastrophisme appelant des pouvoirs autoritaires et le règne de la technocratie. Pour défendre la vie, tout est permis ! Il ne peut être question bien sûr de se mélanger avec des idéologies tellement contraires à nos objectifs.

    La défense de la vie revendiquée par beaucoup d’écologistes n’a, en effet, aucun sens, ni même la survie de l’espèce humaine qui ne sont pas en cause en dehors d’une catastrophe cosmique. Ce n’est pas à ce niveau absolu que les questions se posent. Nous avons les moyens de vivre dans l’espace, il y aura donc au moins des petits groupes qui survivront dans les pires conditions. Défendre la vie humaine a certes un sens, c’est celui des droits de l’homme mais il n’est pas forcément écologiste. La question de la survie est bien posée pour certains (Bangladesh, petites îles, pauvres en général, etc.) mais l’écologie ne peut se limiter à empêcher toute une série de catastrophes ni se limiter à la survie comme si la vie était désirable à n’importe quel prix. La conscience des risques est bien ce qui nous oblige à devenir écologistes mais cela ne suffit pas à donner son contenu à une écologie-politique

    .
    Pour une écologie-politique

    Rien de commun entre une écologie-politique responsable tournée vers l’avenir et les nostalgies d’une nature perdue. Mais alors, si on est en si mauvaise compagnie, pourquoi donc garder le nom d’écologie, demandera-t-on ? C’est qu’on ne peut absolument pas abandonner aux idéologies régressives le terrain de l’écologie qui est central, non seulement par les menaces auxquelles il faut faire face mais tout autant par la notion d’écosystème qui change nos façons de penser la complexité du vivant. La seule chose qui réunit ces différents écologistes, c’est effectivement la conscience des problèmes écologiques, quoiqu’avec des diagnostics assez éloignés : tout est là, la vérité n’est pas donnée et les convictions sont diverses, souvent affirmées avec d’autant plus de force qu’on n’y connaît finalement pas grand chose ! Les réponses apportées sont en tout cas très éloignées, même si l’attention portée aux écosystèmes impose un certain nombre de faits et de mécanismes participant d’un nouveau paradigme, cognitif bien plus que moral, modifiant nos conceptions, notre compréhension du monde plus que nos valeurs.

    Le terme écologie a été forgé par Haeckel en 1866, à partir du grec oikos et logos, pour désigner l’étude des habitats naturels des espèces vivantes. En effet oikos, qu’on retrouve dans économie, signifie habitat. Ce qui oppose l’éco-nomie domestique à l’éco-logie, c’est que l’économie calcule alors que l’écologie relie, l’une est quantitative quand l’autre est qualitative. L’économie est la science des équivalences alors que l’écologie est la science des différences et des complémentarités (sexuelles, alimentaires, etc.), l’économie réduit tout à l’individu alors que l’écologie réinscrit les corps dans leurs interdépendances mutuelles et leur relation à l’environnement global (à l’écosystème)

    . L’écologie est d’une certaine façon la réfutation de l’économie, sa critique radicale comme pure abstraction mathématique, la réintégration du temps long et des cycles naturels dans la productivité immédiate et les calculs d’intérêt à courte vue.

    Ce qui distingue radicalement l’écologie-politique d’un simple écosystème cependant, c’est d’y introduire, avec la dimension politique, la finalité d’une régulation des équilibres et des cycles biologiques, finalité dont un écosystème est dépourvu n’étant pas un organisme. Les régulations écologiques de notre industrie manquent en effet cruellement, c’est pour cela qu’il faut les créer. Il ne s’agit pas de laisser-faire de soi-disant lois de la nature qu’on a au moins très fortement perturbées ! Au contraire, nous devenons désormais responsables du climat, qu’on le veuille ou non.

    L’écologie-politique se définit par la conscience de notre environnement et de nos interdépendances, conscience de notre appartenance à des écosystèmes que nous ne devons pas détruire, conscience de notre empreinte écologique et volonté non seulement de sauvegarder nos conditions de vie mais d’améliorer la qualité de la vie, toutes choses qui ne sont pas données et dépendent d’un débat politique sans avoir la simplicité de l’évidence.

    En fait, on peut dire que l’écologie-politique comme affirmation de nos solidarités et responsabilité du monde, transforme d’une certaine façon la biosphère en organisme vivant dont nous constituerions désormais le système nerveux ainsi que le système immunitaire. Bien sûr le "Nous" ici fait question, il n’est pas sûr que nous en fassions partie. En tout cas, cela va bien au-delà de la survie et des catastrophes qu’il faudra éviter, posant la question du qualitatif qui est une question politique en tant qu’elle dépend du subjectif, c’est-à-dire du vivant dans son indétermination et sa diversité intrinsèque.

    Ce qui fait la nouveauté de l’écologie-politique, la préservation de l’avenir et le fait d’assumer la responsabilité collective de nos actes, correspond assez bien à ce que Hegel appelle « le passage de l’histoire subie à l’histoire conçue ».

    J’assume le gras.
    Je ne partage pas certaines analyses, à mon sens "oublieuses" de quelques rappels de fondamentaux marxistes, mais j’estime que ce papier est utile à la réflexion

    A.C

    • Je vous remercie de votre intérêt. Cependant, je n’ai aucune affinité avec les "écolos" verdâtres (l’écologisme capitaliste ne m’intéresse pas) que nous avons coutume de côtoyer au quotidien. Je fais seulement dans l’Écologie. Et à mon grand malheur, je connais aussi le temps qu’il faut pour ne serait-ce qu’avoir des bases dans cette discipline scientifique.

      De ce qui découle de nos logiques d’occidentaux omniscients, la passerelle entre savoir et être ne persiste encore qu’à travers la discipline transversale de l’ethnosociobiologie. Je vous souhaite bonne chance pour croiser un spécialiste en la matière.

      Je ne suis pas verte, mais carrément rouge.

      Bien à vous.

    • De ce qui découle de nos logiques d’occidentaux omniscients, la passerelle entre savoir et être ne persiste encore qu’à travers la discipline transversale de l’ethnosociobiologie

      Et vice ...vers ça..

      c’est d’ailleurs ce qu’un copain, intellectuel lui aussi, me déclarait hier soir en débilitronnant" votre remarque
      Que j’avoue ne pas "comprendre" très bien le Bac moins un constituant le hndicap majeur de la Lutte des classes.

      Fukushima, le seau de mayonnaise et le rétroprojecteur
      Le mercredi 16 mars 2011 par ogur

      EN REPONSE AU COMMENTAIRE

      Fukushima, le miaulement de chat et le berlingot

      Le jeudi 17 mars 2011 par ogur

      Je vous remercie de votre sthétoscope. Cependant, je n’ai aucune affinité avec les "mégots" verdâtres (l’écologisme capitaliste ne m’intéresse pas) que nous aboyons coutume de tabasser au velux. Je fais seulement dans tectonique des plaques. Et à mon grand malheur, je connais aussi le temps qu’il faut pour ne serait-ce qu’avoir des gardes du corps dans cette verrue sporadique.
      De ce qui découle de nos exercices isométriques d’occidentaux omniscients, la face de truie entre savoir et être ne persiste encore qu’à travers la soupe rance transversale d’embolie.

      ref :

      http://www.debilitron.com/debilitage/debilit.php?surmouche=debiliter&force=1&target=http%3A%2F%2Fbellaciao.org%2Ffr%2Fspip.php%3Fpage%3Dforum%26id_article%3D114929%26id_forum%3D435904

    • Je relaye le message que me fait passer mon camarade Patrick Quillateau. Vous y verrez, ce qui est toujours à l’oeuvre, les représentants de la puissance de l’argent compromis avec la théorie du risque, qui n’est plus à ce jour une "théorie", mais bel et bien un holocauste. La théorie du risque a été élaborée, en France, par François Ewald, pour le compte du MEDEF, et sur ces bases Chirac puis Sarkozy ont fait campagne et remporté l’élection, entraînant, dans le sillage du G20, la totalité de la société française dans cette nouvelle idéologie. La théorie du risque dans sa pratique, se distingue du nazisme, parce qu’elle ne distingue pas les juifs des Gentils, mais elle est pratiquement d’une nuisance criminelle qui dépasse l’efficacité nazie. Le wahfen SS est avantageusement remplacé par la très rassurante bourgeoisie conventionnelle du CEA et de la Société Française d’Energie nucléaire. Pour en arriver à telles extrêmités, c’est à dire au triomphe de la suffisance technique et scientifique au seul profit de la société marchande, sa bienséance, son arrogance, son assurance, n’ont pu avoir pour sous bassements psychologiques qu’un profond mépris du vivant, qui dans les temps de crise, en persistant, sans jamais se dénier, avère sur des cadavres, sa haine profonde du vivant. Tout devient à présent plus clair. L’un des fleurons de l’expression nazie était niemand gleich (plus personne). Plus personne, c’est pratiquement ce qu’est en train de réussir le monde du G20. Selon certains historiens, « Nacht und Nebel » serait une interprétation surajoutée (éventuellement par les nazis eux-mêmes) à l’abréviation NN de Nomen Nescio (latin signifiant « je ne connais pas le nom »), utilisée en allemand (et en néerlandais) pour désigner une personne qu’on ne veut pas ou ne peut pas nommer.

      Le message de Patrick :
      Voici la vidéo de l’émission "C dans l’Air" (France 5) du 20 juillet 2007, juste après le séisme du 16 juillet 2007 qui avait frappé le Japon et endommagé la centrale nucléaire de Kashiwasaki.
      Une vidéo édifiante : la catastrophe nucléaire japonaise annoncée à l’avance. Nos experts pro - nucléaires étaient pourtant très rassurants, formidables … mais quand on voit ce qui se passe actuellement et ce qu’on nous dévoilera dans quelques temps… on en rigolerait si ce n’était pas si triste.
      http://www.lepost.fr/article/2011/03/17/2437145_une-video-edifiante-la-catastrophe-nucleaire-au-japon-annoncee-a-l-avance.html
      Pas la peine de tout regarder, quelques minutes donnent le ton !